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Pendant 3 ans, il se fait passer pour un reporter de guerre héroïque, mais la supercherie vient d’être révélée

Publié par Nicolas F le 07 Sep 2017 à 11:27

Les internautes qui le suivaient et même certains journalistes qui sont tombés dans le panneau, se sentent aujourd’hui floués. Pendant 3 ans, un imposteur s’est fait passer pour un grand reporter de guerre et partageait ses clichés risqués, osés, poignants, terrifiants avec ses 130 000 fans sur Instagram. La supercherie vient d’être dévoilée, aucun de ses clichés ne sont de lui. Après avoir été démasqué il ferme tous ses comptes. Une bonne leçon, qui nous rappelle qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on voit sur Internet.

 

Eduardo Martins, un pseudo qui cache une vie de mensonges

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Eduardo Martins a 32 ans et est originaire du Brésil, du moins c’est ce qu’il dit. Qui se cache derrière ce faux nom ? Un fraudeur de grande envergure a réussi à très bien gagner sa vie, en se faisant passer pour un courageux reporter de guerre. Il s’était même inventé une vie, pour gagner la sympathie des gens. Enfant, il dit qu’on abusait de lui, puis, il a dû se battre contre la leucémie. Ce sont ces prétendus coups durs qui lui ont donné l’envie de partir trouver tous ceux qui souffrent, dans le monde entier. Ce storytelling parfait emballe l’histoire d’Eduardo Martins.

Photo de Daniel C. Britt, utilisée par Eduardo Martins (Daniel C Britt)

Il devient photographe de guerre et surfeur amateur

Comme photo d’avatar sur les réseaux sociaux, il utilise le portrait de Max Hepworth-Povey, un surfeur britannique. Il va ensuite glaner quelques somptueuses images de paysages sur Internet et se les approprier. Son histoire est émouvante, les photos de lui sont celles d’un beau gosse qui surfe et son métier de photographe fait rêver. Il a tout pour devenir une star sur Instagram. Puis, il devient reporter de guerre, en usurpant le travail d’autres journalistes qui ont mis leur vie en danger. Il reprend des images, modifie quelques détails, retourne les images, change les couleurs, afin d’échapper aux scanners de détection de copywriting.

Capture d’écran du compte Instagram d’Eduardo Martins, avant qu’il ne soit fermé.

Il utilisait les images du surfeur Max Hepworth-Povey (Capture d’écran Instagram)

La photo prétendument prise par Eduardo a fait la une du Wall Street Journal (Capture Wall Street Journal)

L’une des photos impressionnantes que s’était approprié Eduardo Martins (Facebook/samanta.a.r)

Sa notoriété va le piéger

Très vite, les photos du soi-disant reporter envoyé par les Nations-Unies sont demandées par la presse du monde entier. Il s’inscrit dans des banques d’images et revend les photos prises en Irak, au cœur de l’Etat islamique, à Gaza ou en Syrie, notamment via Getty. Pendant 3 ans, il gagne sa vie grâce aux photos impressionnantes qu’il vend sur ces sites. Jusqu’au jour où il accepte une interview du magazine en ligne Waves. Il s’est noué d’amitié virtuellement avec Fernando Costa Netto, journaliste au magazine, qui va lui dédier tout un article. Ce nouveau coup de projecteur sur son travail va commencer à attirer les soupçons. La BBC contact Waves pour indiquer qu’Eduardo Martins n’est qu’un leurre. Le journaliste tente d’entrer à nouveau en contact avec le photographe surfeur pour qu’il s’explique, voici la réponse qu’il aurait reçu sur WhatsApp : « J’ai décidé de partir vivre dans un van, pendant un an. J’ai tout supprimé en ligne, et je me suis coupé d’internet. Je veux être en paix, nous nous verrons à mon retour. Je vais supprimer WhatsApp ». Il laisse simplement à son « ami virtuel » une adresse e-mail pour le contacter, indiquant partir vivre seul dans le désert australien.

L’article de la BBC Brasil qui a mis le feu aux poudres (Capture BBC)

La supercherie est enfin découverte

C’est donc BBC Brasil qui a compris la première qu’Eduardo n’était pas celui qu’il prétendait être. La journaliste Natasha Ribeiro qui travaille pour la division brésilienne de la chaîne britannique, en tant qu’envoyée spéciale sur le terrain, au Moyen-Orient, a commencé à avoir des doutes quand elle a entendu parler du photographe. Le petit monde des journalistes de guerre ne l’a jamais croisé sur le terrain. Après enquête, les Nations-Unies ont également déclaré qu’aucun Eduardo Martins ne travaillait pour eux. C’est à ce moment-là, que certains ont reconnu le surfeur Hepworth-Povey sur les photos. Après analyse des clichés, on a également remarqué que bon nombre d’entre eux étaient des copies du travail du journaliste de guerre Daniel C. Britt. Getty a immédiatement fermé le compte frauduleux et n’a pas voulu commenter l’histoire. Les nombreux photographes dont le travail a été volé, sont évidemment très déçus qu’on puisse ainsi piéger les gens sur Internet en se servant de leur œuvre.