Lidl : une bouteille de vin vendue 1 centime provoque l’indignation
En plein mois de décembre, une scène repérée dans un magasin Lidl a déclenché une vive réaction sur le terrain.
Dans l’Hérault, des professionnels de la vigne dénoncent un affichage qui, selon eux, risque de brouiller durablement la perception des prix du vin.
Un rayon qui met le feu aux poudres
Tout commence dans un magasin Lidl, à Sérignan. Où des vignerons locaux tombent sur une étiquette qui les laisse sans voix. Sur place, une bouteille de Côtes-de-Gascogne attire l’attention, non pas pour son millésime ou sa robe. Mais pour un affichage en promotion jugé totalement hors-sol.
Le produit en question n’est pas présenté comme une rareté ou une offre ponctuelle à décrypter. Au contraire, c’est précisément le caractère “banal” de la scène, un rayon vin comme un autre, qui rend la découverte d’autant plus explosive. Pour les viticulteurs, un prix affiché trop bas ne se résume pas à une promotion agressive : c’est un signal envoyé au public, potentiellement durable, et difficile à corriger une fois qu’il a circulé.
Les faits se déroulent en début de semaine. Surpris, les viticulteurs font remonter l’information à la FDSEA, qui décide d’intervenir. Le dossier arrive notamment jusqu’à Jean-Pascal Pelagatti, coresponsable du syndicat dans le département, qui demande des explications à l’enseigne.
Entre “promo” et “erreur” : deux versions qui s’affrontent
Au départ, l’épisode est perçu comme une opération commerciale. C’est en tout cas l’impression qui domine dans les premières réactions, tant le décalage est grand entre un prix habituel et un affichage de “promotion” qui semble défier toute logique.
Rapidement, l’enseigne change de ligne et parle d’erreur d’étiquetage. Une nuance importante, parce qu’elle transforme la polémique en incident technique, plutôt qu’en stratégie commerciale assumée. Mais sur le terrain, cette explication ne suffit pas à apaiser les tensions.
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Ce détail que peu de gens connaissent, c’est à quel point un simple affichage en rayon peut avoir un impact psychologique immédiat. Dans l’esprit de nombreux clients, ce qui est vu sur une étiquette devient une référence. Et dans un contexte où la filière viticole “bat actuellement de l’aile”, selon les mots rapportés par le responsable syndical, la crainte est de voir s’installer une forme de comparaison permanente au détriment des producteurs.
Le nerf de la guerre : la perception des prix par les consommateurs
La colère ne porte pas uniquement sur un produit, ni même sur une seule journée. Elle porte sur l’idée que les consommateurs pourraient finir par intégrer qu’une bouteille “peut se vendre” à un tarif quasi nul. Et, par ricochet, en venir à soupçonner qu’un vin vendu quelques euros serait “une arnaque”.
Dans l’argumentaire relayé, l’enjeu est donc moins la perte financière immédiate que le risque de confusion durable. Les viticulteurs redoutent une normalisation mentale des prix très bas, qui fragilise encore davantage la valeur perçue du travail derrière une bouteille.
Dans cette lecture, l’épisode arrive comme un symbole, au pire moment. Car quand la filière souffre, tout ce qui ressemble à une dévalorisation publique des produits peut être vécu comme une provocation, même si l’enseigne assure qu’il n’y avait pas d’intention commerciale derrière.
La réponse de l’enseigne, racontée étape par étape
Contactée par Le Figaro, l’enseigne explique que le produit n’aurait pas dû se retrouver en rayon. Elle décrit un processus interne où, lorsqu’un stock doit être sorti du magasin, le prix est “passé à 0 euro” à distance. C’est précisément dans cette mécanique que se serait glissée une défaillance.
Selon cette version, les “affichages” étant réalisés à distance, l’étape suivante — la mise en rayon — aurait été effectuée par erreur, alors même que le stock devait être retiré. Après le signalement de la FDSEA, Lidl affirme avoir immédiatement retiré le produit.
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Sur le papier, l’explication se veut rationnelle : un enchaînement de procédures, une action à distance, puis une erreur humaine au moment de placer la marchandise. Mais du côté des viticulteurs, la question posée reste la même : comment une étiquette aussi problématique peut-elle exister, ne serait-ce que quelques heures, sans déclencher d’alerte interne ?
Quand la filière viticole est déjà sous tension, le moindre signal compte
Dans l’Hérault comme ailleurs, beaucoup de vignerons traversent une période où chaque euro pèse lourd. Dans ce contexte, un affichage en rayon n’est pas perçu comme un simple détail technique, mais comme un message envoyé au public.
Ce qui inquiète surtout, c’est l’effet “trace” : une photo qui circule, une capture d’écran partagée, et l’idée s’installe. Même si l’erreur est corrigée vite, l’image d’un vin “bradé” peut rester dans les têtes plus longtemps que la rectification.
Le vrai risque, selon les viticulteurs : casser la valeur perçue du vin
Pour les professionnels, la bataille n’est pas seulement celle du prix, mais celle de la confiance. Si un consommateur voit un tarif aberrant, il peut finir par douter du prix normal, voire se demander si le reste du rayon n’est pas “gonflé”.
Cette crainte est d’autant plus forte que le vin est un produit chargé de symboles : travail agricole, coût de production, aléas climatiques, et identité locale. Quand la valeur perçue vacille, ce sont toutes les bouteilles, même celles vendues correctement, qui peuvent en subir les conséquences.
Une menace de mobilisation et une surveillance annoncée
Les viticulteurs ne cachent pas non plus leur frustration face à ce qu’ils considèrent comme une “solution” inadaptée. Dans les propos rapportés, Jean-Pascal Pelagatti estime qu’il existait d’autres manières de gérer un déstockage sans abîmer l’image du vin.
Il cite notamment l’idée d’une opération type “carton offert pour un acheté” ou encore la possibilité de donner les bouteilles aux Restos du Cœur. Derrière ces exemples, un message : déstocker, oui, mais sans afficher un tarif qui donne l’impression que le produit ne vaut plus rien.
Le syndicat prévient qu’une mobilisation pourrait avoir lieu si une “nouvelle erreur” se reproduisait. Et surtout, les membres de la FDSEA annoncent qu’ils vont surveiller les supermarchés de l’enseigne dans le département dans les prochains jours, pour vérifier que l’étiquette ne réapparaisse pas ailleurs.
Et c’est là que se trouve la donnée qui a mis le feu aux poudres : dans ce Lidl de Sérignan, la bouteille de rosé vendue habituellement 2,99 € était affichée en promotion à… 0,01 €, soit un centime d’euro.