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Feux tricolores : pourquoi une quatrième couleur pourrait s’imposer plus vite qu’on ne le croit

Publié par Killian Ravon le 25 Oct 2025 à 12:33

Les feux rouge-orange-vert rythment nos trajets depuis des décennies. Pourtant, une idée bouscule ce rituel bien huilé : ajouter une quatrième couleur au feu tricolore. À en croire des chercheurs de l’Université de North Carolina. Cette évolution ne viserait pas à compliquer la vie des conducteurs. Mais à fluidifier le trafic aux intersections. Leur étude, publiée dans la revue IEEE, détaille un scénario où l’essor des voitures autonomes transformerait le fonctionnement des feux de circulation.

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Carrefour urbain en journée : feu à quatre couleurs avec voyant blanc allumé, voitures autonomes en file, piétons en attente au passage.
Au signal blanc, les véhicules autonomes se coordonnent et le flot avance d’un seul mouvement. Les conducteurs humains suivent le rythme.

En clair : lorsque suffisamment de véhicules se conduisant seuls seraient présents. La nouvelle indication lumineuse s’allumerait pour laisser les « robots » se coordonner entre eux… et les humains suivraient le mouvement. Une promesse d’efficacité qui, d’après leurs simulations, pourrait faire fondre les embouteillages dans des proportions spectaculaires. Reste une question : à quoi ressemblera concrètement ce feu « à quatre temps » ?

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Gros plan d’un boîtier de détection installé sur un feu, combinant caméra et capteurs pour surveiller en temps réel les flux.
Le « cerveau » des feux intelligents, au cœur de la régulation.
Crédit : Wikideas1 / CC0.
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Pourquoi imaginer une quatrième couleur ?

À l’origine de cette projection, un constat simple : nos carrefours sont conçus pour des véhicules pilotés par des humains. Avec des temps de réaction variables et des incertitudes permanentes. Or, les voitures autonomes — déjà visibles sous forme de taxis sans conducteur dans plusieurs pays. Notamment aux États-Unis et en Chine — obéissent à d’autres logiques. Équipées de capteurs et caméras, elles perçoivent en permanence leur environnement, transmettent des informations et réagissent avec une précision difficile à égaler pour un conducteur.

Dans ce contexte, les feux actuels font un peu office de chef d’orchestre « analogique ». L’idée défendue par l’équipe de North Carolina est d’introduire un signal supplémentaire, identifiable d’emblée et réservé aux situations où la part de véhicules automatisés est suffisante pour prendre collectivement le relais de la régulation. Ce n’est pas un gadget : c’est un code de coordination, pensé pour s’activer uniquement lorsque la configuration s’y prête.

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Là où l’on pourrait croire à une complexification de la signalisation, les chercheurs défendent au contraire un gain de simplicité pour l’usager : l’humain n’aurait rien à calculer, rien à deviner. Il verrait la quatrième couleur s’allumer et n’aurait plus qu’à « suivre la file », calée par la marche des véhicules autonomes qui, eux, se parlent en temps réel.

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Les voitures autonomes changent la donne

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Ce basculement suppose que ces véhicules se multiplient, mais il ne s’agit plus d’un scénario de science-fiction. Les taxis sans chauffeur opérationnels aux États-Unis ou en Chine l’attestent : le pilotage automatique au milieu de la circulation réelle n’est plus une simple démonstration en laboratoire. Ces voitures « intelligentes » embarquent une suite de technologies leur permettant d’anticiper, de prioriser et d’ajuster leur trajectoire en continu.

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Cette montée en puissance ne concerne pas que la conduite en ligne droite. En intersection, là où nos réflexes sont les plus sollicités, la synchronisation entre véhicules occupe une place centrale. Les auteurs de l’étude se projettent ainsi dans des situations où un feu spécial indique que l’algorithme commun prend la main. Les véhicules « voient » les flux, comprennent les intentions des autres et adaptent les vitesses d’approche. Les conducteurs humains, eux, restent au volant, mais s’insèrent simplement dans le flot, calés sur l’allure générale.

Ce détail que peu de gens connaissent : l’intérêt d’un signal dédié n’est pas de « faire joli », mais d’acter aux yeux de tous qu’un mode de gestion collectif est en cours. Un peu comme une voie réversible qui s’ouvre : on comprend d’un coup d’œil que les règles changent, sans avoir besoin de décrypter des lignes de code.

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Plan large d’une intersection urbaine équipée d’un feu intelligent avec caméras et capteurs, illustrant une signalisation prête pour les véhicules autonomes.
Feu équipé de capteurs et caméras, pensé pour la coordination du trafic.
Crédit : Wikideas1 / CC0.
Feu tricolore au rouge au-dessus d’un carrefour urbain, voitures à l’arrêt sur plusieurs voies, vue frontale nette.
Le cycle classique rouge-orange-vert, référence avant toute évolution.
Crédit : The Bushranger / CC BY-SA 4.0.

Comment fonctionnerait ce nouveau signal ?

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Concrètement, la quatrième couleur ne serait pas permanente. Elle s’activerait seulement lorsque la proportion de voitures autonomes franchit un seuil jugé suffisant pour garantir une communication entre véhicules efficace. Cette communication permettrait aux véhicules d’optimiser la succession des passages sans s’arrêter inutilement, en respectant des marges de sécurité calculées à la milliseconde près.

Quand ce seuil n’est pas atteint, rien ne change pour l’usager : on retrouve le cycle classique vert / orange / rouge. C’est un point clé, car c’est la garantie d’une transition progressive. Inutile donc d’imaginer une réforme brutale du code de la route du jour au lendemain. Le système resterait compatible avec la conduite humaine majoritaire, tout en devenant capable d’activer une « surcouche » de coordination quand la densité d’automatisation s’y prête.

Mais saviez-vous que cette logique est déjà en filigrane dans certains secteurs de la mobilité ? Les trains et les métros automatisés jouent depuis longtemps avec des espaces de sécurité dynamiques. Transposé à la route, le principe s’appuie sur la même idée : laisser les machines négocier entre elles des séquences optimisées, pendant que l’humain se contente d’un repère clair et unique : la nouvelle lumière du feu tricolore.

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Ce que montrent les simulations

Les auteurs de l’étude citée par la revue IEEE ont testé leur hypothèse par des modèles informatiques, avec un résultat qui attire forcément l’attention : dans un scénario où la majorité de véhicules sont autonomes, la coordination activée par la quatrième couleur permettrait de réduire les embouteillages de près de 94 %. Ce chiffre n’est pas un slogan : il illustre ce que devient la circulation quand les temps morts disparaissent presque totalement aux intersections. Exit les démarrages en décalé, les hésitations et les grandes vagues d’arrêt-redémarrage ; place à un flux qui se délite moins et se reconstruit plus vite.

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Évidemment, cette projection suppose un monde où les véhicules automatisés seraient majoritaires. Nous n’y sommes pas encore. Mais pour les chercheurs, cela ne disqualifie pas le dispositif : il suffirait que certains carrefours, à certaines heures, franchissent ce seuil pour que le bénéfice soit palpable. Le reste du temps, le feu « repasse » sur son cycle habituel, gérable par tout un chacun.

Ce qui frappe dans ces résultats, c’est la manière dont l’efficacité naît de la simplicité. Pas besoin d’écrans d’instructions ou de panneaux inédits à chaque coin de rue : un signal lumineux inédit suffit, précisément parce qu’il dit en une fraction de seconde : « ici, la coordination automatique s’applique ». C’est une innovation humble dans sa forme, ambitieuse dans ses effets.

Feu tricolore suspendu au-dessus d’une large chaussée à un carrefour routier, vue horizontale en plein jour, circulation fluide aux abords.
Un carrefour typique : le terrain d’expérimentation idéal pour de nouveaux signaux.
Crédit : The Bushranger / CC BY-SA 4.0.
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Carrefour très large avec feux sur potences, multiples voies et trafic diffus, photographié en journée, ciel dégagé.
Une géométrie complexe où la coordination automatisée peut faire la différence.
Crédit : B137 / CC BY-SA 4.0.

Ce qui reste à décider avant le déploiement

Reste une inconnue qui fera sûrement débat : quelle teinte choisir ? La quatrième couleur devra être immédiatement distinguishable du rouge, de l’orange et du vert. Elle ne doit pas créer de confusion avec d’autres signalisations ni poser de problèmes d’accessibilité visuelle. Les chercheurs n’ont pas tranché, et c’est bien normal : ce choix engage autant l’ergonomie que l’acceptabilité.

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Autre jalon à fixer : le seuil d’activation. Faut-il exiger une proportion précise de véhicules automatisés dans les abords du carrefour ? Ce paramètre conditionnera l’utilité réelle du système et sa capacité à « prendre » aux heures de pointe. Il ne s’agit pas d’inventer des règles nouvelles à chaque ville : l’idée, au contraire, serait de conserver un cadre simple, évolutif et compréhensible. Là encore, le levier n’est pas la multiplication de panneaux, mais l’instauration d’un repère unique qui dit clairement ce qui se passe.

Et pour les conducteurs humains ? C’est tout l’intérêt de la proposition : ils n’auraient pas à repérer quelle voiture roule « toute seule » dans la file ni à deviner sa trajectoire. Le rôle de la quatrième couleur est précisément d’indiquer que la file, dans son ensemble, est synchronisée. On ne demande donc pas aux automobilistes d’absorber de nouvelles consignes, seulement d’adopter une conduite régulière en se fiant au mouvement d’ensemble.

En cette fin d’année 2025, les trottinettes, les bus et les voitures partagent nos axes avec une diversité d’assistances à la conduite inédite. L’idée d’un feu « à quatre temps » s’inscrit dans ce paysage mouvant : elle prend acte d’un monde où l’automatisation n’est plus marginale. Et le plus intrigant, c’est que la « révolution » la plus visible n’est peut-être qu’un point lumineux supplémentaire au coin de la rue. La révélation principale ? La couleur précise de ce nouveau signal n’a, pour l’instant, pas encore été choisie.

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