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La Marche des Beurs : 30 ans après

Publié par Anissa Duport-Levanti le 31 Mai 2013 à 14:33
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RAPPEL HISTORIQUE

La Marche pour l’Égalité et contre le Racisme, aussi appelée Marche des Beurs, s’est déroulée en 1983 avec l’espoir de faire taire le racisme presque habituel qui se déversait dans la société toute entière.

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Les faux-pas politiques qui se sont succédés à l’époque ont à la fois activé la rancoeur des populations immigrées et banalisé les comportements xénophobes. Citons pêle-mêle, le délaissement des harkis, le massacre du 17 octobre 1961 lors d’une manifestation soutenue par le FLN pour contester le couvre-feu imposés aux seuls nord-africains et appeler à l’indépendance de l’Algérie (une cinquantaine de morts), la répression sanglante du métro Charonne le 8 février 1962 où un groupe s’était rassemblé sur l’appel du PC afin de dénoncer les agissements de l’OAS (8 morts), ou encore la construction des grands ensembles urbains pour y parquer les immigrés à l’image des quatre mille blocs ou des cités de Saint-Denis.

17-octobre-61

Tag sur le pont de Neuilly, un des lieux où les affrontements du 17 octobre 1961 ont été les plus violents et où des policiers ont jeté des algériens dans la Seine

François Hollande a reconnu la culpabilité de la république lors du massacre du 17 Octobre 1961 après sa prise de fonction par cette phrase : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes« .  Christian Jacob, président du groupe UMP à l’assemblée nationale, publie alors un communiqué déclarant qu’il est « intolérable de mettre en cause la police républicaine et avec elle la République toute entière ». Ceci provoque la réplique immédiate du premier secrétaire du Ps Harlem Désir, ancien président du mouvement SOS Racisme, qui s’insurge : « M. Jacob se fait l’avocat indécent d’une répression qui a enfreint, ce soir du 17 octobre 1961, toutes les valeurs et toutes les règles fondamentales de la République« .

La répression du métro de Charonne avait quant à elle beaucoup ému, surtout devant la façon dont les 8 personnes sont mortes, piétinées ou étouffées par une foule en panique se précipitant vers l’entrée du souterrain pour échapper aux matraques.

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source : l'humanité.fr

source : l’humanité.fr

source : l'humanité.fr

source : l’humanité.fr

 

En 1983, l’extrême droite qui était jusque là marginale avait enregistré un score record de 16,7 % (FN) aux municipales, des jeunes maghrébins étaient régulièrement molestés et passés à tabac dans les rues ou les cités, certains étaient même tués. Un des ces jeunes de banlieue, Toumi Djaïda, et le Père Delorme ont alors l’idée d’une marche pour la reconnaissance de leur identité et leur volonté d’intégration. 32 enfants d’immigrés partent de Marseille le 15 octobre, mais ce sont près de 80 000 personnes qui arrivent place de la Bastille derrière le slogan « vivre ensemble, avec nos différences, dans une société solidaire», afin de dénoncer les répressions dont ils sont victimes et appeler à un respect mutuel et au multiculturalisme.

COMMÉMORATION

 Malheureusement, cet élan pacifique en faveur de l’égalité est resté lettre morte, comme le confie Naïma Charaï, présidente de l’Acsé (Agence pour la cohésion sociale et l’égalité des chances), qui le qualifie de « marche (…) sans lendemain ».

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30 ans après, il est temps rappeler aux élus leurs promesses concernant les banlieues, qui se sentent aujourd’hui abandonnées par la classe politique, et stigmatisées par la branche droite de l’échiquier politique qui tend dangereusement vers une extrémisation sans complexe. 

Une marche commémorative sera donc organisée demain, à 8h30 devant l’Espace Monceau (17ème) par le collectif Banlieue Plus, afin de transmettre l’esprit qui animait les acteurs de la première Marche pour l’Égalité et contre le Racisme, et de l’ancrer dans l’histoire collective de notre nation. C’est également dans ce but que l’association fait circuler ce document publié sur le site médiapart, afin de tenir la population informée de ses revendications.

L’humouriste Jamel Debouzze sera part ailleurs à l’affiche du film « La Marche » sous la direction du réalisateur Nabil Ben Yadir, qui relate l’histoire de cette manifestation.

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crédit : © Dominique Faget/AFP

Arrivée de la Marche à Paris, le 3 décembre 1983
crédit : © Dominique Faget/AFP

Farid Temsamani, porte-parole de l’association Banlieue Plus, fait part au site Atlantico.fr de son état des lieux à travers une interview.

Au cours de ces trente dernières années, l’image des banlieues s’est largement dégradée au sein de la société française. Pensez-vous la réconciliation, et à terme leur intégration durable au sein de la société française, possible ?

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D’une part, les habitants des banlieues sont pleinement citoyens de notre pays. Ils contribuent à la richesse nationale et n’aspirent qu’à être considérés comme des citoyens à part entière. Il est avéré que l’image véhiculée n’est pas des plus flatteuses. Néanmoins, elle n’est pas toujours des plus réalistes. Il est vrai que les difficultés sont plus importantes en banlieue qu’ailleurs. Nul besoin de le nier. En dépit des plans pléthoriques consacrés aux quartiers populaires, les inégalités n’ont pu être enrayées. A quand un véritable plan de refondation des banlieues? Il est indéniable qu’une réconciliation doit s’opérer pour le bien de la cohésion nationale. Tant les habitants des banlieues que le reste de notre société doivent mutuellement aller au-delà des préjugés. Il en va de notre responsabilité de relever ce défi.

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Lorsque la première marche a atteint Paris en décembre 1983, François Mitterrand avait reçu une délégation auprès de laquelle il s’était engagé à accorder pour les immigrés une carte de séjour et de travail valable pour 10 ans. Qu’attendez-vous politiquement de la marche commémorative de samedi ?

Tout d’abord, la réponse obtenue était très éloignée des attentes de cette marche. Les marcheurs avaient soif d’existence républicaine. Au titre de la commémoration du trentième anniversaire de cette marche, il s’agit avant tout d’un devoir de mémoire et de transmission aux plus jeunes et moins jeunes afin que cette part de l’histoire de notre pays ne soit pas oubliée.

(Retrouvez l’intégralité de cette interview sur le site Atlantico.fr)

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VIDÉO : L’ARRIVÉE DE LA MARCHE À PARIS EN 1983

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Sources : Atlantico.fr et Mediapart.fr

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