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Racisme : Ce hashtag qui prend de l’ampleur pendant la pandémie

Publié par Lucie B le 07 Mar 2021 à 13:30

Au mois de février 2021, un hashtag est apparu dans les tendances Twitter : #StopAsianHate. À travers celui-ci, des personnes asiatiques et non asiatiques témoignent de la recrudescence du racisme anti-asiatique, depuis la pandémie de Covid-19, qui est apparu la première fois en Chine.

manifestantes-racisme-New-York

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Un racisme ordinaire présent encore en France

Une comptine raciste en 2017 dans les écoles maternelles parisiennes, un sketch intitulé « Les Chinois » de Gad Elmaleh et Kev Adams diffusé en prime time en 2018 : les clichés sur les personnes asiatiques ont la vie dure. Ce racisme asiatique, souvent qualifié comme étant « positif » car qualifiant les personnes asiatiques comme étant intelligentes, bonnes en mathématiques ou encore discrètes, est pourtant à l’origine d’un drame.

En 2016, Zhang Chaolin est violemment attaqué par une bande de jeunes, à Aubervilliers. Le couturier chinois succombera à ses blessures. Devant la justice, ces assassins avoueront s’en être pris à Zhang, car « les Asiatiques ont toujours beaucoup de monnaie sur eux » . Un cliché qui a donc conduit à la mort d’un homme et à ce que la société française s’intéresse enfin au racisme anti-asiatique.

rassemblement-Zhang-Chaolin

Pourtant, depuis cette première prise de conscience, rien n’a changé, voire la situation s’est empiré. En effet, avec l’apparition du Covid-19, le racisme anti-asiatique a connu une vraie recrudescence, sous-estimée dans les médias et par la société. Si bien qu’en 2020, Grace Ly, écrivaine, animatrice de podcast et réalisatrice, a écrit un article pour Slate, intitulé « ne me demandez pas si le racisme anti-asiatique existe vraiment » . Elle relate une expérience personnelle, qui lui est arrivée, au début de la pandémie de Covid-19. « L’autre jour, au café, en me voyant arriver au comptoir, un homme a gloussé en direction de ses copains : « vite, mettez vos masques !  » .

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Des agressions envers les personnes asiatiques à cause du Covid-19

Des témoignages comme celui de Grace Ly, parfois plus violents, ont été partagé dès 2020, sous le hastag #JeNeSuisPasUnVirus. Des crachats, des insultes, des agressions même parfois, l’utilisation de l’expression « se faire un Chinois » pour appeler à agresser physiquement une personne asiatique, tenue responsable de l’apparition du Covid-19, se multiplient.

 

Une femme, d’origine coréenne, témoigne anonymement et tente de lancer l’alerte : « la crise sanitaire du coronavirus entraine dans son sillage, une libération de la parole raciste dans les médias et sur les réseaux sociaux » . Pour preuve, le Courrier Picard titrait en une, le 26 janvier 2020, « Alerte Jaune » et l’édito était intitulé « Le péril jaune ? » . Le journal a fini par écrire un communiqué d’excuses dans la journée. Autre exemple, le 4 avril, alors que BFMTV diffuse la retransmission de l’hommage national chinois pour les victimes du coronavirus, l’un des éditorialistes de la chaîne, Emmanuel Lechypre chuchote : « ils enterrent des Pokémons » . Celui-ci s’excusera par la suite, sur Twitter.

Aux États-Unis, la situation est d’autant plus dramatique que les agressions physiques se multiplient, sur une catégorie particulière de la population : les personnes âgées asiatiques. D’après Stop AAPI Hate, de mars à décembre 2020, 126 incidents contre des Américains d’origine asiatique, âgés de plus de 60 ans, ont été recensés. Si cette minorité est particulièrement ciblée, dans cette tranche d’âge, c’est qu’elle est connue pour ne pas faire de vague, même face au racisme.

De manière générale, la violence envers la communauté asiatique a augmenté de 1 900 % aux États-Unis, depuis janvier 2020, et de 21 % au Royaume-Uni. Pas moins de 2 808 témoignages de haine anti-asiatique ont été recensés dans 47 États aux États-Unis. En février, un homme de 84 ans, originaire de Thaïlande, a été assassiné à San Francisco. Pour faire face à cela et ne plus dénombrer d’autres drames, en février 2021, un nouvel hashtag est créé : #StopAsianHate.

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Un hashtag pour interpeller la société et fédérer la communauté

À la différence du premier hashtag, #StopAsianHate est mis en avant et soutenu par plusieurs personnalités, comme Chrissy Teigen, Olivia Munn ou encore les créateurs de mode Prabal Gurung et Phillip Lim. Andrea Cheong, blogueuse mode reconnue à Londres, a écrit un article pour le magazine Vogue sur le sujet. Elle témoigne notamment de ses propres expériences face à ce racisme. « En tant que Londonienne, j’ai souvent rêvé d’avoir un wagon de métro entier pour moi toute seule. Jusqu’à ce que je me rende compte que personne ne voulait s’assoir à côté de la Chinoise » .

https://twitter.com/bby__sslm/status/1364334659392450561?s=20

Jennifer Chen, journaliste freelance aux États-Unis, fait elle part dans un tweet, de sa colère et sa tristesse, face à la montée des violences envers les personnes de sa communauté, le 22 février dernier. « J’écris mon troisième récit sur les crimes de haine anti-asiatiques, en particulier contre les personnes âgées. Je fais une pause dans l’écriture pour pleurer. L’année dernière, quand j’ai écrit que « Kung Flu » (pour parler du virus) était raciste, les gens ont dit « ce n’est pas du vrai racisme. » Un an plus tard, je suis en colère. Les mots ont du pouvoir et j’utilise tous les mots que j’ai » .

Ce hashtag #StopAsianHate est une nécessité pour la communauté asiatique. En effet, les premières et deuxièmes générations d’immigrés d’Asie ont appliqué une politique de laisser-faire, de garder pour soi, toute situation de racisme. Résultat : de nombreuses personnes ne signalent pas les violences qu’elles subissent, et celles-ci peuvent donc perdurer en toute impunité.

La libération de la parole sur Twitter est donc une bonne chose pour Lisa Son, professeure de psychologie à l’Université de Columbia. « La seule façon de s’aider mutuellement à faire face à cette violence et à aborder la question de la santé mentale est d’exprimer et de se confier aux autres. Nous savons que les Asiatiques accordent moins d’importance au « moi individuel », mais cela se traduit par un véritable isolement » .

Mercredi 24 février, #StopAsianHate est devenu l’un des sujets le plus discuté sur Twitter. Une véritable mise en lumière d’un problème souvent mis de côté par les médias et la société. Un hashtag qui ne souhaite pas créer de la division mais rassembler toutes les personnes, comme l’explique l’acteur Henry Golding, connu pour son rôle dans Crazy Rich Asians. « Le but principal doit être de tendre la main aux autres communautés pour les unir, car diffuser ces histoires entre nous, c’est prêcher à la chorale. Nous avons besoin que tout le monde, et pas seulement les Américains d’origine asiatique, reconnaisse la gravité du problème » .

Source : OprahMag

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