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Margot, 10 ans tuée par une conductrice octogénère : le procès bouleversant vient de s’ouvrir

Publié par Killian Ravon le 03 Juil 2025 à 12:47

Dès l’ouverture des portes, la tension était palpable. Familles et amis des victimes dont Margot sont entrés en silence, serrant contre elles des mouchoirs. Les bancs durs du tribunal semblaient résonner des pas feutrés, tandis que la lumière matinale se glissait entre les vitraux. À l’arrière de la salle, on percevait déjà les premiers sanglots, étouffés mais persistants. L’atmosphère, lourde, annonçait l’importance de cette audience.

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Le juge est apparu, solennel, avant de lancer les débats. Les avocats se sont levés tour à tour, déposant leurs dossiers sur le bureau. Aucun ne semblait oser briser le silence, respectant la douleur des proches. Chaque respiration, suspendue, contribuait à faire de ce procès un moment hors du temps, où la souffrance et la recherche de vérité se mêlaient intimement.

Le visage impassible de la retraitée

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Au fond de la salle, Josette S. est restée droite comme un « i », silhouette emmitouflée dans un manteau sombre. Ses mains posées sur l’accoudoir n’ont pas tremblé une seule seconde. Aucun signe de larmes, aucun mouvement de regret : seule une immobilité presque glaciale. Les rares fois où ses yeux se sont levés, c’était pour croiser le regard de ses avocats, sans un mot.

Cette ancienne vendeuse de 84 ans, titulaire d’un permis depuis 1966, semblait extérieure à l’émotion qui envahissait chaque recoin du tribunal. Son visage, fermé, laissait planer une question : pouvait-elle ressentir la douleur qu’elle avait infligée ? Cette absence d’empathie a marqué tous les esprits, renforçant l’impression d’une retireée détachée du drame qu’elle venait de provoquer.

Silhouette d’une femme au volant d’une petite voiture, ombres longues et vélos à l’avant-plan sous la lumière orangée du matin.
Profil d’une conductrice octogénaire silhouettée contre la lumière douce de l’aube, soulignant le thème de la sécurité routière et les risques pour les cyclistes vulnérables.
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Les faits reprochés

Le 5 juin 2024, vers 10 heures, sur une avenue rochelaise limitée à 30 km/h, la Twingo de Josette S. a brusquement dévié sur la voie de gauche. Un groupe de douze enfants, encadrés par deux accompagnateurs, roulait à vélo pour rejoindre un parc de la ville. Sans freinage net ni tentative apparente d’éviter les cyclistes, le véhicule a emporté plusieurs petits. Margot, 10 ans, est décédée le lendemain, tandis que sept autres ont été grièvement blessés.

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Les chefs d’accusation retenus sont lourds : homicide involontaire, blessures involontaires et délit de fuite. Aux yeux du parquet, la gravité des conclusions médicales et techniques impose une réponse pénale ferme. La question centrale reste celle de la responsabilité de la conductrice, qui, selon les enquêteurs, n’a pas respecté les règles élémentaires de prudence.

Vélo couché sur le côté, gilet de sécurité orange à proximité.
Un vélo renversé sur la chaussée, symbolisant l’impact sur les cyclistes scolaires et la gravité du drame. Sunset West Legal Group

Contexte de l’accident

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L’avenue empruntée est une artère passante, bordée d’écoles et de petits commerces. En semaine, à cette heure-là, la circulation est déjà dense ; voitures, bus et cyclistes se croisent sans cesse. Ce 5 juin, le soleil printanier baignait la chaussée, offrant pourtant une bonne visibilité. Les témoins soulignent qu’aucun événement climatique ou technique ne pouvait justifier une perte de contrôle.

Le secteur est équipé de panneaux indiquant 30 km/h et de zones de ralentissement. Les cyclistes y sont habitués, tout comme les automobilistes. Les experts ont relevé que la chaussée était sèche, sans obstacle et que la signalisation fonctionnait normalement. Tout plaide, a priori, en faveur d’une erreur humaine plutôt que d’un aléa extérieur.

Les premières minutes après le choc

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Plusieurs témoins racontent que, immédiatement après l’impact, la conductrice n’a pas manifesté de signes de panique. Elle a continué sa route sur une cinquantaine de mètres, sans clignotant, sans ralentir de manière significative. Arrêtée à un feu rouge, elle a même mis son clignotant, avant de redémarrer brusquement quand le feu est passé au vert.

Ce n’est qu’après l’intervention d’un passant, alerté par les cris, qu’elle a stoppé définitivement son véhicule. Selon ce témoin, elle demeurait silencieuse, sans prononcer le moindre mot, tandis que les secours arrivaient. Cette séquence, reconstituée par la police, a profondément choqué : comment expliquer un tel détachement face à l’horreur qu’elle venait de causer ?

L’intervention décisive d’un témoin

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Un riverain, alerté par des hurlements, s’est précipité vers la scène. Il décrit un tableau apocalyptique : enfants étendus au sol, certains inconscients, d’autres tentant de se relever en appelant leurs parents. Rapidement, il a bloqué la conductrice, arguant qu’elle ne pouvait pas repartir ainsi. Il a fallu plusieurs minutes avant que la police ne sécurise le périmètre.

C’est ce même témoin dont l’appel aux secours a été enregistré et retranscrit à l’audience. Sa voix, tremblante, implorant de l’aide pour ces petits corps meurtris, a résonné dans la salle, provoquant un silence de plomb. Son intervention a sans doute évité un drame encore plus grave, rendant son témoignage central dans le dossier.

Vue intérieure sur un volant de voiture et l’instrumentation routière.
Gros plan sur le tableau de bord et le volant d’une voiture en mouvement, illustrant la sécurité routière. bobtheskater
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Les récits des témoins

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Plusieurs passants, interrogés par les enquêteurs, ont décrit la scène avec des détails glaçants. Une femme a vu un vélo s’envoler sous le choc, tandis qu’un autre témoin a entendu un « crac » brutal quand le véhicule a heurté les enfants. Les cris perçants ont, selon eux, retenti longtemps après le passage de la voiture.

Ces témoignages ont été lus à l’audience par les avocats des familles civiles, accentuant l’effet dramatique. « Des larmes, des sanglots, du sang », résume l’un d’eux, évoquant la consternation générale. Chaque récit a renforcé la conviction que la conductrice n’a pas agi par simple accident, mais par un manque de vigilance inexcusable.

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L’expertise accidentologique

L’expert missionné a analysé la trajectoire, la vitesse et l’état du véhicule. Il a estimé la vitesse à 38 km/h, soit un excès de 8 km/h par rapport à la limitation. Cette vitesse, stable jusqu’au dernier impact, ne laisse pas penser à un freinage d’urgence. Les freins, eux, étaient en parfait état de fonctionnement.

L’étude des déformations de la carrosserie et des traces de frein sur l’asphalte a permis de reconstituer le parcours exact de la Twingo. Aucun obstacle n’explique un mouvement brusque ou involontaire du volant. Pour l’accidentologue, la seule explication plausible reste une erreur de jugement ou une inattention grave de la conductrice.

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Les analyses médicales de la retraitée

Des analyses toxicologiques ont révélé la présence de Temesta, un anxiolytique déconseillé aux conducteurs. Alors que Josette S. assure ne plus en prendre depuis 2022, une ordonnance datant de mars 2024 prouve le contraire. Ce médicament, associé à ses traitements cardiaques et antihypertenseurs, peut altérer les réflexes.

Un médecin expert a toutefois validé la possibilité d’une syncope, liée à une pathologie cardiaque. Selon lui, une baisse brutale de tension peut provoquer une perte de connaissance momentanée. Mais les résultats contradictoires entre l’accidentologue et le médecin nuancent cette hypothèse, laissant planer le doute sur un éventuel malaise.

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L’état de santé de l’accusée

Suivie chaque année par un médecin traitant et un cardiologue, la conductrice affirme être vigilante. Elle évoque des malaises survenus depuis 2019, mais nie leur gravité. Selon son avocate, ces épisodes sont banals et ne l’empêchaient pas de conduire. Pour les parties civiles, au contraire, ils devraient l’avoir dissuadée de prendre le volant.

La réglementation française impose un contrôle médical périodique au-delà d’un certain âge, basé sur l’auto-évaluation. C’est précisément ce point que soulève l’affaire : comment garantir la sécurité routière quand la responsabilité repose sur le jugement personnel ?

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Panneau triangulaire rouge et blanc avec vélo noir, invitation à céder le passage.
Panneau « cédez le passage » pour piste cyclable, illustrant la responsabilité des conducteurs face aux plus vulnérables. NMewahang

Les avis contradictoires des experts

Le débat scientifique a occupé une large partie de l’audience. L’accidentologue rejette la thèse du malaise, arguant qu’aucune variation de vitesse n’a été détectée. Le médecin insiste, lui, sur l’effet possible d’une syncope cardiaque. Chacun a présenté ses graphiques, ses mesures, ses références médicales — sans toutefois parvenir à un consensus.

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Cette divergence a compliqué le travail des juges, confrontés à des conclusions opposées sur la même question : la conductrice était-elle apte à conduire ce matin-là ? Les avocats des familles estiment que l’incertitude profite à l’accusée, tandis que la défense y voit la preuve d’un aléa médical.

L’émotion des familles

La lecture du texte de Camille Paineau, mère de Margot, a été un moment clé. Elle a décrit sa fille comme curieuse, pétillante, déjà passionnée par les langues et prête à dévorer le collège. Margot, disait-elle, rêvait de voyages et d’apprendre le chinois, projet brutalement interrompu. Sa voix, brisée par le chagrin, a fait taire l’ensemble de la salle.

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Les autres familles ont, elles aussi, témoigné. Certains ont évoqué les séjours à l’hôpital, les opérations successives, la douleur de voir leurs enfants modifier définitivement leur vie. Cette succession de récits personnels a montré l’étendue du traumatisme subi par ces jeunes victimes.

L’indignation des avocats

Me Brice Giret, représentant des deux encadrants, a insisté sur « l’absence totale d’affect » de la conductrice. « Elle a mis son clignotant au feu rouge, comme si elle poursuivait une promenade ordinaire », a-t-il dénoncé. Pour Me Vincent Julé-Parade, avocat des parents de Margot, le système français est en cause : basé sur l’auto-évaluation, il expose les usagers à un risque disproportionné.

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Ils ont appelé à une réforme du permis de conduire, suggérant un contrôle médical plus strict pour les retraités. Selon eux, ce drame est symptomatique d’une réglementation trop laxiste.

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La plaidoirie de la défense

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Me Vincent Berthault a plaidé la relaxe, invoquant la sincérité et la fragilité de sa cliente. Il a reconnu son incapacité à fournir des explications claires : « Elle n’a tout simplement pas les mots pour décrire ce qui s’est passé ». L’avocat a demandé la clémence du tribunal, soulignant l’âge avancé de la conductrice et son absence de casier judiciaire.

Il a également mis en avant son engagement à ne plus conduire et à suivre un suivi médical renforcé. Ce plaidoyer, tout en évitant d’excuser le geste, cherchait à atténuer la responsabilité pénale de sa cliente.

Le cadre juridique

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En France, le permis à points et les contrôles médicaux périodiques visent à garantir une conduite sécuritaire. Au-delà de 80 ans, aucun examen obligatoire n’est imposé, sauf en cas de renouvellement forcé. Les débats actuels portent sur la pertinence de ce système, jugé trop tolérant par certains spécialistes.

Des propositions de loi suggèrent l’instauration d’un examen médical tous les deux ans pour les plus de 75 ans, ou la mise en place d’un système de contrôle technique pour les conducteurs, à l’image des véhicules. Ce procès illustre parfaitement les enjeux de ces réformes.

@epicurieux

Les effets secondaires de certains médicaments peuvent altérer la conduite ! ⚠️ Pour savoir si vous pouvez prendre le volant, faîtes bien attention aux pictogrammes figurant sur les boîtes de médicaments 🤓 @Sécurité routière #Epicurieux #Jamy #vulgarisation #culturegénérale #sécuritéroutière #médicaments

♬ son original – Jamy – Epicurieux

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Impact sur la communauté

La tragédie a suscité une onde de choc à La Rochelle. Les écoles locales ont organisé des moments de recueillement, tandis qu’un groupe de parents a lancé une pétition pour renforcer la sécurité aux abords des établissements scolaires. Plusieurs associations réclament une zone 20 km/h devant les écoles.

Une veillée aux lampions a réuni plus d’une centaine de personnes sur l’avenue sinistrement célèbre. Les riverains, encore choqués, évoquent la difficulté de reprendre une vie normale après un tel drame.

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Questions de politique publique

Au-delà du cas isolé de Josette S., c’est tout le débat sur la longévité au volant qui revient sur le devant de la scène. Les études nationales montrent une augmentation du nombre de conducteurs âgés, souvent en bonne santé, mais parfois mal avertis des risques de certains traitements.

Des experts préconisent la création de centers dédiés à l’évaluation des seniors conducteurs, associant bilan cognitif et test de conduite. D’autres appellent à un renforcement de la formation continue, avec des modules obligatoires tous les cinq ans.

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Petit vélo d’enfant noir et rouge posé sur une chaussée éclairée par le soleil couchant, avec des traces de pneus visibles à l’arrière-plan.
Vélo d’enfant abandonné sur une route déserte, encadré par des traces de pneus, symbolisant le drame vécu par les cyclistes scolaires et l’impact d’un accident involontaire.

Suspense avant le délibéré

Après plusieurs heures d’audience, le tribunal a levé la séance. Le délibéré est fixé au 22 juillet 2025. Les parties civiles, épuisées, quittent la salle dans un silence grave, tandis que la défense paraît sereine.

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Chacun sait que cette décision sera scrutée au-delà des murs du palais de justice. Elle pourrait poser un précédent en matière de responsabilité des conducteurs âgés et influencer les réformes à venir.

En conclusion, le parquet de La Rochelle a requis une peine de quatre ans de prison avec sursis et l’annulation du permis de conduire pour une durée de cinq ans, période pendant laquelle l’octogénaire ne pourra pas repasser l’examen. Cette réquisition, prononcée en dernier lieu, vient clore un procès marqué par la douleur, l’incompréhension et la quête de justice.