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« C’est cher pour ce que c’est » : une restauratrice outrée par la remarque d’une cliente

Publié par Killian Ravon le 02 Août 2025 à 8:30

Dans le tumulte quotidien de la restauration, il suffit parfois de quelques mots pour que la fatigue accumulée déborde. C’est ce qui est arrivé à So’, cheffe et fondatrice du restaurant Sojuñ à Béthune. Ce jeudi 22 juillet, une cliente lui a lancé une remarque cinglante à l’heure du déjeuner : « C’est cher pour ce que c’est ». Une phrase ordinaire, prononcée sans doute sans réfléchir, mais qui a profondément blessé la restauratrice.

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Salle lumineuse avec tables en bois, ardoises de menu et décoration végétale.

Touchée en plein cœur, So’ a choisi de ne pas se taire. Quelques heures plus tard, elle a pris sa plume virtuelle pour écrire un long message sur Facebook. Un cri du cœur, un plaidoyer pour la reconnaissance du travail en cuisine, et plus largement, pour une forme de respect que trop de professionnels de la restauration estiment avoir perdue.

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Une adresse bien connue des Béthunois

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Sojuñ n’est pas un restaurant comme les autres. Létablissement, situé rue Eugène-Haynaut, mêle avec délicatesse les saveurs asiatiques et les influences culinaires du Nord de la France. Derrière cette cuisine fusion se cache l’histoire d’une femme, So’, issue d’une famille ayant fui le Cambodge et le Vietnam, et qui a bâti avec passion ce lieu chaleureux où chaque plat raconte un bout de son parcours.

Très bien noté par les clients, Sojuñ est devenu l’une des références gastronomiques de Béthune. Les habitués le savent : ici, tout est fait maison, avec une attention méticuleuse portée aux produits et aux saveurs. Rien n’est laissé au hasard. Et surtout pas le soin apporté aux détails.

Portrait de la cheffe So’ derrière la vitrine du restaurant Maison Sojuñ.
So’, cheffe et gérante de la Maison Sojuñ à Béthune, devant la vitrine du restaurant. Crédit photo Instagram / Maison Sojuñ.
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Le choc d’une remarque à la volée

« C’est cher pour ce que c’est » : six mots suffisent parfois à tout remettre en question. Quand elle entend cette phrase, adressée à une employée par une cliente insatisfaite, So’ ressent un coup au ventre. Pas à cause de l’argent, insiste-t-elle dans son post, mais parce que cette remarque balaie d’un revers de main tout ce qui fait son métier : les efforts, les sacrifices, la passion, l’amour de la cuisine.

Elle écrit : « J’ai eu un pincement, les larmes aux yeux. Pas pour l’argent. Pour le manque de regard, de considération pour notre métier. » Ces mots, elle ne les a pas choisis au hasard. Ils traduisent une douleur réelle, celle de tant de restaurateurs qui se sentent invisibles.

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Effiloché de bœuf laqué sur frites de patate douce, sésame et cive dans un bol.

Une publication virale et un soutien massif

Ce qui n’était qu’un message personnel est rapidement devenu viral. Des centaines d’internautes ont partagé la publication, saluant le courage de So’ et exprimant leur solidarité. Beaucoup se sont reconnus dans ses mots, qu’ils soient restaurateurs, commerçants, artisans ou simplement clients sensibles au travail bien fait.

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Cette vague de soutien inattendue montre que, face aux critiques faciles et aux jugements hâtifs, une autre voix peut s’élever. Celle de ceux qui connaissent la valeur du travail et de l’engagement.

Derrière chaque assiette, une vie entière

Ce que la cliente n’a pas vu, insiste So’, ce sont les heures passées derrière les fourneaux, les réveils à l’aube, les brûlures qu’on soigne à la va-vite, les repas pris debout entre deux services, parfois les seuls de la journée. Elle n’a pas vu non plus les charges, les factures, les jours de repos écourtés ou inexistants.

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Elle écrit : « Vous avez vu le montant, pas la valeur. » Et cette phrase résume tout. Car un plat ne se résume pas à son prix : il est le fruit d’un engagement quotidien, d’une exigence, d’un savoir-faire, et souvent de concessions personnelles.

Employée qui garnit des box repas avec assortiments croustillants et condiments.
Préparation de box traiteur, soin du détail et régularité des portions. Crédit photo Instagram / Maison Sojuñ.

Une cuisine qui raconte une histoire

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Chez Sojuñ, chaque recette a une âme. Ce n’est pas une simple addition d’ingrédients posés sur une assiette, mais un récit. Un pont tendu entre deux continents. Un hommage aux racines asiatiques de la cheffe et à la culture culinaire du Nord qu’elle a adoptée.

« On ne cuisine pas pour devenir riches. On cuisine pour nourrir, pour faire plaisir, pour partager un bout d’histoire dans une bouchée. » Ce manifeste, elle le répète souvent, presque comme une devise. Il exprime une vision du métier à mille lieues de la rentabilité brute.

Un engagement total pour le goût et l’humain

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À Sojuñ, rien n’est industrialisé, rien n’est surgelé. Chaque plat est pensé, mijoté, infusé, ajusté. Les sauces prennent des heures. Les bouillons, des jours. Les textures doivent s’embrasser, pas s’opposer. La viande est française. Les épices sont choisies avec soin, comme on choisirait un mot juste.

C’est cette recherche constante d’excellence qui rend la remarque de la cliente d’autant plus blessante. Parce qu’elle nie tout le processus invisible, le travail de l’ombre, et les exigences silencieuses qui font un bon restaurant.

Burger au bun noir garni de jeunes pousses et légumes, frites de patate douce en corbeille.
Le burger signature au bun noir et ses frites de patate douce, cuisine fusion franco asiatique. Crédit photo Instagram / Maison Sojuñ.
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Être restaurateur en 2025 : une épreuve de tous les jours

Il faut bien le dire : en 2025, tenir un restaurant indépendant est un véritable parcours du combattant. Le contexte économique n’épargne personne : inflation sur les matières premières, hausse des charges, baisse du pouvoir d’achat des clients… Les restaurateurs jonglent en permanence entre passion et précarité.

Dans ce climat tendu, la moindre critique peut devenir une gifle. « Ce n’est pas ‘cher pour ce que c’est’. C’est juste, pour ce que ça coûte d’être libre, indépendant, sincère, et encore debout », écrit So’. Une phrase qui résonne comme un manifeste de survie.

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Un coup de gueule salutaire

Comme d’autres restaurateurs avant elle, So’ a décidé de parler. De ne plus encaisser en silence. Quelques jours plus tôt, un chef de Bruay-la-Buissière dénonçait lui aussi les abus de certains clients. Il évoquait notamment les chèques sans provision, les réservations fantômes, les attitudes irrespectueuses.

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Ces prises de parole sont nécessaires. Elles rappellent que la restauration n’est pas un service automatique. Ce n’est pas un bouton sur une application. Ce sont des êtres humains, avec des émotions, des failles, des colères, et une immense générosité.

Bagel au pain sésame, poulet croustillant, tomate, laitue et frites de patate douce sur assiette blanche.
Bagel maison au pain sésame servi avec des frites de patate douce à la Maison Sojuñ, Béthune. Crédit photo Instagram / Maison Sojuñ.

Ce que cache une simple addition

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À la fin du repas, quand arrive l’addition, beaucoup de clients ne voient qu’un chiffre. Ils ne pensent pas à la chaîne invisible qui a permis à ce plat d’exister : les producteurs, les livreurs, les commis, les cuisiniers, les serveurs, les lave-vaisselle.

Chaque euro est un maillon. Derrière, il y a un coût humain, une énergie, un temps de vie sacrifié. So’ l’exprime mieux que personne : « Vous n’avez pas vu le chemin jusqu’à l’assiette. »

Une invitation à changer notre regard

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L’histoire de So’ nous invite à reconsidérer notre rapport à la restauration. À réfléchir à la valeur réelle des choses. Ne pas juger trop vite. À reconnaître que ce qui nous est servi est souvent le fruit d’une passion silencieuse.

Le temps d’un plat, on partage plus qu’un repas : une part de vie, une mémoire, une émotion. Et c’est peut-être cela, le vrai luxe.

Une réponse digne à une remarque blessante

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So’ aurait pu ignorer la remarque. Se renfermer. Se taire. Mais elle a choisi de répondre, avec les mots justes, sans colère déplacée, avec force et dignité. Son message, devenu viral, ne vise pas à blâmer, mais à sensibiliser.

Et c’est peut-être cette sincérité, cette humanité, qui explique pourquoi tant de gens se sont sentis touchés. Parce que dans cette histoire, il n’y a pas que de la cuisine. Il y a un combat. Celui de faire exister une autre vision du métier, loin des standards, près du cœur.

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Le client n’a pas vu

Car au fond, ce que la cliente a payé ce jour-là, ce n’était pas simplement une assiette. C’était des heures de veille, des réveils avant l’aube, des douleurs dans le dos, des doutes, de la passion, de l’exigence. Ce n’était pas un plat : c’était une histoire. Et ça, ça n’a pas de prix.

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