Retour sur l’appel du 18 joint !
Le 18 Juin 1940, Le général Charles De Gaulle, exilé en Grande-Bretagne après la défaite éclair de la France face aux panzers allemands, lance un appel à la résistance par le biais de radio-Londres (BBC). Il marquera l’histoire comme la première pierre d’un rassemblement français d’opposition au nazisme et comme la première organisation d’un gouvernement libre, seule alternative stable et forte à la France collaborationniste du maréchal Pétain et de Laval. Tous les ans depuis 73 ans, de nombreuses commémorations sont organisées à l’occasion de cet appel. L’une d’entre-elles fêtait hier ses 20 ans : l’appel du 18 JOINT ! C’est avec humour de plusieurs associations utilisent cette date pour appeler à la légalisation du cannabis.
Témoignage très drôle de cette femme qui a discuté avec un fonctionnaire de police (30 premières secondes de la vidéo)
Tout commence le 18 juin 1976, avec la première tribune de l’appel du 18 joint publiée dans le journal Libération. Ensuite, le Collectif de d’information et de recherche cannabique lance en 1993 une pétition signée par de grands personnages public et une dizaine de médecins, qui tient un discours raisonné et modéré compte tenu des mesures très coercitives et presque arbitraires prises à l’époque :
« Cigarettes, pastis, aspirine, café, gros rouge, calmants font partie de notre vie quotidienne. En revanche, un simple « joint de cannabis (sous ses différentes formes: marijuana, haschich, kif, huile) peut vous conduire en prison ou chez un psychiatre. (…) En France, on continue d’entretenir la confusion entre drogues dures et drogues douces, gros trafiquants, petits intermédiaires et simples usagers. Cela permet de maintenir et de renforcer une répression de plus en plus lourde: depuis 1969, la police peut perquisitionner chez n’importe qui, sans mandat, à toute heure du jour ou de la nuit, sous prétexte de drogue. (…) Cela sert à justifier la détention de centaines de personnes, petits revendeurs ou fumeurs de cannabis, quand tout le monde sait que des gros bonnets de l’héroïne sont en liberté. Ces emprisonnements, bien sûr, sont sélectifs et frappent en priorité la jeunesse, surtout la jeunesse ouvrière et les immigrés, particulièrement dans les régions. (…)
C’est pour lever ce silence hypocrite que nous déclarons publiquement avoir déjà fumé du cannabis en diverses occasions et avoir, éventuellement, l’intention de récidiver. Nous considérons comme inadmissible toute forme de répression individuelle, soumise à l’arbitraire policier, et entendons soutenir activement tous ceux qui en seraient victimes. Nous demandons que soient prises les mesures suivantes: Dépénalisation totale du cannabis, de son usage, sa possession, sa culture (autoproduction) ou son introduction sur le territoire français en quantités de consommation courante. (…)
Ce texte n’est pas un appel à la consommation. Il vise seulement à mettre fin à une situation absurde.«
Quelques signataires connus :
Pierre Bourgeade (romancier, descendant de Racine)
André Glucksmann (philosophe)
Isabelle Huppert (actrice)
Bernard Kouchner (médecin et homme politique)
Maxime Le Forestier (auteur, compositeur, interprète)
Edgar Morin (sociologue et chercheur au CNRS)
Le documentaire un oeil sur la planète (France 2) et diffusé sur Arte : La vérité sur le cannabis !
Si les associations actuelles ont déjà obtenu des avancées concernant la dépénalisation progressive du cannabis, et notamment sa très récente légalisation à usage thérapeutique, ils se battent encore pour stopper la stigmatisation dont les fumeurs occasionnels sont victimes, et avant tout pour informer les français afin d’éviter les fausses idées et les préjugés infondés.
Le collectif « Chanvre et violette » manifestait hier à Toulouse, comme le rapporte la Dépêche. « Les fumeurs de cannabis sont persécutés, exclus et stigmatisés. C’est de pire en pire » s’insurge Kenzi, l’un des organisateurs. « Chaque année, il y a un peu plus de monde que lors des éditions précédentes. On va essayer de répondre aux questions des gens. Nous souhaitons qu’il y ait moins de répression et on se bat surtout pour l’autorisation du cannabis. C’est anachronique, la France est à la traîne » rappelle Franck, un autre organisateur. Mais ils n’ont pas pour autant une vision idéaliste de cette drogue douce. « Les dangers de la plante, ils existent, comme pour d’autres produits, le café par exemple, et le but de notre association est d’informer. Pour faire de la prévention, il faut sortir de cette prohibition » assène Kenzi. D’autant qu’il n’a jamais encore été recensé à ce jour d’overdose de cannabis, l’addiction n’est que psychologique. Néanmoins, personne ne peut normalement pas en dire trop de bien, au risque de tomber sous le coup de la loi qui interdit « toute présentation sous un jour favorable » des substances stupéfiantes.
Petit à petit, l’idée d’une dépénalisation du cannabis fait son chemin dans l’esprit conservateur du personnel politique. Pourtant, la population est encore majoritaire contre une telle mesure (près de 70%), sans doute à cause d’une mauvaise information concernant cette substance et la diabolisation dont elle est victime depuis les années 1970 (en partie du fait de son classement parmi les drogues dures, à l’instar de la cocaïne ou du LSD).