Un ancien président met sa 4L en vente aux enchères, personne n’imaginait ce que ça allait rapporter
Une simple Renault 4L de 1991, beige et discrète, a suffi à faire vibrer tout un pays. En Slovénie, l’ex-chef de l’État Borut Pahor a décidé de se séparer de sa vieille citadine pour une cause bien précise.
Ce geste symbolique va déclencher une chaîne de générosité qui dépassera très largement la valeur réelle de la voiture, au point de devenir une histoire nationale racontée encore en cette fin 2025.
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En Slovénie, la 4L fait partie du décor
Dans l’imaginaire slovène, la petite voiture populaire française n’est pas qu’un moyen de transport. Pendant vingt ans, la Renault 4 est assemblée dans l’usine Revoz Novo Mesto, au cœur du pays, où plus de 570 000 exemplaires sortent des chaînes. Pour des générations d’automobilistes, cette silhouette carrée évoque les trajets du quotidien, les routes de campagne et les débuts de l’indépendance.
Voir une 4L dans les rues slovènes n’a donc rien d’exceptionnel. Mais certaines ont une histoire plus chargée que d’autres. C’est le cas de cette R4 GTL beige, achetée en 1991, au moment où la Slovénie tournait la page yougoslave. Au fil des années, elle accompagne discrètement la vie de son propriétaire, qui n’est autre que le futur président de la République.
Cette voiture ne se distingue pas par une préparation sportive ni par un kilométrage record. Elle affiche environ 95 000 km, un moteur jugé sain et une carrosserie en très bon état. En apparence, c’est une 4L comme tant d’autres, soigneusement entretenue, devenue presque invisible à force de normalité. Et pourtant, c’est précisément cette normalité qui va la transformer en symbole.
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La 4L très personnelle de Borut Pahor
Lorsque Borut Pahor quitte la présidence slovène, il conserve autour de lui quelques objets fétiches. Sa 4L en fait partie. Elle témoigne d’une époque où le pays construisait ses institutions et où la voiture servait surtout à se déplacer sans prétention. Pour l’ancien dirigeant, cette citadine représente autant un souvenir de jeunesse qu’un clin d’œil à la simplicité.
Au fil des années, le véhicule reste dans un état étonnamment préservé. Pas de transformation extravagante, pas de restauration tape-à-l’œil : seulement l’entretien régulier d’un propriétaire attaché à son auto. Beaucoup ignorent d’ailleurs qu’un ancien chef d’État roule encore ponctuellement dans une 4L, loin des berlines ministérielles. Mais saviez-vous que cette discrétion allait devenir l’un des ressorts de l’histoire ?
Car si la voiture tient mécaniquement la route, elle va aussi se retrouver au centre d’un projet qui dépasse largement la passion automobile. Pour Borut Pahor, l’idée se précise : mettre ce morceau de vie personnelle au service d’une cause jugée plus importante que tout le reste.
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Quand une simple 4L devient lot vedette d’une vente aux enchères
En février 2023, l’ancien président annonce qu’il met sa 4L en vente aux enchères. L’objectif est clair : organiser une opération d’enchères caritatives dont le produit sera reversé à des actions en faveur d’enfants malades. Le choix de la voiture n’est pas anodin : elle parle à tout le pays, bien plus qu’un modèle de luxe ou une limousine d’apparat.
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Sur le papier, la valeur de la citadine reste modeste. Sur le marché, une 4L en bon état se négocie généralement entre 4 000 et 8 000 euros. Mais l’identité de son propriétaire et la charge symbolique du véhicule attirent rapidement l’attention. Les médias relaient l’initiative, les passionnés se mobilisent, et la curiosité gagne même ceux qui ne s’intéressent pas spécialement aux voitures de collection.
Le jour de la vente, la petite Renault de 1991 devient la star de la salle. Les mises montent, beaucoup plus vite que prévu. Chacun sait qu’en enchérissant, il ne paie pas seulement une auto, mais aussi un geste de soutien. Au terme de la séquence, le marteau tombe : la 4L est adjugée 60 000 euros, soit plusieurs fois sa cote habituelle.
Pour un modèle aussi répandu, ce montant paraît déjà incroyable. La voiture, cédée à un homme d’affaires connu du pays, dépasse toutes les estimations. À ce stade, l’opération caritative est déjà un succès. Mais l’histoire ne va pas s’arrêter à cette première vente spectaculaire.
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Aleksandar Fratar prolonge l’élan de générosité
L’acquéreur s’appelle Aleksandar Fratar. Homme d’affaires, il décide rapidement que cette 4L ne restera pas un simple trophée dans un garage. Touché par la cause, il choisit de prolonger l’initiative au lieu de la refermer. Avec l’accord et le soutien de Borut Pahor, une nouvelle campagne de dons voit le jour, cette fois ouverte à tous les Slovènes sensibles au projet.
La voiture change alors de statut : de lot d’enchère, elle devient véritable ambassadrice. Elle apparaît lors de rencontres publiques, circule dans les médias et sur les réseaux sociaux, toujours associée à la même cause. Son image sert de fil conducteur à la seconde phase de la mobilisation, beaucoup plus large que la première.
Cette fois, ce n’est plus seulement la richesse d’un enchérisseur qui fait la différence, mais la participation de milliers de personnes ordinaires. La 4L, autrefois voiture d’un seul homme, se transforme en symbole partagé. Elle raconte à la fois la mémoire d’un pays, l’engagement d’un ex-chef d’État et la volonté d’un entrepreneur de mettre son achat au service des autres.
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Une campagne caritative portée par tout un pays
Pour structurer ce nouvel élan, les organisateurs s’appuient sur une institution reconnue : la Croix-Rouge slovène. Les dons sont collectés par son intermédiaire, garantissant transparence et sérieux. Chacun peut participer selon ses moyens, qu’il s’agisse d’un petit versement ponctuel ou d’un geste plus conséquent. La 4L sert de visage à la campagne, mais ce sont bien les anonymes qui en composent la colonne vertébrale.
Les Slovènes répondent massivement à l’appel. Sur quelques semaines, les contributions affluent, portées par les médias, les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille. Ce détail que peu de gens connaissent, c’est que le succès ne repose pas sur quelques gros chèques isolés, mais sur la multiplication de nombreux petits dons. Peu à peu, la somme grimpe, franchit les premiers paliers symboliques et s’installe durablement dans les six chiffres.
Dans un pays de deux millions d’habitants, voir autant de citoyens se mobiliser autour d’une vieille 4L surprise. Pourtant, la mécanique fonctionne : le souvenir de la citadine des années 1990 se mêle à l’envie de soutenir les enfants touchés par la maladie. La voiture devient un prétexte fédérateur, un objet concret sur lequel viennent se projeter les émotions et la solidarité nationale.
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Une 4L plus chère que bien des voitures de luxe
Pendant ce temps, les observateurs comparent cette somme à la valeur habituelle de ce type de véhicule. Sur le marché, une 4L, même très propre, reste généralement accessible. Elle n’entre pas dans la catégorie des modèles rarissimes ou des autos d’exception adjugées dans les grandes salles internationales. Mais ici, la logique habituelle de la vente aux enchères est bousculée par la dimension humaine du projet.
On pourrait croire à un simple coup médiatique. Pourtant, le rôle de l’ancienne présidence slovène et la constance de la campagne montrent une réalité différente. Borut Pahor ne s’est pas contenté de céder sa voiture : il a personnellement soutenu l’initiative, donnant de la visibilité à chaque étape. De son côté, l’acheteur a renoncé à garder jalousement son acquisition pour la transformer en outil de collecte.
Pour les amateurs d’automobile, cette histoire rappelle qu’une voiture de collection ne tire pas seulement sa valeur de sa rareté ou de sa puissance. Parfois, ce sont l’histoire qu’elle porte, les souvenirs qu’elle évoque et les causes qu’elle défend qui font grimper les chiffres. Ici, la 4L, voiture modeste par excellence, finit par rivaliser symboliquement avec des modèles bien plus prestigieux.
La révélation finale de cette incroyable aventure
Au terme de deux mois de mobilisation, les organisateurs dressent le bilan. Grâce à la campagne orchestrée autour de la 4L de Borut Pahor, plus de 5 000 donateurs ont participé à l’opération. La somme réunie atteint alors un total impressionnant de près de 275 000 euros, intégralement collectés à des fins caritatives.
Ce montant, qui inclut la mise initiale de 60 000 euros versée lors de la première vente, dépasse de très loin la valeur réelle du véhicule. Il fait de cette petite Renault l’un des modèles les plus chers jamais associés à une cause humanitaire dans le pays. Surtout, il illustre la manière dont un objet du quotidien peut devenir vecteur de mobilisation.
En cette fin 2025, la 4L beige n’est plus seulement la voiture d’un ancien président. Elle reste le symbole d’une opération où une simple citadine, produite à des centaines de milliers d’exemplaires, a permis de réunir près de 275 000 euros au profit d’enfants malades, prouvant qu’une voiture de collection n’a parfois pas de prix quand elle sert une cause.