Livret A : vers un taux au plus bas début 2026 ? Ce que cela change pour votre épargne
Le Livret A reste le placement préféré des Français. Facile à ouvrir, garanti par l’État, disponible à tout moment, il sert d’outil de trésorerie autant que de matelas de sécurité.
Son taux, révisé régulièrement, impacte des millions d’épargnants et pèse sur des secteurs entiers du financement public, du logement social aux infrastructures locales.
Comment est calculé le taux désormais
Depuis la réforme entrée en vigueur en 2020, la formule retient la moyenne semestrielle de l’inflation hors tabac et du taux monétaire €STR, avec un plancher à 0,5 %. La Banque de France applique la formule, propose un taux, puis le gouvernement tranche. Autrement dit, il existe un taux théorique et un taux effectif qui peut s’en écarter marginalement pour des raisons de stabilité économique.
Ce qui a déjà changé en 2025
L’année 2025 a marqué un coup de frein : après une première baisse, le taux du Livret A a glissé à 1,7 % au 1er août 2025, emportant dans son sillage le LDDS. Le LEP, davantage protecteur pour les ménages modestes, a été ajusté à 2,7 %. Cette trajectoire reflète un contexte d’inflation retombée et de taux directeurs en reflux progressif.
Pourquoi un nouveau recul est jugé probable
Deux forces tirent vers le bas. D’abord, la désinflation. Ensuite, la détente des taux monétaires à court terme, visible dans la moyenne de l’€STR. En combinant ces paramètres, la formule aboutit à un résultat inférieur au niveau actuel, ce qui nourrit l’hypothèse d’un taux plus bas au début 2026.
Ce que signifie un taux plus bas pour votre pouvoir d’achat
À 1,7 %, puis potentiellement plus bas en 2026, le rendement réel du Livret A face à l’inflation actuelle reste faible mais positif si la hausse des prix demeure très contenue. Dans le cas d’une inflation remontant au-dessus du taux servi, votre pouvoir d’achat de précaution s’érode malgré tout, même si le capital est sécurisé.
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Faut-il quitter le Livret A pour autant ?
Non, pas forcément. Le Livret A demeure imbattable pour la liquidité instantanée, l’absence de fiscalité et la sécurité totale du capital. Il fonctionne comme un compte d’attente : on y place l’épargne de précaution et les flux de court terme avant de réallouer ce qui excède le coussin de sécurité vers d’autres supports.
Où placer ce qui dépasse l’épargne de précaution
Quand votre épargne de précaution est déjà constituée, plusieurs pistes existent, chacune avec ses risques. Les fonds en euros de l’assurance vie profitent du reflux des taux obligataires et peuvent, à moyen terme, offrir un rendement supérieur, mais sans garantie de constance. Les OPC obligataires de courte durée accompagnent la normalisation monétaire, avec une volatilité maîtrisée mais réelle. Les supports actions ou immobiliers introduisent davantage d’aléas, à réserver à un horizon plus long, avec une diversification rigoureuse.
Le cas particulier du LEP
Pour les foyers éligibles, le LEP reste un allié précieux : un taux historiquement plus protecteur que le Livret A, un plafond plus bas mais suffisant pour l’épargne de précaution des ménages modestes, et la même fiscalité nulle. Vérifier votre éligibilité peut améliorer sensiblement le rendement net de votre poche sécurisée.
Pourquoi la décision finale peut encore surprendre
Même quand la formule donne un chiffre, l’arbitrage final tient compte de l’environnement macroéconomique, du financement du logement social, de la dynamique de la consommation et du comportement d’épargne des ménages. Un « coup de pouce » ou un arrondi peuvent donc intervenir à la marge, pour lisser les à-coups.
Ce que doivent faire les épargnants d’ici là
Rationaliser votre coussin de sécurité en calculant vos dépenses essentielles de 3 à 6 mois reste la priorité. Au-delà de ce seuil, vous pouvez ventiler l’excédent vers des solutions diversifiées, par palier, et par horizon de placement. L’objectif n’est pas de chronométrer les taux, mais d’adapter l’allocation au risque que vous acceptez réellement.
L’effet psychologique d’un taux bas
Un Livret A moins rémunérateur incite certains ménages à consommer davantage, d’autres à rechercher du rendement ailleurs. Or, se précipiter vers des supports mal compris expose à des mauvaises surprises. Mieux vaut une progression graduelle, documentée, que des paris impulsifs.
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Impact pour le logement social et les collectivités
Le Livret A finance en grande partie le logement social via la Caisse des dépôts. Un taux plus bas abaisse le coût de financement mais peut aussi peser sur la collecte si les ménages déplacent leur épargne. Les décideurs publics doivent donc maintenir un équilibre entre attractivité pour les épargnants et soutenabilité pour les projets.
Ce qu’il faut retenir maintenant
Le Livret A n’est pas un produit de performance mais un outil de sécurité. Sa mission est d’absorber les chocs personnels et de rester disponible. Acceptez son rendement modéré, et organisez autour de lui une stratégie par objectifs : court terme sécuritaire, moyen terme diversifié, long terme potentiellement dynamique.
Calendrier et coulisses de la décision
La Banque de France calcule d’abord le taux théorique du Livret A à partir de la moyenne semestrielle de l’inflation et de l’€STR. Elle transmet ensuite une proposition au gouvernement, qui arbitre selon l’état de la collecte, le financement du logement social et la conjoncture. L’annonce intervient traditionnellement quelques jours avant l’échéance, afin que les établissements mettent à jour leurs systèmes et leurs supports d’information.
Ce calendrier explique les écarts possibles avec la formule. En période de désinflation rapide, un arrondi peut lisser la baisse pour éviter des à-coups sur l’épargne de précaution. À l’inverse, si l’inflation surprend à la hausse, un maintien temporaire du niveau peut préserver la visibilité, quitte à ajuster plus franchement au semestre suivant.
Combien ça rapporte en vrai ? Trois cas concrets
Avec un taux compris autour de 1,5 à 1,7 %, un coussin de 5 000 euros sur Livret A génère autour de 75 à 85 euros d’intérêts par an, nets d’impôts et disponibles à tout moment. À 10 000 euros, l’ordre de grandeur grimpe entre 150 et 170 euros, ce qui reste modeste mais sécurisé. Sur 22 950 euros, le plafond réglementaire, l’intérêt annuel tourne entre 345 et 390 euros, sous réserve d’un taux inchangé toute l’année.
Ces montants doivent être mis en regard d’une inflation toujours présente, même atténuée. Si la hausse des prix reste inférieure au taux servi, le rendement réel redevient faiblement positif, ce qui valide l’usage du Livret A comme réserve de court terme. Si l’inflation dépassait le taux, il serait pertinent d’examiner le LEP pour les foyers éligibles, ou de ventiler une partie de l’excédent vers des supports plus diversifiés adaptés à un horizon plus long.
Le taux probable au 1er février 2026
Plusieurs estimations convergent vers un taux probable de 1,5 % pour le Livret A au 1er février 2026, sous réserve de l’arbitrage gouvernemental final et d’une inflation qui resterait contenue. Autrement dit, un niveau plancher depuis la réforme, conforme à la formule et à la détente des taux.