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Tous musclés sur Arte : la musculation, plus qu’un moyen d’entretenir notre santé, une marque de notre société hyper-contrôlée !

Publié par Salomee le 10 Mai 2020 à 17:33

Notre société regorge de contrariétés, d’injonctions notamment sur l’apparence physique. Le sport a une place primordiale et apporte des bienfaits incontestables à notre santé mentale et physique. À côté, la musculation donne la marche à suivre pour entrer dans les codes d’une société basée sur le physique, le contrôle et la perfection. 

Arte a diffusé un documentaire, composé de 10 épisodes s’intéressant au culte de la musculation, son histoire et les raisons cachées derrière ce phénomène grandissant qu’est le sport comme vecteur d’une véritable société de contrôle de soi. En effet, de plus en plus de youtubeurs, bloggeurs s’intéressent à ce domaine. Les coachs sportifs sont devenus des rouages essentiels de notre société. Le cinéma, les réseaux sociaux, les séries, les médias démontrent des corps scultés, saillants, auxquels la population s’identifie. Mais pourquoi faisons-nous du sport ? Pour entretenir notre santé ? Ou entrer dans les codes d’une société « Tous musclés » .

À côté, le confinement est une période propice à la montée de ce culte du corps. Beaucoup plus de personnes profitent de ce temps pour entretenir leur physique et entrer dans le moule de cette société hyper-musclée. À côté, certaines individus influents dénoncent cette emprise de la musculation, pour démontrer qu’un corps, non musclé, a sa place dans la société et ne devrait pas être dévalorisé ou pointé du doigt. Sans vouloir délégitimer les bénéfices du sport sur la santé, c’est les effets de cette recherche d’une musculation excessive qui nous intéressent et dont il est important de rendre compte.

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La mise en images de ce culte de la musculation

Le documentaire « Tous musclés » , diffusé par Arte, s’est retrouvé numéro #1 des tendances Youtube, une première pour la chaîne documentaire. En effet, le confinement est propice au recentrage sur soi-même. De plus en plus de personnes tentent de reprendre « leur santé en main » , en mangeant sainement et en faisant du sport régulièrement. Mais plus que la santé, c’est le corps et l’apparence physique renvoyée qui importent. En effet, ce documentaire bat les records d’audience à cause de l‘intérêt grandissant des individus pour le sport et les transformations physiques qu’il apporte.

La vidéo du jour

Via ce culte des muscles, les individus cherchent à reproduire un corps parfait, source de gloire, de fantasme et de fascination. Comme le confirme ce documentaire, « les muscles n’ont jamais été aussi visibles que depuis qu’on n’a plus besoin d’eux » . Le muscle est une métaphore de nos sociétés, obnubilées par « l’obsession du contrôle et de la rentabilité » .

Avec l’arrivée des réseaux sociaux, ce culte du muscle et du corps « parfait » n’a jamais été aussi puissant. En effet, les femmes cherchent à ressembler à des influenceuses aux corps scultés, qui entrent dans les codes d’acceptation de la société contemporaine. À côté, elles subissent des injonctions contraires leur empêchant d’être trop musclées, car renvoyant à un côté trop masculin, très peu accepté dans nos nations genrées. Les hommes cherchent, de leur côté, à prouver leur virilité via la musculature, afin d’incarner l’homme guerrier, signe de puissance et de domination. Ironiquement, cette musculature saillante masculine est vite devenue l’emblème des premiers magazines homosexuels de l’époque.

Plus qu’une apparence physique, les muscles semblent devenir la vitrine de votre confiance intérieure !

Les muscles, une métaphore de l’obsession du contrôle

Dans notre société actuelle, la confiance en soi règne en maître. Une faille dans cette confiance vous rabaisse et vous classe à un rang inférieur. Le corps transpire notre état d’esprit. Mais pourquoi un corps plus que musclé démontrerait une confiance plus élevée qu’un corps dans lequel on se sent tout simplement épanoui(e) ?

Il faut être productif, responsable et se rationaliser. Comme l’explique très bien le documentaire d’Arte, un corps « entretenu » permettrait de se faire respecter.

Dans nos sociétés capitalistes, le résultat est primordial. Il est nécessaire d’atteindre toujours plus de rentabilité, de gagner toujours plus de nouveaux clients, de conquérir un marché encore plus vaste, de voyager dans l’espace grâce à l’argent qu’on a gagné en suant. Dans une société où l’intellect humain est valorisé comme exploité, le corps doit suivre la cadence en devenant une sorte de vitrine de cette détermination intérieure. En effet, les modèles inspirants sont devenus de plus en plus musclés, les acteurs, mannequins et toutes personnes exposées ont dû suivre le mouvement et prouver que leur physique était à la hauteur de leur magnificence d’esprit.

Influençants des millions d’individus, ces icônes ont déclenché un phénomène de grande ampleur autour du muscle. Souvent réputées pour leur talent, leurs corps leur permettraient d’incarner enfin cette perfection, tant recherchée !

Aux États-Unis particulièrement, le sport n’est pas un loisir, il est un travail dans lequel il faut performer. Mais performer pour quoi ? Pour tous se ressembler les uns les autres? Pour garder une santé de fer ? Ou, pour ne pas se sentir exclu(e) de la société ?

La santé dans tout ça ?

Il est certain que l’obésité, observable par une large corpulence, engendre de sérieux problèmes de santé. Résultant d’un ensemble de causes comme une mauvaise alimentation et une mauvaise dépense énergétique des calories, elle a des conséquences dramatiques pour la santé. Le sport est donc incontestablement un vecteur d’entretien de l’hygiène de vie et permet de combattre les problèmes liés à la sédentarisation de la société.

Mais à côté, l’essor considérable de la performance sportive excessive fait naître des complications physiques et mentales. Lorsque le sport a démontré ses effets positifs sur la santé, une prise de conscience s’est alors opérée. Face à la pratique excessive du sport, certains médecins ont tiré la sonnette d’alarme.

Selon Sciences Humaines, le sport provoquerait la mort brutale de 1500 sportifs par an. À côté, nombre d’entres eux connaissent des fractures de fatigue ou encore des problèmes d’arthrose, relativement jeunes. En plus de perturber les hormones, une grande pratique du sport peut entraîner des burn-out, engendrés par une stimulation trop récurrente des hormones du stress.

Le sport, dont la musculation fait partie intégrante, permet d’entretenir le corps et de lutter contre certains problèmes. Mais, la pratique dans le seul but de ressembler à des modèles sur-musclés n’aurait pas les bénéfices escomptés. Le culte du muscle répond donc simplement à une tendance sociétale, qu’il est impératif de dénoncer.

Des mouvements de lutte contre cette injonction du corps musclé !

De plus en plus de personnes pointent du doigt ces injonctions imposées par la société : être musclé(e), beau/belle, épilé(e) . Ces dictas fondent une nation contrôlée par l’apparence physique. Chaque personne devrait pouvoir se sentir bien dans sa peau. Et cela passe d’abord par l’acceptation de chacun dans la société. Or, ce n’est pas encore le cas. Notre société force, accable, critique, compare. Basée sur l’apparence physique, elle rend coupable.

De plus en plus d’influenceurs/ceuses, personnalités publiques tentent de casser ces codes dangereux. Sur les réseaux sociaux, nombre d’entre-eux démocratisent ce qu’on appelle les photos « instagram vs réalité » , prouvant l’effort considérable et les faux-semblants diffusés sur les plateformes en ligne. À côté, les rondeurs sont de plus en plus mises en lumière, intégrées peu à peu aux défilés de mode par exemple ou dans les publicités. Ces mouvements permettent de sensibiliser les individus sur la diversité des corps et physiques, afin de mieux les accepter et les respecter. 

Bien que le sport représente un moyen essentiel pour entretenir notre santé, il ne devrait pas être source d’excès, de convoitise, de comparaison, d’écrasement de l’autre, de domination. Dans une société solidaire, l’acceptation doit être le maître mot. Il ne l’est pas suffisamment aujourd’hui mais cherche à le devenir.

Pour voir ou revoir le documentaire d’Arte, ayant fortement inspiré ce dossier, cliquez ici.

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