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Garages souterrains : cette habitude très courante est pourtant interdite

Publié par Killian Ravon le 28 Oct 2025 à 8:40

C’est l’astuce « gain de place » de millions de Français : utiliser le box au sous-sol comme débarras. Vêtements, cartons, vieux appareils… tout y passe. Sauf qu’en immeuble collectif, cette pratique n’est pas seulement risquée.

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Box de parking souterrain partiellement ouvert avec cartons empilés et panneau « Stationnement uniquement », illustrant un stockage interdit.

Elle est interdite par la réglementation des parkings couverts. Et en cas de problème, la note peut être salée, jusqu’à la remise en cause de l’assurance habitation.

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Pourquoi tant de monde entasse ses affaires dans un box

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Au fil des années, on entasse. C’est presque mécanique : les meubles dont on ne veut pas se séparer, les équipements qu’on garde « au cas où », les souvenirs qu’on promet de trier un jour… Et comme tout le monde n’a pas une grange, un grenier ou une vaste cave, la tentation est grande de se tourner vers l’espace « disponible » le plus proche : le garage souterrain de l’immeuble, souvent sous-estimé parce qu’il paraît discret, facilement accessible et, surtout, rarement contrôlé au quotidien. Cette impression d’espace « à soi » est renforcée par la présence d’un petit box de parking fermé, dont certains finissent par faire un mini-garde-meuble improvisé, quitte à ne plus y stationner leur voiture.

À première vue, rien de plus pratique : le box est sec, protégé des regards, à deux minutes de l’ascenseur, et l’on pense pouvoir y mettre ces objets qu’on n’utilise pas tous les jours. On se dit même qu’un carton de vêtements, un paquet de magazines ou un vieux micro-ondes posé dans un coin n’ont rien de dangereux. D’ailleurs, autour de soi, on observe la même chose : des voisins stockent des affaires, parfois depuis des années, sans que personne n’y trouve à redire. Mais ce sentiment de normalité est trompeur. Car la réglementation applicable aux parkings couverts n’a rien d’anecdotique : elle répond à un enjeu central de sécurité.

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Ce que dit réellement la réglementation des parkings couverts

L’interdiction de stocker dans les parkings souterrains d’immeuble ne vient pas d’une simple clause tatillonne glissée par un syndic pointilleux. Elle s’appuie sur un texte toujours en vigueur : l’arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la protection contre l’incendie dans les parcs de stationnement couverts. Ce texte impose une idée simple : ces espaces doivent être réservés au stationnement des véhicules, afin d’en maîtriser les risques. Autrement dit, entreposer des objets qui ne relèvent pas du stationnement n’est pas conforme à leur destination.

C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de parkings souterrains situés directement sous des logements. Dans ces volumes fermés et ventilés de manière spécifique, la présence de matériaux combustibles ou d’objets divers introduit des risques supplémentaires en cas de départ de feu. Le texte n’a pas vocation à brider des usages « malins », il fixe une ligne rouge : éviter qu’un lieu prévu pour des voitures se transforme insidieusement en zone de stockage hétéroclite, où l’on cumule cartons, solvants, appareils hors d’usage et bric-à-brac difficilement contrôlable.

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Beaucoup de règlements de copropriété reprennent d’ailleurs cette exigence de manière limpide : « usage pour stationnement uniquement ». La formule paraît banale, mais elle a une portée juridique bien réelle. La signature d’un règlement implique son respect ; se mettre en dehors de la règle, c’est prendre un risque qui ne se limite pas à un rappel à l’ordre poli en assemblée générale.

Signalétique « sortie » peinte en noir sur un mur blanc dans un parking souterrain lyonnais, éclairage néon et ambiance béton.
Dans ce parking de la Part-Dieu, la signalétique impose un flux clair : un exemple d’aménagement standard des parcs couverts.
Crédit : Lucas Gallone / Unsplash – CC0.
Puits cylindrique emblématique du parking des Célestins à Lyon, éclairages réguliers et ouvertures répétées sur plusieurs niveaux.
Le spectaculaire puits du parking des Célestins, œuvre phare intégrée à l’ouvrage souterrain lyonnais.
Crédit : Fred Romero / Flickr – CC BY 2.0.
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Pourquoi un carton anodin peut tout faire basculer en cas de sinistre

L’argument le plus entendu tient en une phrase : « Je n’ai mis que quelques cartons, c’est inoffensif. » Sauf que, lors d’un incendie, la présence de matériaux combustibles ou d’objets stockés change la donne. Un bidon d’huile oublié, une pile de magazines, des appareils électroniques entassés peuvent alimenter ou accélérer un feu, propager une fumée plus dense, compliquer l’intervention des secours et aggraver les dégâts. Mais l’essentiel se joue après, quand il faut indemniser.

Les assurances se réfèrent au cadre légal. Si le feu est aggravé par des objets entreposés non autorisés, la responsabilité du locataire ou du copropriétaire qui les a placés là peut être engagée. Concrètement, les biens brûlés ne seront pas remboursés, et l’occupant fautif peut être amené à participer aux réparations des parties communes, voire à indemniser des voisins touchés. On imagine rarement ce scénario lorsqu’on pousse une porte métallique pour déposer trois cartons. Pourtant, c’est précisément ce que vise à empêcher la règle : que le parking couvert ne devienne pas, par petites touches, un ailleurs où l’on entasse sans penser aux conséquences.

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Il faut aussi mesurer l’aspect probatoire : en sous-sol, un départ de feu est souvent plus difficile à analyser qu’en surface. La présence d’objets hors stationnement dans un box peut alors être l’élément qui oriente les conclusions, au détriment de celui qui a entreposé. Et, détail que peu de gens connaissent, une non-conformité manifeste aux règles de l’immeuble pèse lourd dans la discussion avec un assureur. Ce n’est pas qu’un débat de principes ; c’est une réalité financière.

« Ma copro ne dit rien » : l’argument qui peut coûter très cher

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Beaucoup découvrent l’interdiction en relisant la copropriété après un rappel du syndic. « Personne n’a jamais rien dit », « tout le monde le fait », « j’ai toujours vu des cartons dans ce sous-sol »… Ces arguments sont fréquents. Mais ils n’ont pas de valeur face au texte. Un usage toléré de fait ne vaut pas autorisation de droit. Et, en cas de sinistre, c’est l’écrit qui compte : le règlement de l’immeuble et la réglementation des parcs de stationnement couverts.

Le silence apparent de la copropriété s’explique souvent par la réalité du quotidien : un changement de syndic, des rotations d’occupants, la difficulté à contrôler chaque box… Ce n’est pas pour autant une caution. Une mise en demeure peut partir du jour au lendemain, avec obligation de vider le box sous peine de sanctions internes, et, en cas de récidive, de saisine de la justice. Là encore, pas besoin d’imaginer des dossiers spectaculaires. Il suffit qu’un voisin signale un dépôt encombrant ou que des agents constatent des matériaux manifestement interdits pour que la mécanique se mette en route.

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Cette fermeté a une raison simple : un parking souterrain n’est pas conçu pour héberger des boxes transformés en petites caves. Sa ventilation, ses dégagements, ses équipements de sécurité sont calibrés pour des véhicules. Y ajouter une charge combustible imprévisible, c’est dégrader le niveau de sécurité de tous. Et, fait moins connu, certains syndicats de copropriété assument désormais des positions plus strictes, précisément parce qu’ils mesurent le risque d’incendie et le coût d’un sinistre pour l’immeuble.

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Grilles vertes d’aération et d’accès du parking souterrain près de l’Hôtel de Ville d’Annecy, vue en perspective.
À Annecy, les structures d’aération des parkings enterrés s’intègrent au paysage urbain en surface.
Crédit : Guilhem Vellut / Flickr – CC BY 2.0.

Ce qu’on peut faire chez soi… et ce qui change en immeuble

Dans une maison individuelle, chacun reste maître chez soi, y compris dans son garage. Cela ne signifie pas qu’on puisse y faire n’importe quoi, mais la logique n’est pas la même : on ne se trouve pas sous des logements collectifs, et l’on ne partage pas un volume commun avec des voisins. En immeuble, la règle se durcit. Le fait que le box vous appartienne n’y change rien : il s’insère dans un ensemble, avec des prescriptions spécifiques et, surtout, une destination très claire : le stationnement.

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Ce point est souvent source de malentendus. Beaucoup imaginent qu’une porte basculante ou un rideau métallique confère une liberté sans limite. En réalité, cette séparation a pour objet de sécuriser un véhicule et d’éviter les intrusions. Elle n’autorise pas à transformer le box. Et, si la règle l’interdit, y renoncer n’est pas une option. D’où ces formulations explicites, plus fréquentes qu’on ne le croit : « usage pour stationnement uniquement ». Elles ne visent pas à compliquer la vie des occupants ; elles rappellent l’esprit du lieu et la contrainte légale.

On peut y voir une forme de frustration : l’espace existe, et il faudrait renoncer à l’utiliser pour gagner de la place chez soi. Mais c’est le prix de la sécurité commune. Et si l’on tient absolument à conserver des affaires, mieux vaut éviter l’idée reçue du box-garde-meuble. Sur ce terrain, les copropriétaires et locataires qui passent outre ne réalisent souvent la portée de leur choix que quand survient un incident. C’est alors le moment où la théorie se heurte au réel.

Rampe hélicoïdale d’un parking souterrain nantais, succession de pentes et de piliers, voitures stationnées au rez-de-chaussée.
À Nantes, une rampe double-hélice optimise l’accès aux niveaux souterrains sur un gabarit réduit.
Crédit : D4m1en – CC BY-SA 3.0.
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Rampe d’entrée d’un parking souterrain au centre de Paris, bâtiments haussmanniens et immeuble moderne au second plan.
En plein cœur de Paris, l’accès souterrain cohabite avec l’architecture haussmannienne et contemporaine.
Crédit : zoetnet / Flickr – CC BY 2.0.

L’addition possible : non-remboursement, responsabilités et litiges

Le pire scénario ? Croire qu’un stockage ponctuel ne causera aucun tort, et se retrouver, après un feu, face à un refus d’indemnisation pour les biens perdus. Selon les cas, l’occupant peut même être considéré comme ayant contribué à l’aggravation du sinistre. La conséquence : une part des réparations à supporter, des réclamations de voisins impactés, et une spirale de litiges avec le syndicat ou l’assureur. Tout cela pour quelques objets déposés « provisoirement ».

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Ce risque n’est pas limité aux produits ouvertement sensibles. Dans un parking couvert, des objets d’apparence banale peuvent attiser un feu. Une collection de journaux, des textiles, des cartons accumulés, des appareils hors d’usage avec batterie… Il ne s’agit pas de pointer du doigt, mais de rappeler une évidence : si l’on laisse la porte ouverte à ces entorses, on finit par créer un stock combustible qui n’a rien à faire là. Et c’est précisément ce que la réglementation cherche à éviter.

Mais saviez-vous que, même en l’absence d’incendie, cette non-conformité peut vous retomber dessus ? Un contrôle de l’immeuble à l’initiative du syndic peut entraîner une demande de mise en conformité immédiate, voire des frais si l’intervention nécessite du temps ou si des dégradations ont été causées aux parties communes. Beaucoup d’occupants tombent des nues en découvrant cette interdiction, alors qu’elle figure noir sur blanc depuis toujours. Le texte paraît anodin ; il est pourtant la clé qui peut faire basculer une situation d’apparence banale vers un vrai problème.

Que retenir ?

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Et la suite ? La discussion avec l’assurance et le syndicat s’annonce rarement simple. Chacun regardera ce que dit le règlement, si des objets non autorisés étaient présents, et si leur présence a joué un rôle. Dans ce contexte, la meilleure économie n’est pas de « gagner » quelques mètres carrés au sous-sol. C’est d’éviter la fausse bonne idée du box-débarras qui se transforme en boulet financier.

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