Chocolats Lindt introuvables chez Leclerc : Michel-Édouard Leclerc dénonce « une très grosse augmentation »
À quelques semaines de Noël, les chocolats de Noël Lindt brillent par leur absence dans les rayons E.Leclerc. En cause, un bras de fer tarifaire entre l’enseigne française et le chocolatier suisse, qui n’ont pas encore trouvé de terrain d’entente.
Invité sur BFMTV, Michel-Édouard Leclerc assure pourtant que les discussions vont aboutir et que les clients retrouveront bien leurs chocolats préférés d’ici les fêtes.
Des chocolats de Noël introuvables chez Leclerc
Pour l’instant, les boîtes de Lindor, Pyrénéens et Champs-Élysées manquent toujours à l’appel dans les supermarchés E.Leclerc. Les produits de fête de Lindt sont notamment concernés, ce qui surprend de nombreux habitués qui commencent à préparer leurs achats de fin d’année. Le sujet a été mis en lumière par la presse régionale, avant d’être confirmé par l’enseigne elle-même.
Ce détail que peu de gens connaissent, c’est que ces références de saison représentent un enjeu bien plus symbolique qu’il n’y paraît. Elles signalent, pour beaucoup de foyers, le véritable lancement de la période de Noël dans les magasins. Leur absence alimente donc assez vite les discussions sur les réseaux sociaux, mais aussi en caisse, où les clients interrogent les équipes sur ce manque très visible.
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Un bras de fer autour d’une « très grosse augmentation »
Au cœur de la tension, il y a des négociations commerciales qui patinent. Sur BFMTV, Michel-Édouard Leclerc a expliqué que l’enseigne discutait chaque année avec près de 7 000 industriels et fournisseurs. Dès lors, le fait qu’un seul d’entre eux soit autant cité dans les médias laisse penser, selon lui, qu’un « petit lobby » s’active en coulisses pour mettre la pression.
Le patron du comité stratégique des centres E.Leclerc affirme que Lindt réclame « une très grosse augmentation » sur ses tarifs. Pour lui, il est donc normal de prendre le temps de négocier plutôt que d’accepter la hausse de manière automatique. Derrière ce bras de fer, l’enjeu est clair : éviter de répercuter trop brutalement ces nouveaux prix sur les clients, déjà fragilisés par une succession de hausses ces derniers mois.
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Dans ce contexte, Michel-Édouard Leclerc insiste sur une ligne rouge. Selon lui, l’enseigne refuse d’être « la cause d’une taxation des consommateurs ». Autrement dit, Leclerc veut se présenter comme un filtre entre les demandes des industriels et le portefeuille des ménages, quitte à retarder l’arrivée de certains produits dans les rayons. Mais saviez-vous que, bien souvent, ces négociations de fin d’année se jouent jusqu’à la dernière minute, parfois à quelques jours seulement de Noël ?
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Le cacao flambe, mais le chocolat doit rester « accessible »
Pour justifier leurs hausses, les fabricants mettent en avant la hausse du cacao, elle-même largement commentée depuis plusieurs années. Le porte-parole de l’enseigne reconnaît d’ailleurs que le coût des matières premières a fortement grimpé. Cependant, il estime que cette réalité ne doit pas servir de prétexte à toutes les augmentations et que certaines demandes peuvent aller au-delà de ce qui paraît acceptable pour le client final.
L’enjeu, répète-t-il, est que le chocolat reste un produit plaisir à portée du plus grand nombre. Alors que de nombreux foyers arbitrent déjà leurs dépenses, le risque serait que des références emblématiques deviennent peu à peu inaccessibles et que les boîtes de fin d’année se transforment en petit luxe réservé à une minorité. L’expression pouvoir d’achat revient ainsi au cœur du débat, tant chez les distributeurs que chez les marques.
Ce bras de fer illustre aussi une tension plus large dans la grande distribution. D’un côté, les industriels cherchent à préserver leurs marges face aux hausses de coûts.
De l’autre, les enseignes se savent observées sur leurs prix en rayon, notamment sur des produits très visibles comme les chocolats de Noël, les calendriers de l’Avent ou les bûches glacées. Chaque geste tarifaire devient donc un signal envoyé aux clients, mais aussi un argument de communication pour les marques comme pour les distributeurs.
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Le choix du consommateur au centre du jeu
Dans cette séquence très médiatisée, Michel-Édouard Leclerc rappelle qu’il ne s’agit pas de « casser » une marque en particulier. Il glisse néanmoins que d’autres fournisseurs auraient été « plus raisonnables » dans leurs demandes, laissant entendre que toutes les enseignes ne se retrouvent pas dans la même situation que Lindt. Une manière de dire que les rayons ne resteront pas vides pour autant, même sans ces produits-phares.
Selon lui, « le consommateur choisira ». Si les chocolats d’une marque connue deviennent sensiblement plus chers, les clients pourraient se tourner vers d’autres références, voire vers des marques de distributeur. Dans un contexte d’inflation alimentaire, les arbitrages se renforcent : on garde parfois la même enveloppe budgétaire pour Noël, mais on modifie la composition du panier, en réduisant le nombre de boîtes ou en changeant de gamme.
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Ce que peu de gens mesurent, c’est l’effet d’image pour les acteurs concernés. Pour Lindt, ne plus être présent dans les rayons de Noël d’un poids lourd comme E.Leclerc peut faire naître des interrogations sur sa stratégie tarifaire. Pour Leclerc, rester ferme sur ces prix permet de conforter sa posture d’enseigne attentive au pouvoir d’achat, au risque toutefois de voir certains clients déçus de ne pas retrouver immédiatement leurs chocolats favoris.
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Quand les marques de fête deviennent un symbole
Les chocolats de saison, les boîtes assorties et les calendriers garnis sont devenus, au fil du temps, un repère dans les courses de fin d’année. Ils se retrouvent en tête de gondole, près des caisses, et occupent une place disproportionnée par rapport à leur poids réel dans le budget. C’est ce qui explique pourquoi un simple désaccord commercial sur des produits de fête prend aussi vite une dimension nationale.
Dans cette histoire, il ne s’agit donc pas seulement de savoir si l’on pourra acheter ses Lindor ou ses Pyrénéens habituels. C’est tout un imaginaire de Noël qui est en jeu, avec des références que l’on s’offre d’année en année, en famille ou au travail. Lorsque ces produits disparaissent temporairement des rayons, c’est une partie de ce petit rituel qui semble vaciller, d’où l’écho immédiat du sujet dans les médias.
Au passage, cette affaire rappelle aussi le rôle central des marques nationales dans les stratégies des enseignes. Même si les marques propres des distributeurs gagnent du terrain, certaines signatures comme Lindt restent très puissantes dans l’esprit des consommateurs. Les voir s’absenter, même brièvement, revient à donner à voir publiquement la face cachée des contrats commerciaux, d’ordinaire négociés loin des regards.
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Ce que les clients peuvent attendre d’ici Noël
Malgré les tensions, le discours officiel reste rassurant. Michel-Édouard Leclerc l’a répété : il y aura bien du Lindt dans les magasins E.Leclerc. Les discussions se poursuivent et l’enseigne considère qu’un compromis finira par émerger, même si elle refuse, pour l’instant, de dévoiler des détails chiffrés. Selon lui, dans ce type de bras de fer, « celui qui se dévoile trop tôt perd », d’où une certaine prudence dans la communication.
Concrètement, les clients pourraient donc voir les rayons évoluer rapidement une fois l’accord signé. Les références de Noël encore manquantes seraient alors réintroduites par vagues, au fur et à mesure des livraisons. En attendant, d’autres marques de chocolats et des alternatives déjà présentes tentent de capter l’attention, parfois avec des promotions ciblées.
La vraie révélation, c’est que derrière ce feuilleton très commenté, Michel-Édouard Leclerc a déjà donné la clé de la fin de l’histoire : en assurant publiquement qu’« on va trouver un accord » et qu’« il y aura du Lindt dans les centres E.Leclerc », il acte de fait le retour annoncé des chocolats de Noël du géant suisse dans les rayons, sans doute juste à temps pour les fêtes.