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Dans cette entreprise, des milliers de salariés sont désormais millionnaires… et lèvent le pied

Publié par Killian Ravon le 09 Nov 2025 à 17:26

Deux chiffres qui interpellent : la quasi-totalité des employés d’une même entreprise serait millionnaire… et une partie travaillerait moins.

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Devant le siège de Nvidia, des employés marchent et discutent, logo vert bien visible sur la grande façade vitrée.
Siège de Nvidia à Santa Clara : une pause ensoleillée pour des équipes portées par l’essor de l’IA.

Derrière ce paradoxe, Nvidia, devenue l’icône de la ruée mondiale sur l’ intelligence artificielle, et un actionnariat salarié dopé par l’envolée boursière. Mais un détail que peu de gens connaissent change tout à la fin.

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« Prendre soin des gens » : une culture qui paye… cash

À écouter Jensen Huang, le patron de Nvidia, tout part d’une conviction : lorsqu’une entreprise prend soin de ses équipes, le reste suit. Les derniers mois semblent lui donner raison. Boosté par l’IA, le fabricant de processeurs graphiques a vécu une ascension fulgurante en Bourse. Le cours de l’action a flambé au point de se situer « autour de 205 dollars » ces jours-ci, une hausse qui a mécaniquement gonflé la valeur des plans d’actions des salariés.

Ce résultat n’a rien d’un accident. Depuis des années, Nvidia pousse un actionnariat salarié massif. Le groupe distribue des stock options et propose un plan d’achat d’actions à prix préférentiel, avec 15 % de décote. Concrètement, chaque palier franchi par l’action se reflète sur la rémunération long terme des équipes. En interne, cela s’est vu : les ingénieurs, managers et fonctions support ont vu grossir leurs portefeuilles au rythme de la capitalisation du géant des puces.

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Façade vitrée du siège de Nvidia à Santa Clara photographiée en 2018, vue large du bâtiment principal sous un ciel dégagé.
Le siège californien de Nvidia, cœur battant de la révolution IA.
Crédit : Coolcaesar – Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)

Quand l’IA transforme aussi… les comptes en banque

Dans le sillage de cette envolée, une enquête interne relayée par The Kobeissi Letter apporte un chiffre choc : quatre employés sur cinq disposeraient d’au moins un million de dollars d’actifs, tandis que la moitié atteindrait 25 millions. Une photographie saisissante d’un phénomène rare : la création de richesse à grande échelle au sein d’un même employeur coté.

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Pourquoi un tel effet multiplicateur ? Parce que le moteur de l’entreprise a changé d’échelle. La demande mondiale en calcul intensif, nourrie par les grands modèles d’IA, a fait exploser la file de clients : géants du cloud, laboratoires, startups.

Cette traction, additionnée à une stratégie produit au cordeau, a porté la valorisation boursière du groupe à plus de 5 000 milliards de dollars : un cap vertigineux, qui irrigue directement la participation capitalistique des équipes. Mais saviez-vous que chez Nvidia, cet alignement avec l’action est presque devenu une norme culturelle ? Il encourage une vision longue, un attachement à la mission et un sens aigu des priorités techniques.

Entrée principale du campus Nvidia sur San Tomas Expressway à Santa Clara, prise en 2022 en plan large.
L’entrée du campus où se conçoivent les puces de l’IA.
Crédit : Coolcaesar – Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)
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L’effet boomerang : quand la fortune freine le tempo

Reste l’envers du décor. D’après la même enquête interne, cette fortune soudaine poserait un casse-tête managérial : la productivité. Une partie des collaborateurs, financièrement sereins, aurait tendance à ralentir le rythme. Non par désintérêt du métier, mais parce que la pression individuelle baisse lorsque l’indépendance financière est atteinte. Comme après un marathon boursier, l’envie de respirer se comprend.

Ce constat interroge. Comment maintenir l’intensité opérationnelle quand une majorité de l’effectif a « déjà gagné » ? La réponse n’est pas simple. Les entreprises très capitalisées connaissent bien ce cycle : elles doivent sans cesse réinventer l’incentive non financier, clarifier les objectifs et valoriser l’impact collectif plutôt que la poursuite d’un gain boursier marginal.

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Dans le cas de Nvidia, la question se double d’un enjeu d’écosystème : le marché des puces pour l’IA évolue vite, et chaque trimestre compte. D’aucuns, au sein de l’encadrement, s’inquiètent donc des effets de latence que ce confort financier pourrait installer.

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Bureau Nvidia de Be’er Sheva en Israël, espace intérieur moderne photographié en 2023 avec perspectives de couloirs.
Des équipes partout dans le monde, un même tempo technologique.
Crédit : Michael Sharvit – Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)

Une « arme RH » redoutable dans un secteur ultra-concurrentiel

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Sur le plan des talents, le dispositif demeure un atout irrésistible. Les stock options et plans d’actions à prix réduit constituent une arme d’attraction et de fidélisation dans une industrie où la bataille des profils se joue à coups de packages. Les meilleurs ingénieurs savent lire une capitalisation boursière et projeter la valeur d’un plan d’achat d’actions sur quatre ou cinq ans. Résultat : le « deal » devient clair : contribuer aux architectures de calcul de référence… et participer à la création de valeur qui en découle.

Dans ce contexte, l’affirmation du PDG sur le « care » managérial prend une teinte très concrète. En alignant le sort de l’entreprise et celui des salariés, Nvidia promet une aventure commune. C’est aussi un message externe : la société se veut un lieu où l’on peut faire sa carrière et bâtir son patrimoine. Mais ce détail que peu de gens connaissent, c’est que cet alignement n’est ni instantané ni garanti ; tout dépend d’une mécanique financière plus subtile qu’il n’y paraît.

Immeuble Nvidia à Toronto, façade en briques et baies vitrées, photo de 2017 cadrée en plan large.
Toronto : un autre point névralgique de la galaxie Nvidia.
Crédit : Raysonho – Wikimedia Commons (CC0)
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Le piège des apparences : richesse « sur le papier » et temps long

Car derrière les chiffres qui font rêver, une réalité s’impose. Cette richesse demeure en grande partie théorique. Les titres attribués sont bloqués pendant quatre ans, avec un calendrier d’acquisition progressive. Tant qu’ils ne sont pas vendus, leur valeur fluctue au gré du marché. En clair, ces millions « sur le papier » peuvent fondre si le cours de l’action s’inverse. De quoi relativiser les « 25 millions » de la moitié des salariés évoqués par The Kobeissi Letter : tant que la vente n’est pas réalisée, rien n’est acquis.

Ce principe, les habitués de la tech le connaissent : la Bourse donne, la Bourse reprend. L’action Nvidia a été portée par l’euphorie de l’IA ; si le cycle ralentit, les multiples se comprimeront et l’actionnariat salarié en ressentira immédiatement l’effet. C’est la contrepartie du modèle : il rétribue le temps long, impose une discipline financière et rappelle que la fortune en actions n’est pas un compte courant. Le dernier mot revient donc à la prudence : oui, les collaborateurs sont massivement exposés à la hausse… mais aussi à la baisse.

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Vue d’ensemble du siège Nvidia sur San Tomas Expressway, photo de 2008 en orientation horizontale.
Le campus historique de Santa Clara, symbole d’une croissance hors norme.
Crédit : Coolcaesar – Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0)

Au final, que révèle vraiment « l’entreprise aux salariés millionnaires » ?

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Que l’IA a changé l’ordre de grandeur des rémunérations en tech, d’abord. Que les dispositifs d’actions peuvent, à l’échelle d’un groupe entier, créer un effet richesse spectaculaire, ensuite. Et que ce confort peut, paradoxalement, finir par ralentir certains, enfin.

Reste que ce modèle ne tient que par l’exécution : livrer des produits, garder l’avance, et convaincre le marché trimestre après trimestre. Ce n’est pas un hasard si l’entreprise insiste sur la mission et le collectif : quand l’argent ne suffit plus à motiver, le sens reprend la main. Révélation finale : sans cession effective, la majorité de ces « millions » restent virtuels — et s’évaporeraient au moindre retournement.

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