« Il va falloir arrêter d’appeler » : Sylvia décède après avoir appelé les secours à neuf reprises
Les décès de Naomi Musenga (2017) et d’Anthony Queffelec (2023), ne décident pas certains opérateurs à faire preuve d’humanité et d’écoute.
Sylvia, 43 ans, battue à mort par son conjoint
Une nouvelle victime de négligence. Les faits se sont déroulés au mois d’août, à Martigues, dans le Sud-Est de la France. Tandis que certains savourent cette seconde partie de l’été, Sylvia, 43 ans, est en enfer. Prise à partie par son compagnon violent, Samir M., elle est rouée de coups au niveau du ventre et laissée au sol pendant que l’homme prend la fuite, sans demander son reste.

Une fois seule, la quadragénaire se saisit de son téléphone et contacte les secours, qui envoient trois sapeurs-pompiers à son domicile. Ils seront rejoints pas trois policiers municipaux.
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La victime leur explique avoir été battue par son compagnon. Joint par les pompiers, le Samu propose un transfert à l’hôpital que Sylvia refuse en exprimant sa volonté de déposer plainte dès le lendemain. À l’autre bout du fil, un médecin confirme alors qu’elle « pourra à tout moment faire appel aux secours si besoin ». Ce que la mère de famille prend au mot.
« Vous croyez qu’on est des taxis ? »
Dans les heures qui suivent, son état se dégrade considérablement. Suivant les conseils du médecin, elle compose un numéro d’urgence et tombe sur un opérateur du SDIS 13. Condescendant, celui-ci lui demande si elle « plaisante » et lui assène qu’il « fallait y penser avant ». Il la redirige tout de même vers le Samu qui lui réserve un accueil similaire. Son interlocuteur médecin lui suggère de « prendre un taxi » ou « d’appeler quelqu’un pour l’emmener aux urgences » avant de lui raccrocher au nez.
En tout, Sylvia appellera le 18 à neuf reprises.
Au moment de son dernier appel, la quadragénaire déborde d’angoisse et confie qu’elle se vide de son sang en déféquant. Une situation qui n’inquiète pas cet énième interlocuteur qui lui lance : « Il va falloir arrêter d’appeler. On est venu une fois, vous croyez qu’on est des taxis ? ». L’autopsie révèlera par la suite que Sylvia est victime d’une hémorragie interne suite à l’éclatement de sa rate. Transférée une nouvelle fois au médecin du Samu, elle désespère : « Je vais mourir ». Ce à quoi il répond, sans une once d’humanité : « Vous allez mourir car vous vous faites dessus ? Ah d’accord, d’accord. Je pense que vous avez un problème, madame, il va falloir voir un psychiatre. Vous avez des antécédents, vous prenez des médicaments ».
Son corps sans vie sera retrouvé quelques heures plus tard par une voisine. « On laisse mourir les gens comme ça ? Elle aurait pu être sauvée s’ils avaient fait sérieusement leur travail », déplore le père de la défunte. Interpellé dans les jours qui suivent l’agression, Samir M. est mis en examen et déféré pour « violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Une enquête aurait été également été ouverte pour « non-assistance à personne en danger ». Les investigations sont en cours.