Excès de vitesse : 20 km/h de trop qui se transforment en 7 500 € d’amende
Sur l’autoroute A555 qui relie Wesseling à Rodenkirchen, la circulation est dense mais fluide en ce soir de mars 2025. Les panneaux rappellent la limitation à 100 km/h ; pourtant, une conductrice file à 120 km/h.

Le radar crépite, enregistré, classé : un excès de vitesse de 20 km/h, sanction théorique 60 €. C’est le quotidien des routes allemandes, où la rigueur administrative est réputée infaillible.
Une portion pourtant familière
Cette section de l’A555 traverse la périphérie de Cologne. Elle n’a rien d’un tronçon sans surveillance : radars fixes, patrouilles occasionnelles et balises lumineuses jalonnent la chaussée. Les usagers savent que chaque dépassement de la limite peut déclencher un avis de contravention. Pour la plupart, la perspective d’une petite amende suffit à lever le pied. Ce soir-là, la conductrice confesse plus tard n’avoir pas vu le panneau ou avoir « légèrement relâché son attention ».
Le flash reste anodin… en apparence
Quiconque a déjà été flashé connaît la petite appréhension qui suit. On calcule mentalement la vitesse, puis on se rassure : quelques kilomètres-heure au-dessus, rien de dramatique. L’intéressée se fait la même réflexion. À ce stade, elle ignore que sa photo vient d’être propulsée dans un vortex bureautique qui va la projeter hors des barèmes classiques.
Quelques jours plus tard, le choc
Lorsque la lettre recommandée arrive, la conductrice pense d’abord à la routine : payer avant le délai, éviter la majoration. Elle décachette l’enveloppe, lit la sommation et son regard se fige. Là où elle s’attendait à 60 €, elle découvre 7 500 €. Même en Allemagne, pays aux règles strictes, un tel montant pour 20 km/h paraît surréaliste. Sa première réaction est l’incrédulité : faute de frappe ? canular ? phishing ? Pourtant, tout est authentique : logo officiel, numéro de dossier, référence radar.
Un montant hors gabarit
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Les barèmes allemands sont publics : 20 km/h au-dessus de la limite coûte 60 €, assortis de deux points et, parfois, d’une suspension brève. Le chiffre imprimé dépasse ces plafonds de plus de cent fois. L’hypothèse d’une erreur de saisie s’impose. La victime tente de joindre la mairie, mais se heurte à des lignes saturées. Chaque jour de silence rapproche la somme gargantuesque d’une mise en recouvrement forcé.
Bug informatique ou doigt qui glisse ?
Face à la presse, la ville de Cologne confirme l’existence de l’amende mais refuse tout détail au nom de la confidentialité des dossiers. Dans les couloirs, plusieurs agents évoquent une panne de logiciel : une virgule mal placée dans la base de données multiplierait certains montants. D’autres parlent d’une simple faute de frappe : saisir 7 500 au lieu de 75,00. Les deux scénarios sont crédibles ; aucun n’est officiellement retenu.
La parole de l’expert
Me Tom Louven, avocat en droit routier, suit de près les anomalies de ce type. Il explique que les plateformes de contraventions automatisent tout, de la lecture optique de la plaque jusqu’à l’émission du PV. « La chaîne est performante, mais elle dépend de l’humain à la saisie finale », rappelle-t-il. Une poignée de cas similaires lui parviennent chaque année ; la plupart se règlent à l’amiable, mais certains finissent devant le tribunal administratif.
Contester, mode d’emploi express
En Allemagne comme en France, la contestation doit être claire, argumentée et envoyée dans les délais. Le conducteur réunit donc photo radar, barème officiel, copie de carte grise, puis rédige une demande d’annulation. Le principe est simple : prouver le décalage entre l’infraction réelle et le montant exigé. Plus la requête part vite, moins l’administration a de temps pour enclencher les poursuites.
Les délais, un piège redoutable
Le courrier mentionne 14 jours pour régler ou contester. Au-delà, l’amende peut être majorée automatiquement, voire transférée à un service de recouvrement, ce qui complique tout. La conductrice agit le lendemain même : recommandé avec accusé de réception, photocopies, double au ministère public. Dans son esprit, chaque heure compte : après tout, 7 500 € équivalent à plusieurs mois de salaire.
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Cologne sous pression médiatique
L’affaire suscite l’intérêt des médias locaux ; la mairie se retrouve sommée d’expliquer comment un tel chiffre a pu s’imprimer. Les porte-parole évoquent « un incident isolé » sans dévoiler le fond. Entre-temps, des internautes rapportent des mésaventures analogues, alimentant la rumeur d’un bug généralisé. Les autorités assurent pourtant que « les systèmes sont vérifiés » et qu’« aucun dysfonctionnement massif » n’est connu.
Pourquoi ces erreurs survivent
Malgré la numérisation, les flux d’information passent encore par des mains humaines : relecture, validation, mise sous pli. Un simple glissement de curseur peut transformer 60,00 en 6 000 ; un mauvais séparateur décimal change 75,00 en 7 500. Les logiciels financiers n’aiment pas les virgules flottantes. Sans contrôle manuel rigoureux, la bévue se glisse jusqu’au courrier final.
Les conducteurs, premières victimes
Pour l’usager, tout se joue souvent entre la panique et la procrastination. Une somme astronomique pousse certains à ignorer la missive, d’autres à la jeter. Erreur : l’administration ne badine pas. Une fois la majoration engagée, contester devient plus long, plus cher, plus frustrant. L’histoire de la conductrice met en lumière ce risque latent dont beaucoup méconnaissent l’ampleur.
Respecter les règles, solution radicale
Tom Louven le martèle : « Le meilleur bouclier reste le respect des limites ». Même si 20 km/h de trop semblent anodins, c’est l’écart qui déclenche la cascade papier. Un conducteur à 98 km/h n’aurait jamais découvert ce numéro à quatre chiffres. À défaut d’éradiquer les erreurs, il est possible de les contourner par une prudence systématique.
Des cas similaires ailleurs en Europe
L’incident de Cologne n’est pas un cas isolé. En France, début 2024, un automobiliste a contesté une amende de 6 000 € pour un excès de 10 km/h, somme ramenée à 45 € après vérification du barème officiel. En Espagne, un bug informatique a multiplié par dix le montant d’une infraction relevée par un radar mobile, avant qu’une réclamation ne remette les compteurs à zéro. Ces précédents illustrent que, malgré la numérisation, l’erreur humaine ou logicielle conserve un impact majeur sur la vie des conducteurs.
Après quinze jours d’incertitude, la mairie de Cologne reconnaît officiellement la bourde : un caractère mal placé a multiplié l’amende par cent. Le dossier est réajusté, la somme retombe à 60 €, frais de dossier offerts. La conductrice aura tremblé pour rien, ou presque ; elle conserve la lettre erronée comme souvenir, preuve tangible qu’un simple bug peut transformer un petit excès de vitesse en gouffre financier. Voilà qui rappelle qu’en matière de radars, chaque chiffre compte et que la vigilance reste le meilleur coéquipier de la route.
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