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Retraits en liquide : depuis le 18 septembre, êtes-vous vraiment « surveillé » ?

Publié par Killian Ravon le 06 Nov 2025 à 15:01

Depuis quelques jours, une affirmation choc circule : à partir du 18 septembre, quiconque effectue un retrait en liquide serait systématiquement surveillé par les autorités. La petite musique est familière : elle évoque des « listes », des alertes automatiques, voire des limites secrètes au-delà desquelles votre banque signalerait vos mouvements de cash. Ce type d’info, anxiogène et virale, s’appuie souvent sur un mélange d’éléments vrais et de contresens.

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Retrait de billets en euros à un distributeur automatique au crépuscule, rue commerçante légèrement floue en arrière-plan.
Retraits en liquide : un geste du quotidien qui reste autorisé, avec une vigilance bancaire ciblée.

Dans les faits, les règles anti-blanchiment existent depuis des années : les banques ont des obligations de vigilance et de déclaration lorsqu’une opération est inhabituelle, suspecte ou fractionnée pour masquer son origine. Rien de neuf dans l’idée que les établissements suivent des seuils de contrôle, qu’ils potent la traçabilité de certaines opérations, et qu’ils peuvent exiger des justificatifs. Là où la rumeur dérape, c’est en prétendant qu’une date magique déclencherait une surveillance généralisée de tous les retraits, quel qu’en soit le montant. Cette lecture est fausse et réductrice, et elle fait l’impasse sur la manière dont la conformité fonctionne réellement dans une banque.

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Ce que les banques surveillent vraiment quand vous retirez du cash

La conformité bancaire repose sur des scénarios de risque et des alertes calibrées, pas sur un « grand bouton » qui s’allumerait un jour donné pour épier chaque passage au DAB. Les établissements observent des profils clients, comparent les opérations à votre historique, et déclenchent des vérifications si l’opération semble anormale pour vous : montant inhabituel, fréquence inhabituelle, schéma de découpage des retraits, combinaison avec d’autres transferts, ou indicateurs de fraude.

Ces mécanismes existent toute l’année et s’adaptent aux textes européens et français sur la lutte anti-blanchiment et le financement du terrorisme. Ils ciblent des signaux précis, pas l’ensemble des clients au motif qu’ils retirent des espèces tel jour. Présenter cela comme une « surveillance intégrale des retraits depuis le 18 septembre » entretient un amalgame : on confond vigilance ciblée et fichage généralisé.

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Espèces, plafonds, justificatifs : ce qui change, ce qui ne change pas

Avez-vous un plafond de retrait ? Oui, fixé par votre contrat de carte et modifiable à la marge selon votre banque. Peut-on vous demander un justificatif sur des montants élevés ou répétés ? Oui, si l’opération interpelle au regard de votre profil et du cadre réglementaire. Est-ce que cela veut dire que tout retrait déclenche un signalement ? Non.

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En pratique, les banques veillent à trois choses : la cohérence avec vos revenus, l’origine des fonds lorsqu’ils entrent sur le compte, et la finalité lorsqu’un schéma paraît atypique. Vous pouvez retirer des espèces pour vos dépenses du quotidien, pour un artisan, pour un cadeau ou un voyage : ce n’est ni illégal ni interdit. Ce qui attire l’attention, ce sont les montants disproportionnés, des patterns inhabituels, ou des stratégies qui ressemblent à des contournements de seuils.

Gros plan de billets et pièces en euros posés sur une table.
Euros en gros plan : l’espèce reste un moyen de paiement légal en France. Crédit : Avij, CC 0 / Public Domain.

Pourquoi ces intox prospèrent… et comment ne pas tomber dans le piège

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Les rumeurs prospèrent en simplifiant une matière complexe. Elles retiennent un détail authentique – l’existence d’obligations KYC/AML, de seuils internes, de tracfin et de procédures – puis l’extrapolent en un scénario de surveillance totale. Ce glissement fait du clic, mais il induit des mauvais réflexes : peur d’utiliser le cash, défiance mal placée envers sa banque, et circulation de conseils risqués qui peuvent, eux, vous mettre réellement en difficulté.

Le bon réflexe, c’est de revenir au concret : votre contrat, les plafonds de votre carte, les conditions de votre établissement, et les textes applicables qui ne se résument pas à une date symbolique. Si vous avez un projet qui implique un retrait important, prévenez votre agence, posez vos questions, et gardez une trace de la finalité : c’est simple, et cela évite des contretemps.

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Pièce de monnaie. Photo by kschneider2991
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Ce qui arrive vraiment quand une opération « cloche »

Concrètement, si votre banque identifie une anomalie, elle ne « vous fiche » pas arbitrairement : elle interroge, documente, et – le cas échéant – effectue une déclaration à l’autorité compétente si les critères sont réunis. Cela ne signifie pas que vous devenez coupable ou que vous êtes surveillé à vie ; cela signifie que la banque fait son travail de vigilance.

La grande différence avec ce que racontent certaines vidéos, c’est l’automatisme : non, tout ne part pas en signalement parce que vous avez retiré des billets tel jour. Ce sont des cas particuliers, des contextes, des montants, des fréquences, et des réponses graduées. La banque ne vous empêche pas d’utiliser l’espèce ; elle s’assure que l’opération s’inscrit dans un cadre légal et connu.

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Façade du siège de BNP Paribas boulevard des Italiens à Paris.
BNP Paribas, boulevard des Italiens : conformité et vigilance AML au quotidien. Crédit : Boubloub, CC BY-SA 4.0.

Ce que recouvrent vraiment « contrôles » et « seuils » en banque

Dans le débat sur les retraits en liquide, on confond souvent plafond de carte, seuils internes de vigilance et obligations légales de type KYC/AML. Le plafond relève de votre contrat et détermine ce que votre carte peut faire au DAB sur une période donnée. Les seuils internes, eux, servent à repérer des opérations atypiques au regard de votre profil, sans que cela ne signifie un signalement automatique.

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Ces mécanismes existent toute l’année et s’ajustent à votre historique. Une banque peut poser des questions ou demander des justificatifs si le schéma s’écarte de vos habitudes, par exemple des retraits rapprochés ou cumulés. Ce n’est pas une interdiction d’utiliser les espèces, mais une vérification proportionnée destinée à documenter l’opération si besoin.

En pratique, le même retrait peut être anodin pour un client et déclencher une revue pour un autre selon la cohérence avec ses revenus, ses mouvements récents et le contexte. Parler d’une « surveillance » imposée à date fixe gomme cette réalité plus nuancée et entretient une idée fausse d’un fichage systématique des passages au DAB.

Agence Caisse d’Épargne place Aristide-Briand à Valence.
Les banques appliquent des procédures anti-fraude, pas une surveillance de masse. Crédit : Chabe01, CC BY-SA 4.0.
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Comment préparer un retrait important sans contretemps

Si vous devez retirer une somme plus élevée que d’ordinaire, le plus simple est de prévenir votre banque. Un message à votre conseiller ou via l’app permet d’ajuster temporairement le plafond, de vérifier la disponibilité des billets en agence et d’éviter un blocage de précaution. Cette démarche montre la finalité de l’opération et sécurise son bon déroulement.

Le jour J, privilégiez un retrait en agence si le montant est sensible, et conservez une trace des dépenses qui suivront. Cela facilitera toute question ultérieure, notamment si d’autres mouvements s’enchaînent sur le compte. Utiliser plusieurs DAB pour « passer sous les radars » n’est pas une bonne idée : ces découpages peuvent au contraire ressembler à un contournement de seuils et susciter des questions.

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Enfin, rappelez-vous que la banque n’a pas pour objectif de vous empêcher d’utiliser des espèces. Elle applique une vigilance graduée, centrée sur les opérations réellement inhabituelles. Anticiper, expliquer et garder la cohérence de vos mouvements restent les meilleurs moyens d’éviter les malentendus.

Façade d’une agence Caisse d’Épargne à Cannes.
Retraits en liquide : pas d’interdiction, mais des vérifications possibles. Crédit : MOSSOT, CC BY-SA 3.0.

Alors, le 18 septembre, qu’est-ce qui a vraiment changé pour vous ?

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La réponse tient en une phrase, et elle est plus pragmatique que spectaculaire. Non, vous n’êtes pas « automatiquement surveillé » parce que vous retirez des espèces depuis le 18 septembre. Ce qui existe, et qui existe déjà, ce sont des obligations permanentes de vigilance et de déclaration pour les banques, activées en fonction de seuils internes, d’indices et de contextes, pas à cause d’une date sortie d’un chapeau. En clair : vos retraits en liquide restent autorisés, mais comme toutes les opérations bancaires, ils peuvent être examinés lorsqu’ils semblent anormaux. C’est la réalité, loin du storytelling alarmiste.

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