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Pourquoi un requin s’est-il échoué sur une plage de Saint-Malo ?

Publié par Killian Ravon le 19 Sep 2025 à 13:58

Sur la grande plage du Sillon, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), la matinée de ce mercredi 17 septembre 2025 a pris une tournure inattendue. À hauteur des Thermes Marins, des promeneurs ont aperçu, gisant sur le sable humide. La dépouille d’un requin rejeté par la mer. La scène, peu fréquente pour les habitués, a rapidement attiré les curieux. L’animal, d’environ un mètre, semblait avoir été déposé là par la dernière marée. Sans trace de lutte apparente autour de lui.

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Requin échoué partiellement recouvert de sable, allongé sur la plage humide avec des algues éparses.

Dans ces moments, l’émotion et la curiosité se mêlent. Certains immortalisent, d’autres s’interrogent. Les réseaux locaux bruissent vite de questions simples et légitimes. D’où vient-il, que s’est-il passé, faut-il s’inquiéter pour la baignade ou les activités nautiques sur ce secteur réputé familial du littoral malouin ?

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Un échouage qui surprend… sans être exceptionnel pour la côte malouine

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À première vue, voir un requin sur la plage peut impressionner. Mais les spécialistes le répètent : la présence ponctuelle de petits squales sur nos rivages n’est pas une anomalie. Les eaux de la Manche accueillent diverses espèces discrètes, qui passent la plupart du temps inaperçues. Ces animaux suivent leurs proies, se laissent porter par les courants. Et, parfois, finissent trop près des côtes lorsque la météo, la houle ou l’activité humaine s’en mêlent.

L’épisode de ce mercredi intervient dans une zone fréquentée, entre digue et mer, où l’on croise joggeurs, familles et surfeurs. Cette proximité renforce l’effet de surprise. Pourtant, pour les associations naturalistes, le scénario observé entre Sillon et Thermes Marins reste cohérent avec ce que l’on connaît des petits requins présents dans nos eaux.

Étendue de sable de la plage du Sillon à Saint-Malo à marée basse, vue large.
Saint-Malo, la plage du Sillon à marée basse, ciel voilé sur l’estran. © Wikimedia/CC0
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« Capture accidentelle » et remise à l’eau : la piste la plus plausible

L’hypothèse d’une capture accidentelle par un bateau de pêche. Suivie d’un relâcher, est évoquée par les spécialistes lorsqu’un squale est retrouvé mort si près du trait de côte. Un engin de pêche peut accrocher un animal non ciblé, le remonter, puis le rejeter vivant lorsqu’il n’est pas conservé. S’il est affaibli, blessé ou simplement désorienté, l’animal peut dériver et s’échouer sur l’estran quelques heures plus tard.

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Ce scénario n’implique pas de danger particulier pour le public. Il illustre plutôt la vie quotidienne d’une mer côtière active, où coexistent activités humaines et faune sauvage. Et il rappelle que, même en 2025, nos connaissances sur certaines espèces côtières restent lacunaires. Particulièrement lorsqu’il s’agit de suivre précisément le destin d’un individu entre capture, remise à l’eau et échouage.

Vue historique de la plage de Saint-Malo à marée basse.
Saint-Malo à marée basse, tirage photochrome historique. © Library of Congress/DP

Un précédent marquant : une rencontre filmée à Saint-Coulomb

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Dans la région malouine, l’intérêt pour ces petits squales ne date pas d’hier. À Saint-Coulomb, à l’automne dernier, le plongeur Romain Frogé avait filmé une rencontre étonnante, à seulement une vingtaine de mètres de la côte. La vidéo, largement partagée localement, montrait un animal calme, fuyant rapidement le contact. Et rappelait une réalité souvent méconnue. La plupart de ces requins sont farouches, et ne recherchent pas la présence humaine.

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Cette séquence avait déjà mis en lumière le décalage entre l’image de « prédateur » souvent associée au mot requin. Et le comportement réel de nombreuses espèces côtières, petites, discrètes et spécialisées sur des proies modestes comme les poissons ou les céphalopodes.

Ce que l’on sait des requins côtiers observés près de nos plages

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Les petits requins qui fréquentent nos côtes se distinguent par leur morphologie allongée, leur dentition fine adaptée à de petites proies et un comportement fuyant. Leur capacité à parcourir de longues distances en fait de véritables voyageurs. Ils profitent des zones riches en nourriture, longent les fonds sableux ou rocheux, et passent le plus clair de leur temps loin des baigneurs.

Ces espèces sont parfois confondue(s) entre elles, notamment avec l’émissole tachetée, un autre petit squale présent en Manche. La confusion tient à des silhouettes proches et à des motifs peu visibles sur un animal échoué, souvent recouvert de sable humide et altéré par le temps passé hors de l’eau. D’où la nécessité d’un regard expert pour poser un nom fiable.

Plage du Sillon à Saint-Malo avec lumière douce et horizon marin.
La plage du Sillon sous un ciel lumineux, Saint-Malo. © Wikimedia/CC0
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Une espèce discrète, classée « vulnérable » à l’échelle européenne

À l’échelle européenne, l’état de conservation de ces squales interpelle. L’espèce en question est considérée comme « vulnérable » au niveau continental. En France, le manque de données rend cependant difficile l’établissement d’un niveau de menace précis. On sait qu’elle subit, comme d’autres, les pressions de la pêche et de la dégradation des habitats, mais l’absence d’un suivi exhaustif complique les évaluations.

Cette faiblesse des données s’explique par la nature même de l’animal, discret, mobile, rarement observé de près. Elle rend d’autant plus précieuses les informations transmises par les promeneurs, les plongeurs, ou les professionnels de la mer, dès lors qu’elles sont relayées à des structures capables d’en faire une lecture scientifique.

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Le rôle des associations : observer, identifier, expliquer

Installée à Brest, l’Apecs joue un rôle essentiel de pédagogie et de médiation scientifique. Lors d’épisodes comme celui de Saint-Malo, ses experts sont sollicités pour identifier l’espèce, expliquer son comportement, et replacer l’événement dans un contexte plus large. Cette approche factuelle permet de désamorcer l’inquiétude et d’éviter les extrapolations.

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En rappelant que ces petits squales sont inoffensifs, en expliquant les causes probables de l’échouage, et en situant l’observation parmi d’autres signalements récents sur la côte d’Ille-et-Vilaine, ces structures contribuent à une meilleure cohabitation entre usagers de la mer et faune sauvage.

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Spécimen de requin hâ en exposition, gros plan de la tête.
Requin hâ (Galeorhinus galeus), spécimen de musée. © Tylwyth Eldar/CC BY-SA

Faut-il s’inquiéter pour la baignade ou les sports nautiques ?

La réponse est non. L’espèce en cause est réputée inoffensive. Elle se nourrit de poissons, évite l’homme, et prend la fuite lorsqu’elle est surprise en eau peu profonde. L’épisode relaté à Saint-Coulomb l’illustrait déjà, avec un animal qui n’a pas cherché le contact et s’est écarté rapidement.

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Comme toujours, quelques règles de bon sens s’appliquent : ne pas manipuler un animal échoué, prévenir les autorités compétentes ou une association spécialisée lorsque l’on fait une découverte, et éviter de s’approcher trop près d’un spécimen encore vivant pour ne pas le stresser davantage. Sur la plage du Sillon, ce mercredi, l’animal était mort au moment de la découverte.

Pourquoi ces échouages restent-ils difficiles à décrypter ?

Même lorsque l’on dispose d’un témoignage, d’une photo et d’un lieu précis, relier un échouage à une cause unique relève souvent de l’enquête. La météo, l’état de mer, la présence de filets, la fatigue de l’animal ou une blessure ancienne peuvent s’additionner. La piste de la capture accidentelle puis du relâcher figure en tête des explications plausibles, mais elle coexiste avec d’autres facteurs environnementaux.

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C’est pourquoi les spécialistes insistent sur la collecte d’informations et la comparaison dans le temps. Chaque signalement alimenté d’éléments concrets — date, heure, marée, localisation, conditions — enrichit le tableau d’ensemble, y compris lorsqu’il s’agit d’un petit mâle échoué, comme ce mercredi, estimé à environ un mètre.

Paysage de plage avec silhouette de requin symbolique.
Plage et silhouette de requin : image d’illustration. © Pixabay

Ce qu’il faut retenir avant de nommer l’espèce

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À Saint-Malo, l’épisode du 17 septembre rappelle surtout que nos côtes sont des espaces vivants où passent des espèces étonnantes et souvent mal connues. Les échouages, rares mais visibles, nous donnent à voir ce qui se joue d’ordinaire sous la surface. Ils ne disent pas danger, mais présence. Ils n’appellent pas la peur, mais la curiosité informée.

Et maintenant, après vérification par un organisme compétent, place au point clé qui répond à la question que tout le monde se pose depuis le début.

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Voici l’info clé

Contactée par le média local Le Pays Malouin, l’Apecs confirme qu’il s’agissait bien d’un requin-hâ, mâle, retrouvé mort sur la plage du Sillon à Saint-Malo, ce mercredi 17 septembre 2025. L’animal, d’environ un mètre, inoffensif pour l’homme, appartient à une espèce capable de grands déplacements et classée « vulnérable » à l’échelle européenne. Selon Éric Stephan de l’Apecs, la capture accidentelle suivie d’un relâcher figure parmi les explications les plus plausibles pour comprendre son échouage à hauteur des Thermes Marins. L’espèce est parfois confondue avec l’émissole tachetée, et demeure mal connue en France faute de données suffisantes.

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