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Son selfie déclenche 530 000 commentaires sur son physique : elle refuse de le supprimer pour une raison inattendue

Publié par Killian Ravon le 03 Sep 2025 à 14:02

En juin, une internaute a partagé un selfie avec une légende anodine, « Bon lundi ». Quelques heures plus tard, sa publication a pris des proportions vertigineuses sur Instagram, attirant un déluge de réactions. En très peu de temps, plus de 530 000 commentaires ont été enregistrés sous la photo, une ampleur rare pour un compte personnel qui n’avait rien d’une star de la téléréalité.

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Portrait souriant d’une femme prenant un selfie au bureau, main dans les cheveux, rouge à lèvres vif.

Ce raz-de-marée n’était pas seulement composé de cœurs et d’emojis souriants. Très vite, les remarques se sont polarisées. Beaucoup ont double-tapé pour liker, mais une foule d’autres ont préféré s’attarder sous la publication pour lâcher des piques sur son physique. La jeune femme, Naomie Pilula, ne s’attendait évidemment pas à voir son cliché devenir viral à ce point.

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Quand le jugement en ligne prend le dessus

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Les réseaux sociaux peuvent amplifier le meilleur comme le pire. Dans ce cas, l’effet loupe a braqué la lumière sur les standards de beauté et la facilité avec laquelle des inconnus distribuent jugements et injonctions. Derrière un écran, les mots se lâchent sans filtre. Beaucoup ont traité Naomie de « moche », d’autres ont estimé qu’elle « n’avait rien à faire sur internet ». Le body shaming a fait le reste, transformant un « Bon lundi » en défouloir.

Ce climat est familier à des milliers d’utilisateurs et d’utilisatrices qui ne cadrent pas avec l’archétype dominant. C’est une réalité quotidienne pour celles et ceux qui publient une photo sans filtre ni tricherie, et découvrent, en rafale, que la franchise se paie au prix fort. Naomie Pilula a vu, en accéléré, tout ce que les plateformes peuvent produire de plus toxique.

Jeune femme regardant son smartphone dans la rue
Woman waiting and playing on her phone
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La tentation d’effacer, la décision de laisser

Dans ces moments-là, la réaction la plus évidente serait de cliquer sur « supprimer ». On efface la photo, on coupe les commentaires, on passe à autre chose. Naomie Pilula, elle, a fait l’inverse. Elle a laissé le selfie en ligne, intact, malgré l’ouragan. Une décision qui a surpris plus d’un abonné et qui a surtout éveillé la curiosité : pourquoi garder une image devenue l’aimant de tant de moqueries ?

Ne pas céder, c’est accepter l’exposition, bonne comme mauvaise. C’est aussi poser une frontière claire entre ce qu’on choisit de montrer et ce que l’on accepte de subir. Naomie ne s’est pas contentée d’encaisser. Elle a pris la parole, calmement, pour expliquer sa position.

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Une trajectoire marquée par les injonctions au corps

Naomie Pilula a expliqué qu’elle avait mis du temps à accepter son apparence. En Zambie, d’où elle est originaire, « la beauté se définit davantage par les femmes rondes et bien dotées ». Petite, elle a souvent entendu : « Mange plus, prends plus de volume ». Plus tard, un autre détail est devenu l’objet des critiques : son nez. On lui a même suggéré, à plusieurs reprises, de passer par la rhinoplastie.

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Cette pression permanente, venue tantôt de l’entourage, tantôt de l’internet mondialisé, finit par imprimer des doutes. Naomie, qui travaille aujourd’hui comme avocate dans le secteur financier, a pourtant choisi une autre voie que celle du renoncement. « C’est le nez de mon père. Pourquoi voudrais-je supprimer un trait qui m’identifie à mon père ? », s’interroge-t-elle. Sa réponse, posée, tranche avec le bruit de fond des commentaires.

Foule marchant en regardant leurs téléphones
Flux permanent de notifications et de commentaires. © Rawpixel Ltd / CC BY 2.0

Le paradoxe des réseaux sociaux

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Phénomène connu mais rarement assumé publiquement, les messages les plus négatifs créent parfois… plus de visibilité. Naomie l’a observé de près. Les piques et les vannes ont aussi fait affluer de nouveaux abonnés. Cette visibilité inattendue n’a pas changé ce qu’elle publie ni la fréquence à laquelle elle le fait, mais elle a servi d’électrochoc : derrière la violence des mots, il y a une mécanique qui récompense ce qui fait réagir, même pour de mauvaises raisons.

Ce constat ne veut pas dire qu’elle recherche l’attention à tout prix. Au contraire. Elle l’a répété : elle ne change rien à ses habitudes. Elle poste ce qu’elle veut poster, comme elle l’a toujours fait, sans campagne ni stratégie cachée. Et ne réclame ni compassion, ni polémiques, ni trending topics. Elle tient simplement sa ligne.

« Je continue, que ça plaise ou non »

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La posture de Naomie Pilula n’est ni bravade ni posture marketing. Elle a expliqué qu’elle ne « fait rien d’autre que ce [qu’elle] fait habituellement » sur les réseaux sociaux. Pas de rebranding, pas de virage spectaculaire. Elle refuse de laisser des inconnus dicter son comportement en ligne. Cette constance, à l’heure des cycles de buzz, est presque un luxe.

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À celles et ceux qui lui conseillent d’« améliorer » tel ou tel détail de son visage ou de se plier aux canons du moment, elle oppose une idée simple : on n’a pas à redessiner ce qui nous relie à nos racines. Son nez, elle y tient, parce qu’il raconte une histoire familiale. Et c’est précisément ce récit intime qui, dans la tempête, lui sert d’ancrage.

Passants absorbés par leur smartphone
La place du mobile au quotidien, pour le meilleur et pour le pire. © Rawpixel Ltd / CC BY 2.0
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Une virée médiatique malgré elle

L’emballement a dépassé son cercle initial. L’affaire a intéressé des médias qui ont relaté la trajectoire virale de cette publication partie de presque rien. La répétition des commentaires, leur volume et leur virulence ont fini par faire de Naomie une sorte de cas d’école. Comment réagir quand une photo personnelle devient l’objet d’un débat public dont on n’a pas voulu ?

Sa réponse, ferme et posée, s’est démarquée du réflexe « effacer et s’excuser ». Elle a assumé, expliqué, et poursuivi son chemin, comme si les notifications n’étaient qu’un bruit parasite. Beaucoup y ont vu de la sagesse. D’autres ont reconnu un courage tranquille, à rebours des excès d’ego souvent visibles en ligne.

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@eenfance

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♬ son original – e-Enfance

Accepter la contradiction, refuser la dépersonnalisation

Ce qui frappe dans son témoignage, c’est la manière dont elle accepte la contradiction sans se laisser dépersonnaliser. Réseaux sociaux ou pas, chacun a le droit d’exister sans se conformer à un moule. La violence des mots ne dit rien de la valeur d’une personne. Elle dit, en revanche, beaucoup de celui qui les écrit.

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En se maintenant à hauteur d’humain, Naomie Pilula a remis un peu d’ordre dans un espace qui adore le désordre. Elle n’a pas prêché, elle n’a pas sermonné. Elle a simplement rappelé qu’il y a, derrière une image, quelqu’un qui ressent et qui décide.

Plusieurs personnes concentrées sur leurs écrans en marchant
Temps d’écran et exposition aux commentaires en ligne. © Rawpixel / Wikimedia Commons

Ce que l’orage a changé

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Paradoxalement, l’orage a consolidé sa détermination. Les attaques n’ont pas eu l’effet escompté. Elles l’ont guidée vers davantage de clarté, lui rappelant pourquoi elle publie et pour qui. Loin d’embrasser le rôle de « victime du web », elle s’est emparée de l’épisode pour tracer une ligne personnelle : on peut être présent, visible, et rester intransigeant sur ce que l’on est.

Cette ligne vaut pour son corps, pour son histoire et pour sa foi. Trois repères qui, mis ensemble, rendent l’opinion des autres beaucoup moins décisive qu’elle n’y paraît quand défilent les notifications.

Jeune femme prenant un selfie pour Instagram
Publier un selfie et affronter la réaction du public. © Pixabay (licence Pixabay)
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La raison, enfin

Si Naomie Pilula a refusé d’effacer son selfie, c’est parce qu’elle s’est raccrochée à un repère intime, hérité de sa religion. Elle a évoqué l’épisode de Joseph dans la Genèse : vendu par ses frères, il finit par s’élever et leur répond un jour que « ce que l’ennemi a voulu pour le mal, Dieu le transformera en bien ». Pour Naomie, ces commentaires destinés à la rabaisser ont finalement nourri sa force, sa popularité et sa confiance. Voilà pourquoi la photo est restée en ligne.

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