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Voiture électrique : cette innovation française promet 300 km de plus… sans attendre la borne

Publié par Killian Ravon le 04 Déc 2025 à 12:30

Gagner des centaines de kilomètres supplémentaires sans poireauter à la borne rapide : c’est le pari d’une jeune pousse française qui veut réinventer les longs trajets en voiture électrique. Son idée, imaginée il y a plus de dix ans puis mise de côté, revient aujourd’hui sur le devant de la scène avec un lancement annoncé pour 2026 sur nos aires d’autoroutes.

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Voiture électrique blanche tractant une petite remorque-batterie sur une aire d’autoroute française par temps clair
Sur autoroute, une voiture électrique équipée d’une remorque-batterie illustre la promesse de 300 km d’autonomie en plus.

Reste une question, que beaucoup d’automobilistes se posent déjà en cette fin d’année 2025 : cette solution audacieuse arrive-t-elle au bon moment… ou un peu trop tard ?

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Borne de recharge pour véhicule électrique installée sur un trottoir parisien, avec voiture branchée au câble de charge en journée en ville.
Une borne parisienne rappelle que la recharge rapide s’est déjà invitée au cœur des villes.
Crédit : Lionel Allorge / Wikimedia Commons
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Une start-up française obsédée par l’autonomie des voitures électriques

Pour de nombreux conducteurs, l’autonomie reste le point sensible de la transition vers l’électrique. Far-a-day, jeune start-up française, est née précisément de cette frustration : comment parcourir de longues distances sans multiplier les arrêts recharge, parfois longs et aléatoires ? L’entreprise avance une réponse radicale, qui ne passe pas par une nouvelle voiture, mais par un accessoire à accrocher derrière celles qui existent déjà.

Son concept repose sur un prolongateur d’énergie qui n’oblige pas à changer de modèle, ni à investir dans une grosse batterie intégrée. L’idée est de permettre à une citadine électrique « du quotidien » de se transformer ponctuellement en routière, uniquement les jours de grands trajets.

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Un principe qui, sur le papier, pourrait séduire tous ceux qui n’ont pas envie de sacrifier leur budget à une grosse batterie qu’ils n’utilisent que quelques fois par an.

Autre particularité mise en avant par Far-a-day : l’utilisateur n’a pas à se préoccuper de la charge de ce module entre deux voyages. Tout se passe sur les stations prévues par la start-up, qui se chargent de recharger les unités et de les remettre à disposition. L’automobiliste, lui, n’a plus qu’à réserver, venir, repartir… et restituer.

Voiture électrique branchée sur une borne de recharge à Paris, photographiée en plan large avec la rue en arrière-plan.
À Paris, les bornes dédiées aux véhicules électriques se multiplient depuis plus de dix ans.
Crédit : Wikimedia Commons
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Une remorque de 500 kg pour gagner environ 300 km d’un coup

Le cœur du système, c’est cette remorque-batterie de 1,30 m de long, affichant environ 500 kg sur la balance. À l’intérieur se cache une batterie de 60 kWh, soit l’équivalent de ce que proposent déjà de nombreux modèles compacts récents. Selon Far-a-day, ce pack permettrait de récupérer un surcroît d’autonomie d’environ 300 km sur autoroute.

Concrètement, l’utilisateur arrive sur la station, positionne sa voiture électrique et laisse la remorque faire le travail. Autonome, elle se connecte d’elle-même au véhicule en moins de deux minutes, sans manipulation complexe. La marque insiste sur ce délai très court, au point d’en faire un argument central : la promesse est bien de gagner ces fameux 300 kilomètres « en 2 minutes », là où une recharge rapide réclame encore de longues dizaines de minutes dans la plupart des cas.

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Une fois attelée, la remorque ajoute environ 1,30 m à la longueur totale de la voiture. Elle ne transforme pas l’auto en poids lourd, mais change forcément un peu la façon de circuler et de manœuvrer. Ce point n’est pas détaillé par la start-up, qui préfère insister sur le bénéfice final : pouvoir avaler plusieurs centaines de kilomètres supplémentaires sans stress de tomber à court d’énergie entre deux bornes.

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Gros plan sur la prise d’une borne de recharge rapide pour voiture électrique, avec un véhicule flou à l’arrière-plan.
Les bornes haute puissance concurrencent directement les prolongateurs d’autonomie sur remorque.
Crédit : Ivan Radic / Wikimedia Commons

Un fonctionnement pensé pour les longs trajets sur autoroute

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Pour utiliser ce prolongateur, Far-a-day prévoit le passage obligatoire par une application mobile dédiée. Les automobilistes devront réserver leur remorque-batterie avant d’emprunter l’autoroute, puis se rendre sur l’une des stations installées sur les aires d’autoroutes françaises. L’application n’est pas encore disponible, mais la start-up a déjà commencé à sonder le public pour choisir les premiers emplacements.

Sur place, la manœuvre est présentée comme très simple : la remorque se connecte automatiquement au véhicule, l’automobiliste restant au volant. En moins de deux minutes, la voiture est prête à repartir, le module venant alimenter en direct la batterie principale pendant le trajet. Une fois l’énergie de la remorque consommée, le conducteur peut la déposer dans une autre station Far-a-day, continuer sa route… ou récupérer une nouvelle unité pour rallonger encore son parcours.

Il y a toutefois une contrainte technique importante : l’installation d’un attelage spécifique. Impossible de se contenter d’un crochet standard prévu uniquement pour un porte-vélos. Il faut un dispositif capable d’assurer non seulement la liaison mécanique, mais aussi le transfert d’énergie entre la remorque et le véhicule. La start-up n’a pas encore détaillé le coût exact de cet équipement, mais rappelle qu’un attelage classique tourne déjà autour de 600 euros.

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Au passage, l’entreprise souligne un bénéfice collatéral : en multipliant les remorques déjà chargées, son système pourrait contribuer à désengorger les bornes rapides classiques sur les grands axes, puisqu’une partie des conducteurs ne s’y arrêterait plus. Mais saviez-vous que ce principe avait déjà été testé… avec un moteur thermique ?

Du moteur essence à la batterie : l’étrange parcours du projet

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Le concept de prolongateur sur remorque n’est pas une idée totalement nouvelle. Dès 2016, Jean-Baptiste Segard, alors patron d’EP Tender, avait présenté une solution similaire… mais avec un bicylindre essence de 25 ch intégré dans la remorque. À l’époque, l’objectif était déjà de rallonger l’autonomie des petites électriques, mais en brûlant du carburant.

Ce premier projet proposait un modèle économique basé sur la location à l’heure. Le tarif annoncé était de 17 € pour la première heure d’utilisation, puis 7 € supplémentaires par heure. L’utilisateur ne payait donc pas directement l’énergie consommée, mais le temps durant lequel il gardait le prolongateur thermique derrière sa voiture. Une approche qui n’a jamais vraiment trouvé son public, malgré quelques expérimentations sur route.

La suite est connue : EP Tender a été placée en liquidation en 2024. Pour autant, l’idée n’a pas disparu. Jean-Baptiste Segard a rebondi en devenant co-fondateur de Far-a-day, qui reprend le principe avec une différence majeure : remplacer le moteur essence par une batterie de 60 kWh. L’ensemble reste logé dans une remorque de 500 kg, mais le fonctionnement est désormais entièrement électrique.

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Cette trajectoire raconte à elle seule l’évolution de la mobilité sur la dernière décennie. Là où l’on imaginait encore un petit générateur thermique pour accompagner les premiers modèles, l’heure est désormais aux prolongateurs zéro émission locale. Reste à savoir si cette version « tout batterie » évitera le même destin que le projet initial.

Station de recharge pour voitures électriques avec plusieurs bornes alignées sur un parking, vue en plan large horizontal.
Un parc de bornes dédié aux voitures zéro émission, pensé pour les longs trajets.
Crédit : Wikimedia Commons

Un modèle économique encore flou pour les automobilistes

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Autre point clé : combien coûtera réellement l’utilisation d’une remorque Far-a-day sur un trajet ? La start-up ne s’avance pas sur un tarif final, mais donne tout de même une indication. Elle promet que le coût de l’électricité sera « le même que celui proposé par les stations de recharge rapide », soit entre 0,30 et 0,70 € le kilowattheure selon les réseaux actuels.

En appliquant cette fourchette à une batterie de 60 kWh, l’usage de la remorque représenterait donc, toujours selon les estimations communiquées, entre 18 et 42 € d’énergie pour un plein complet. À cela pourrait s’ajouter des frais fixes, comme un éventuel coût de déverrouillage ou de location du module, que l’entreprise n’a pas encore détaillés. Les automobilistes devront donc attendre pour savoir s’ils s’y retrouvent vraiment par rapport à une recharge classique sur borne rapide.

En parallèle, la jeune pousse prévoit de déployer environ une trentaine de stations Far-a-day en France. L’idée n’est pas de couvrir chaque département, mais de mailler suffisamment les grands itinéraires pour suivre les principaux flux de départs en vacances et de longs trajets réguliers. Un réseau à taille humaine, donc, mais qui devra être suffisamment dense pour éviter le stress de ne pas trouver de module disponible au bon endroit.

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Pour les conducteurs, le calcul sera subtil. D’un côté, la promesse de ne presque plus attendre aux bornes et de repartir en 2 minutes peut peser lourd. De l’autre, il faut accepter de tracter 500 kg supplémentaires, d’installer un attelage spécifique et de payer un service dont le tarif final reste à préciser. Une équation qui rappelle, là encore, les interrogations suscitées à l’époque par EP Tender.

Voiture électrique branchée à une borne de recharge sur un parking français, photographiée en format horizontal.
Sur les parkings publics, la recharge se banalise au fil des années.
Crédit : Wikimedia Commons

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Une innovation déjà dépassée par les nouvelles bornes ultra-rapides ?

Derrière cette promesse de 300 km gagnés presque instantanément se cache une autre réalité, que la start-up elle-même reconnaît. Far-a-day admet en effet qu’« à l’heure actuelle, cette technologie semble partiellement obsolète » face à l’arrivée de véhicules capables de se recharger en seulement 5 à 15 minutes sur les infrastructures les plus modernes. Une phrase qui change forcément la manière de regarder cette remorque-batterie.

En quelques années, les voitures électriques les plus récentes ont vu leurs temps de recharge rapide fondre, tandis que les bornes haute puissance se multiplient le long des aires d’autoroutes. Pour les modèles les mieux dotés, un arrêt café peut déjà suffire à récupérer une grosse partie de l’autonomie. Dans ce contexte, l’intérêt d’ajouter 500 kg à l’arrière du véhicule pour gagner du temps devient moins évident, surtout pour les conducteurs disposant des dernières générations de batteries.

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La solution Far-a-day pourrait alors surtout viser un autre public : les propriétaires de petites voitures électriques plus anciennes, ou de modèles d’entrée de gamme, pour qui les arrêts fréquents restent une contrainte forte. Pour eux, louer ponctuellement une remorque afin d’éviter une succession de recharges pourrait conserver un certain attrait, à condition que le coût de l’électricité et du service reste raisonnable.

Mais même sur ce créneau, la course technologique ne s’arrête pas. De nouvelles batteries plus denses, des réseaux de bornes mieux répartis, des offres tarifaires plus attractives… autant d’évolutions qui, d’ici au lancement annoncé pour 2026, pourraient encore rebattre les cartes.

Far-a-day joue donc une partie serrée : son innovation devra convaincre assez vite pour ne pas devenir le symbole de cette drôle d’époque où l’on rêvait d’accrocher une batterie roulante derrière sa voiture électrique, au moment même où les bornes ultra-rapides commençaient à tenir leurs promesses.

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