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Stationnement : cette nouvelle règle autour des passages piétons qui va tout changer à Paris

Publié par Killian Ravon le 27 Nov 2025 à 0:35

La ville de Paris s’apprête à revoir en profondeur la façon dont les voitures se garent au pied des passages piétons. Une nouvelle loi impose en effet de supprimer les places de stationnement situées à moins de cinq mètres de chaque passage. Avec une mise en œuvre prévue d’ici fin 2026.

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Rue parisienne avec passage piéton dégagé, piétons traversant et voitures garées plus loin pour illustrer la nouvelle règle.
À Paris, les abords des passages piétons se vident peu à peu des voitures pour laisser davantage de place aux piétons.

Derrière ce changement très concret sur les trottoirs se joue un enjeu central. La protection des piétons dans un contexte où plusieurs centaines d’entre eux meurent encore chaque année. Sur les routes françaises.

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Grande intersection urbaine avec passages piétons et foule traversant la chaussée, montrant la cohabitation entre voitures et piétons.
À proximité des passages piétons, la visibilité entre conducteurs et piétons devient un enjeu majeur.
Crédit : Pixabay / Pexels
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Une nouvelle règle qui rebat les cartes autour des passages piétons

Concrètement, la loi prévoit qu’aucun véhicule ne pourra plus être stationné à moins de cinq mètres d’un passage piéton. Toutes les places marquées dans cette zone devront donc disparaître ou être reconfigurées. L’objectif est simple. Libérer le champ de vision entre les automobilistes. Et les personnes qui s’apprêtent à traverser. Là où aujourd’hui des voitures garées masquent souvent la vue.

Ce durcissement intervient dans un contexte préoccupant. Chaque année, environ 450 piétons perdent la vie en France. Principalement en agglomération, là où se concentrent pourtant la majorité des aménagements. Censés protéger les plus vulnérables. Les chiffres rappellent que la sécurité des piétons reste l’un des points noirs de la circulation urbaine.

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La mesure s’inscrit aussi dans une logique de hiérarchie des usages de la rue. En clair, la priorité est donnée à ceux qui se déplacent à pied. Et non plus aux voitures qui se garent au plus près des passages.

L’association Prévention routière soutient d’ailleurs cette évolution. Considérant qu’elle renforce la cohérence du Code de la route. La visibilité d’un piéton qui s’avance sur un passage doit être maximale. Sans véhicule « tampon » entre lui et l’automobiliste.

Piétons traversant un passage protégé dans une grande ville, avec véhicules à l’arrêt, mettant en avant la circulation en milieu urbain.
En ville, chaque traversée de chaussée illustre concrètement les arbitrages entre fluidité et protection des piétons.
Crédit : Pixabay / wal_172619
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Pourquoi ces cinq mètres peuvent sauver des vies

Derrière ces cinq mètres réglementaires se cache une réalité très concrète. Une voiture garée juste avant un passage piéton peut masquer totalement un enfant. Une personne âgée ou un adulte qui s’engage.

L’automobiliste qui arrive ne repère la silhouette qu’au dernier moment, souvent lorsqu’il est déjà trop tard pour freiner sereinement. En supprimant la place, on libère une sorte de couloir visuel qui laisse à chacun quelques précieux dixièmes de seconde de plus.

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On sait aussi que de nombreux accidents surviennent lorsque la chaussée semble fluide. Un conducteur roule à allure modérée, aperçoit un passage piéton. Mais son attention se focalise sur les véhicules qui viennent en face. Sur un feu ou sur une voie à rejoindre. Si, en plus, un véhicule stationné masque un piéton pressé, la situation devient explosive. Le simple fait d’écarter les voitures de quelques mètres réduit ce risque de surprise.

Cette nouvelle règle pourrait également avoir un effet psychologique. Un passage piéton dégagé, sans voiture garée juste à côté, envoie un signal fort de priorité aux personnes qui marchent. Les piétons se sentent plus légitimes à traverser, les conducteurs plus enclins à anticiper un arrêt. Ce détail que peu de gens remarquent dans les aménagements. L’absence de véhicules au droit du passage joue pourtant un rôle clé dans la perception de la dangerosité de la rue.

Pour les piétons parisiens, ce changement peut s’avérer d’autant plus important que les trottoirs sont souvent étroits et très fréquentés. Entre poussettes, personnes âgées ou usagers distraits par leur téléphone. Un passage piéton bien dégagé permet de mieux organiser les flux. Et de limiter les comportements à risque au dernier moment.

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Passage piéton jaune en gros plan, avec vélos et voiture au second plan dans une rue animée de centre-ville.
Ce passage piéton très visible rappelle l’importance de rendre les traversées plus sûres face au trafic motorisé.
Crédit : Pixabay / Life-Of-Pix

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Ce que cela change concrètement pour le stationnement à Paris

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Si l’on s’intéresse au quotidien des automobilistes. Cette loi va mécaniquement réduire le nombre de places de parking disponibles en voirie. Dans une ville dense comme Paris. Où chaque emplacement est disputé. La disparition de ces places situées à proximité immédiate des passages piétons se ressentira forcément.

Sur une rue de quartier comptant une succession d’intersections. Cinq mètres de part et d’autre de chaque passage peuvent représenter plusieurs emplacements supprimés sur un seul îlot.

Cet effet sera particulièrement visible dans les secteurs résidentiels déjà saturés. Le soir, lorsqu’habitants et visiteurs tournent pour se garer. Les « bonnes places » en bout de rue. Ou juste avant un passage piéton n’existeront tout simplement plus.

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Il faudra parfois prolonger la recherche d’un emplacement. Ou accepter de stationner un peu plus loin de son domicile. Ou de son lieu de rendez-vous. Pour les métiers mobiles — artisans, professionnels de santé, livreurs. Cette contrainte supplémentaire se traduira par des temps de manœuvre plus longs et des arrêts parfois moins pratiques.

Il y aura aussi des conséquences pour les commerces de proximité. Les petites supérettes, pharmacies ou boulangeries situées au coin d’une rue profitaient souvent de quelques places très proches, idéales pour un arrêt rapide. Avec l’interdiction de stationnement dans ce périmètre autour des passages piétons, ces arrêts minute devront se faire un peu plus loin, ce qui pourra modifier les habitudes d’une partie de la clientèle motorisée.

Une réorganisation nécessaire ?

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Dans ce contexte, la question de la réorganisation du stationnement résidentiel deviendra centrale. Paris ne prévoit pas d’augmenter mécaniquement le nombre de parkings souterrains ou de créer des parkings de surface supplémentaires pour compenser ces suppressions.

La mesure pousse donc, indirectement, à repenser l’usage de la voiture dans la capitale, que ce soit via le covoiturage, la mutualisation des places privées ou un report vers d’autres modes de déplacement.

: Vue aérienne d’un grand parking rempli de voitures alignées, évoquant la question de la raréfaction des places en zone urbaine.
La réduction du nombre d’emplacements en voirie oblige à repenser l’usage du stationnement en ville.
Crédit : Pixabay / fill
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Des effets collatéraux sur le trafic et le flux de circulation

Sur le flux de circulation, l’impact de la réforme sera ambivalent. D’un côté, moins de voitures garées au ras des intersections peut faciliter les manœuvres. Les automobilistes qui sortent d’une rue perpendiculaire voient mieux ce qui arrive, ce qui limite les freinages d’urgence et certaines situations de blocage.

De l’autre, la diminution du nombre de places en voirie risque de multiplier les véhicules en circulation lente, à la recherche d’un emplacement.

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Ce phénomène est bien connu dans les grandes villes : plus il est difficile de se garer, plus les voitures tournent longtemps, parfois sur plusieurs pâtés de maisons. Même sans chiffres précis, on comprend que le temps passé à chercher une place peut augmenter, notamment aux heures de pointe. Cela crée un trafic supplémentaire, une forme de circulation « fantôme » qui n’a d’autre but qu’un stationnement introuvable.

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Autre enjeu : les arrêts momentanés. Là où une place réglementée disparaît devant un passage piéton, certains conducteurs pourraient être tentés de s’arrêter en double file, surtout pour de très courts arrêts.

Ce comportement, déjà problématique sur de nombreux axes, pourrait perturber encore davantage la fluidité de la circulation si aucune alternative n’est pensée à proximité, par exemple des zones de dépose rapide là où c’est compatible avec la sécurité.

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La perception de la réforme jouera aussi un rôle. Si les automobilistes comprennent que ces cinq mètres gagnés servent vraiment à réduire les accidents de la route et à protéger les plus fragiles, l’acceptation sera plus forte.

À l’inverse, si la mesure est vécue uniquement comme une énième contrainte visant à « chasser » la voiture des centres-villes, le ressentiment risque de se traduire par davantage de tensions sur la chaussée.

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Paris, laboratoire grandeur nature d’ici fin 2026

La capitale va servir de laboratoire à grande échelle. En effet, la mairie de Paris a annoncé qu’elle appliquerait la loi de manière systématique, avec un calendrier qui s’étend jusqu’à la fin de l’année 2026. Cela signifie que, quartier après quartier, les emplacements situés à moins de cinq mètres des passages piétons devront être effacés, reconfigurés ou transformés en simples zones neutres.

On peut imaginer l’effet dans un exemple très concret. Prenons un carrefour typique d’un quartier parisien, avec un passage piéton sur chaque branche de l’intersection. De chaque côté de ces passages, cinq mètres devront être laissés libres. Sur un seul carrefour, cela représente déjà une longue portion de trottoir sans stationnement. Répétez ce schéma sur plusieurs carrefours successifs d’un même axe, et vous obtenez une rue où les zones de stationnement sont espacées, mais où la visibilité pour les piétons est nettement améliorée.

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Cette transformation ne se fera pas en une nuit. Les marquages au sol devront être repris, les panneaux ajustés, et parfois des usages devront être réinventés : élargissement de trottoirs, installation de stationnement vélos, zones de livraison décalées de quelques mètres. Paris, déjà engagée dans la réduction de la place de la voiture, va donc connaître un nouveau cycle de travaux, visible aussi bien dans les arrondissements centraux que dans les quartiers plus périphériques.

La sécurité avant tout

Dans ce processus, la sécurisation des piétons parisiens reste le fil conducteur. Les autorités rappellent que la majorité des victimes d’accidents piétons se trouvent en ville, alors même que les vitesses autorisées y sont plus faibles.

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Libérer les abords des passages de tout véhicule est vu comme un levier simple à actionner, sans attendre la rénovation complète de chaque rue ou l’installation d’équipements plus coûteux.

Rue de centre-ville bordée de voitures garées et de bâtiments, symbolisant la réorganisation future du stationnement proche des passages piétons.
À mesure que la réforme avance, les abords des passages piétons devraient peu à peu se dégager des véhicules.
Crédit : Pixabay / tsuru0164

À la fin, une suppression massive de places sans compensation

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Reste la question qui fâche : combien de places disparaîtront réellement, et seront-elles compensées ailleurs ? C’est ici que la « révélation » de la réforme parisienne prend tout son sens. La ville prévoit, à elle seule, de supprimer environ 22 000 places de stationnement d’ici fin 2026 pour respecter la règle des cinq mètres autour des passages piétons. Et ces emplacements ne seront pas recréés dans d’autres rues ou parkings de surface.

Autrement dit, Paris fait le choix assumé de réduire durablement son parc de places de parking en voirie. Seule exception maintenue : les emplacements réservés aux personnes handicapées, qui restent protégés et préservés, y compris au plus près de certains traversées piétonnes, lorsqu’ils sont conçus pour répondre à des besoins d’accessibilité bien précis.

Pour l’association Prévention routière, cette orientation est cohérente avec l’objectif affiché de sauver des vies et de réduire la gravité des accidents. Pour une partie des conducteurs, elle risque en revanche d’alimenter encore la sensation de « chasse à la voiture » dans la capitale.

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Entre la sécurité des plus vulnérables et le confort des automobilistes, cette nouvelle loi entérine un arbitrage clair, qui fera de Paris un cas d’école à suivre dans les prochaines années.

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1 commentaire

  • J
    Jipé
    27/11/2025 à 10:11
    A un temps que les moins de 20 ans (et même bien davantage), il était prévu une amende de 5 francs pour les piétons qui traversaient hors des passages protégés à moins de 100 mètres. Je ne l'ai jamais vue appliquée... Aujourd'hui, non seulement il y en a qui le font mais ils sont soit les yeux rivés sur le smartphone soit avec des écouteurs, voire même les deux... J'ai une voiture électrique, donc sans bruit, et à de trop nombreuses reprises, j'ai été tout près d'en prendre un sur mon capot. Et je ne parle pas des cyclistes qui, en plus, ne respectent pas les feux ou les priorités. AMHA, pour une meilleure sécurité des piétons et des cyclistes, il faudrait sanctionner sévèrement leurs comportements dangereux avant d'emm...der les automobilistes qui ne roulent pas en ville par plaisir mais par nécessité et prévoir des nouveaux stationnements à prix raisonnable plutôt qu'en supprimer ou mettre ceux qui existent à des tarifs délirants.

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