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Porno alternatif : quel est ce nouveau genre de X inventé par et pour les femmes ?

Publié par Églantine le 26 Nov 2019 à 10:34
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Pour contrer la grande industrie de la pornographie mainstream, certaines femmes ont décidé de créer un nouveau genre de films pour adultes : la pornographie alternative, appelée aussi féministe ou éthique. Le but est de mettre la femme et ses plaisirs au sein même de la sexualité et de promouvoir les égalités sexuelles ; sans être anti-hommes.

Créée par des hommes pour les hommes. Tel est le crédo de la pornographie classique. Dans une étude de l’Ifop sur les femmes et la pornographie, en 2012, 66% pensent que « les films X ne reflètent que des fantasmes masculins » et 61% qu’ils sont « très dégradants pour l’image de la femme. » Pour remédier à cette amertume et arrêter de voir la sexualité phallocentrée comme seule proposition, plusieurs femmes ont décidé de créer la pornographie alternative. Si elle a les mêmes ambitions érotiques que le porno traditionnel, la pornographie dite aussi féministe est différente sur la manière de filmer, sur la place de la femme ou encore sur le consentement comme valeur primordiale.

>>> À lire en plus : Porno féministe : la réalisatrice de X, Olympe de G, va tourner un film sur la dernière fois d’une septuagénaire

Le porno lesbien plébiscité par les femmes

Comme chaque année, le célèbre site pornographie Pornhub diffuse son enquête sur la consommation des films pour adultes dans le monde. Si les hommes en consomment beaucoup et fantasment sur les milfs (ndlr Mother I’d Like to Fuck) ou encore sur les japonaises, les femmes ont plus tendance à regarder du porno lesbien. La cause ? Elles estiment que le porno mainstream est un reflet de la société et donc que les films hétérosexuels sont seulement destinés au plaisir de l’homme. Ils propagent une vision misogyne où la femme est un objet sexuel et est soumise au plaisir de l’homme (et où l’éjaculation masculine est la finalité d’un rapport sexuel). Les termes les plus recherchés par les femmes sur des sites pornographiques sont « lesbiennes » , « ciseaux lesbiens » et « trio » ; puisque le porno lesbien leur procure plus de plaisir car les fantasmes féminins sont mis en avant (et moins simulés !).

orgasme

Sécurité, consentement et hygiène

Façon « girl power » , plusieurs femmes ont donc décidé de créer un nouveau genre de films X : le porno alternatif. L’une des pionnières est Erika Lust, réalisatrice et productrice pornographique suédoise. Depuis plus de dix ans, elle s’attelle à mettre le plaisir féminin au coeur de ses films et a coupé tout lien avec la pornographie classique.

En créant la plateforme « Erotic Films » , Erika Lust a crée un nouveau genre de porno où le consentement et la diversité sont de mises. Fini la femme siliconée et l’homme qui « tape » sans vraiment savoir s’il donne du plaisir ! Travaillant de manière éthique, elle a décidé d’engager une équipe de femmes, de ne pas travailler avec des acteurs et actrices en dessous de 23 ans, de filmer en haute qualité, d’offrir plus de visibilité aux minorités ou encore de respecter la sécurité et l’hygiène.

La plupart des scènes ne sont jamais interrompues, contrairement au porno conventionnel où une pénétration ou un acte de sexe oral se tourne avec une multitude de prises. Le porno alternatif montre aussi que refuser la vision phallocentrée permet toujours à la femme d’acquérir du plaisir puisqu’elles peuvent prendre du plaisir toute seule. Depuis plusieurs mois, le voile autour du fonctionnement du clitoris se lève et permet de montrer que cet organe est précieux. Et oui, le mythe de la clitoridienne et de la vaginale est en train d’être enterré puisque le plaisir provient exclusivement de la stimulation du clitoris.

Dans une société où les individus regardent leur premier film porno très jeune (environ 11 ans), Erika Lust souhaite que ce porno alternatif puisse influencer leur sexualité : « Je vois bien que la plupart des adolescents se familiarisent avec la sexualité à partir de ce qu’ils voient en ligne. C’est la raison pour laquelle il y a un grand besoin de porno « éthique » qui leur apprenne les notions de consentement, de respect et de plaisir. » 

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‘Dirty Laundry’ ~ dropping this Thursday 4.25 on XConfessions.com ☔️ . 📷 @monica_figueras #xconfessions #erikalustfilms

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Thank you all for Joining the Pleasure Circle, the last winner of the XC 1 year access is Andrea PM. Congrats!! 🍾 | Masturbation Month is almost over, these are the last days to watch ‘Female Pleasure Circle’ for free! Tag friends who’d love the film. Link in bio to watch! #jointhepleasurecircle

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>>> À lire en plus : Découvrez ce sextoy non genré qui peut aussi bien satisfaire les hommes que les femmes !

Exclusivement payant

Montrer des sexualités et corps différents est l’ambition du porno alternatif mais il n’est pas aussi accessible que les films X classiques. À l’ère d’internet, la pornographie traditionnelle est à portée de main puisque beaucoup de plateformes fleurissent sur le net et proposent un nombre incalculable de films X de manière totalement gratuite et illimitée.

Le porno alternatif, lui, est payant puisque respecter les actrices et leur donner un salaire coûte cher ; contrairement au porno mainstream où elles sont sous-payées et maltraitées. Plusieurs sites de porno alternatif sont réputés comme Erotic films à 11,99 € /mois, CommonSensual à 8€/mois, JoyBear au prix de 46€/mois ou PinkLabel à 9€/mois.

En France, l’instauratrice de ce néo-porno est Ovidie. Actrice pornographique, la femme de 38 ans a décidé de passer derrière la caméra et de se consacrer au porno éthique : « Le porno féministe s’inscrit dans une sorte de combat contre la misogynie sur le même terrain et avec les mêmes armes que le X mainstream. En se réappropriant le média pornographique, il proclame: on ne va pas laisser cela uniquement dans les mains des hommes«  raconte t-elle à l’AFP. En 2001, Ovidie avait publié son premier ouvrage Porno Manifesto, où elle prônait le féminisme pro-sexe, base de son engagement pour un porno plus égalitaire et éthique.

Le féminisme pro-sexe comme précurseur

Né sous la plume d’Ellen Willis en 1981, dans Lust Horizons: Is the Women’s Movement Pro-Sex?, le féminisme pro-sexe est une idéologie où l’égalité femme/homme doit passer par une liberté sexuelle et une réappropriation du domaine sexuel par la femme. À la différence du féminisme abolitionniste, ce courant ne réfute en aucun cas la pornographie mais s’oppose à sa construction patriarcale.

Il prône une liberté de disposer de son corps et voit le sexe comme une façon de dominer et de se libérer de toute injonction sociale : « Dans le discours anti-pornographique, on se perd rapidement : au fait, qui est la victime ? Les femmes qui perdent toute dignité du moment qu’on les voit sucer une bite ? Ou les hommes, trop faibles et inaptes à maîtriser leur envie de voir du sexe, et de comprendre qu’il s’agit uniquement d’une représentation ? » clame Virginie Despentes, auteure de King Kong Théorie et féministe pro-sexe.

Certains courants se mettent en opposition face à cette idéologie en montrant que ce féminisme pro-sexe est un catalyseur de la vision de la femme comme objet sexuel, tout en propageant une idée de marchandisation du corps. Alors lâchez YouPorn, XHamster ou encore Pornhub et allez jeter un oeil (et autres !) aux sites de porno alternatif ! Vous ne serez aucunement déçu(e)s !

>>> À lire en plus : « Je suis épuisée et terrorisée » : le collectif féministe, Paye Ta Shnek, prend fin après sept années à dénoncer le sexisme