Un requin piégé dans des filets meurt par asphyxie
Un jour férié idéal pour la plage a failli virer au drame à Boucan Canot. Mardi 11 novembre, un requin bouledogue d’un peu plus de 2,10 m. Pour une centaine de kilos, s’est retrouvé coincé dans le filet anti-requin installé au large.
L’animal est mort d’asphyxie pendant l’intervention des plongeurs du Centre Sécurité Requin. Et la baignade interdite est maintenue sur le site, placé sous drapeau « risque requin ».
Un jour férié sous tension à Boucan Canot
En ce 11 novembre, jour férié, les conditions semblaient réunies pour profiter pleinement de la plage de Boucan Canot. Soleil, mer calme, fréquentation en hausse : beaucoup de familles et de vacanciers avaient prévu de se rafraîchir dans l’eau. Pourtant, derrière cette ambiance de carte postale, la vigilance restait maximale face au risque de rencontre avec un squale.
En milieu de journée, la sérénité a été brutalement interrompue. À seulement quelques mètres du rivage, un requin bouledogue a été repéré. Rapidement identifié par les équipes du Centre Sécurité Requin. L’animal évoluait dans l’axe du filet anti-requin. Ce dispositif installé précisément pour empêcher les squales de pénétrer dans l’aire de baignade aménagée.
Les témoins présents sur le sable racontent avoir vu, à distance, l’agitation des équipes et le ballet des plongeurs. Tandis que les usagers de la plage restaient prudemment sur la berge. Certains habitués relativisent, rappelant que l’océan est avant tout le territoire de ces animaux. Et qu’il faut accepter de « vivre avec » cette présence, en adaptant en permanence les comportements.
Crédit : Marie Vitali / Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0).
Un requin bouledogue pris au piège du filet
Le squale, long de 2,10 m pour environ 100 kg, a terminé sa course coincé dans le filet anti-requin. Tendu à quelques dizaines de mètres du bord. Pour les observateurs, la scène est impressionnante. Le corps massif de l’animal se débat, puis finit par se retrouver totalement piégé.
Des phrases rapportées sur place traduisent une forme de fatalisme mêlé de respect pour le prédateur. Certains baigneurs estiment qu’il faut « le laisser tranquille » et rappellent que la mer reste avant tout « sa maison ». Que l’on ne devrait pas aller se baigner trop au large. D’autres insistent sur la nécessité de rester « le plus prudent possible », requin ou pas, en respectant scrupuleusement les zones autorisées.
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Mais saviez-vous que ce type de filet ne vise pas à capturer systématiquement les squales. Mais d’abord à les empêcher physiquement d’entrer dans l’enceinte de baignade ? Dans ce cas précis, le dispositif a agi comme une barrière, mais l’animal s’est retrouvé irrémédiablement pris au piège, jusqu’à ne plus pouvoir bouger correctement.
Crédit : Gnangarra / Wikimedia Commons (CC BY 2.5 AU).
Le dispositif a fonctionné, le requin meurt d’asphyxie
Alerté, le Centre Sécurité Requin a déployé des plongeurs pour intervenir au niveau du filet anti-requin. Selon le directeur du centre, Willy Cail, le dispositif a parfaitement joué son rôle : le squale n’a jamais pu pénétrer dans la zone de baignade. En revanche, son immobilisation lui a été fatale.
Les requins doivent nager en permanence pour assurer le passage de l’eau sur leurs branchies. Bloqué dans les mailles, l’animal n’a plus pu se déplacer suffisamment pour respirer normalement. Il est mort d’asphyxie pendant l’intervention, sans avoir été abattu. Son corps a ensuite été décroché du filet, puis transporté vers le port de Saint-Gilles pour y être pris en charge.
Cet épisode relance la discussion sur les conséquences de ces dispositifs pour la faune marine. Officiellement, l’objectif du Centre Sécurité Requin est de réduire le risque pour les usagers tout en limitant au maximum les impacts sur les animaux. Dans ce cas précis, les responsables soulignent le fait essentiel : le filet a évité qu’un squale de plus de deux mètres se retrouve au milieu des baigneurs.
Crédit : Tybo2 / Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0).
Une plage sécurisée, mais toujours interdite à la baignade
Sur le plan politique local, l’affaire est immédiatement suivie de près. Conseiller municipal à Saint-Paul, Jean-François Nativel voit dans cet incident la preuve que les filets de protection peuvent réellement produire l’« effet répulsif » défendu de longue date. Selon lui, sécuriser de manière satisfaisante des sites comme Boucan Canot est la condition pour envisager, un jour, un assouplissement des restrictions.
Ce détail que peu de gens connaissent : l’interdiction de baignade y dure depuis plus de douze ans, une période exceptionnellement longue pour une plage aussi emblématique. Malgré l’efficacité revendiquée du dispositif, les autorités ne prennent aucun risque.
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Dès le lendemain matin, le drapeau « risque requin » flotte toujours sur le site. La baignade interdite est reconduite jusqu’à nouvel ordre, le temps que les équipes du Centre Sécurité Requin analysent l’événement et s’assurent de l’absence de autres squales à proximité immédiate. Les usagers doivent se contenter du sable ou d’une simple marche le long du rivage, sans possibilité de se mettre à l’eau dans la zone surveillée.
Crédit : Parchaco / Wikimedia Commons
Une série d’observations de squales sur les côtes réunionnaises
Cet épisode ne survient pas isolément. Il s’agit déjà de la sixième observation de requin recensée sur les côtes réunionnaises depuis le début du mois de novembre. En quelques jours, la succession de signaux renforce l’idée d’une présence régulière de squales près du littoral, surtout dans certaines conditions météo et de houle.
Pour les habitants, cette répétition entretient un climat de vigilance permanente. Entre passion pour l’océan et prudence, chacun ajuste sa pratique : certains renoncent purement et simplement aux sports de glisse, d’autres concentrent leurs sorties sur les zones encadrées par des dispositifs comme les filets de protection ou les vigies. Beaucoup se tournent vers les informations publiées par le Centre Sécurité Requin pour suivre l’évolution du risque.
Dans ce contexte, le cas de Boucan Canot illustre la complexité de la cohabitation avec les squales. Oui, le filet a empêché un requin bouledogue d’entrer dans la zone de baignade, mais l’épisode rappelle aussi que ces dispositifs n’éliminent pas complètement le danger. Ils constituent une couche de sécurité supplémentaire, qui ne dispense pas les usagers d’une extrême prudence, ni les autorités d’une surveillance constante.
Crédit : Gnangarra / Wikimedia Commons (CC BY 2.5 AU).
Vers davantage de filets sur le littoral réunionnais ?
À la suite de cet incident, Willy Cail, directeur du Centre Sécurité Requin, explique que le fonctionnement du dispositif encourage à réfléchir à un déploiement de filets de protection dans d’autres communes. L’idée n’est pas nouvelle, mais elle semble renforcée par la manière dont Boucan Canot a été « protégé » ce jour-là.
Concrètement, chaque nouvelle installation pose des questions d’aménagement, de coût et d’acceptabilité locale. Faut-il multiplier ces filets pour rassurer les usagers et redonner vie à certains spots ? Ou les réserver à quelques plages stratégiques, en acceptant que certaines zones restent durablement interdites à la baignade ? Le débat reste ouvert, et l’épisode du 11 novembre apporte un argument supplémentaire en faveur de cette sécurisation renforcée.
Pour les élus comme Jean-François Nativel, l’objectif à long terme reste clair : « sécuriser convenablement les plages » afin de pouvoir, un jour, espérer lever l’interdiction qui frappe Boucan Canot depuis plus de douze ans. Mais, pour l’instant, la réalité est plus brutale.
La révélation finale, c’est que malgré le rôle jugé exemplaire du filet anti-requin ce jour-là, aucun calendrier de réouverture de la baignade n’est avancé à Boucan Canot. La plage reste officiellement fermée pour la baignade, sous drapeau « risque requin », et les Réunionnais doivent encore composer avec cette nouvelle illustration d’une sécurité prioritaire sur le retour à la normale.