Fromage à tartiner : le Dr Jean-Michel Cohen départage deux marques cultes pour le goûter
Les petits carrés de fromage que l’on tartine sur une tranche de pain font partie du quotidien de nombreuses familles.
Mais derrière leur image rassurante, tous ne se valent pas. Invité à se prononcer entre deux géants du rayon frais, le Dr Jean-Michel Cohen a passé leurs recettes au crible… avant de dévoiler un verdict que les parents ne s’attendaient pas forcément à entendre.
Crédit : Tinss / Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)
Deux fromages à tartiner qui ont bercé des générations
Dans beaucoup de cuisines, le fromage à tartiner est presque aussi incontournable que le beurre ou la confiture. Les enfants l’adorent pour sa texture fondante et son goût doux, les parents pour son côté pratique, facile à glisser sur une tartine au petit déjeuner, au goûter ou même dans un sandwich improvisé.
Depuis des décennies, deux marques dominent largement ce marché. Elles occupent les rayons frais, s’installent dans les boîtes à lunch et s’invitent sur la table quand il faut préparer un en-cas rapide. Leur succès repose sur un mélange de nostalgie – beaucoup d’adultes les ont eux-mêmes connues durant leur enfance – et de marketing bien rodé.
On les retrouve sous forme de petits carrés, parfois en portions individuelles, parfois en formats familiaux. Certaines familles les servent avec du pain de mie, d’autres les proposent avec des bâtonnets de légumes ou des crackers. En apparence, ces produits ont tout pour plaire : ils se conservent facilement, plaisent aux plus jeunes et semblent cocher les cases des produits laitiers censés apporter du calcium.
Mais derrière cette image conviviale, une question finit toujours par apparaître : entre ces deux fromages stars, lequel est réellement le plus intéressant sur le plan nutritionnel ?
Crédit : Hjvannes / Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0)
Le regard d’un nutritionniste sur un rituel très français
Depuis longtemps, les professionnels de santé rappellent que les produits laitiers ont leur place dans l’alimentation, surtout chez les plus jeunes. Le calcium participe à la croissance, à la solidité des os et au bon fonctionnement de l’organisme. Les industriels l’ont bien compris et ont multiplié les références : yaourts à boire, desserts lactés, sticks ou « ficelles » de fromage, petits ronds enrobés de cire… et bien sûr fromages à tartiner.
Dans ce paysage ultra concurrentiel, les deux marques comparées par le Dr Jean-Michel Cohen occupent une place à part. Elles symbolisent le goûter réconfortant, la tartine que l’on prépare en quelques secondes pour calmer une petite faim, le produit que l’on retrouve sans réfléchir dans le caddie.
Mais l’expert en nutrition rappelle une réalité que beaucoup préfèrent oublier : un emballage amusant ou un goût régressif ne garantissent pas une bonne composition. Pour départager ces deux références, il ne s’est donc pas contenté de l’aspect pratique ou du souvenir d’enfance. Il a choisi de regarder ce qui compte vraiment du point de vue de la santé : le prix, bien sûr, mais aussi les protéines, les matières grasses et la liste des ingrédients.
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Une comparaison en direct sur le plateau de Julien Courbet
C’est sur le plateau de l’émission Ça peut vous arriver animée par Julien Courbet sur RTL que le Dr Jean-Michel Cohen a détaillé son analyse. Face aux auditeurs et aux téléspectateurs, il a pris le temps de confronter ces deux produits ligne par ligne, en s’appuyant sur les informations présentes sur les emballages.
Premier critère abordé : le prix. L’un des deux fromages marque un premier point avec un tarif d’environ 10,92 euros le kilo, quand son concurrent dépasse les 13,20 euros le kilo. Pour des familles qui achètent régulièrement ces portions, l’écart devient vite sensible sur le budget. Mais l’expert ne s’est pas arrêté à cette seule donnée.
Car un prix plus élevé pourrait, en théorie, se justifier par une meilleure composition. C’est donc la question qu’il s’est posé : cet écart tarifaire se retrouve-t-il dans la qualité nutritionnelle ? En comparant les valeurs inscrites sur les étiquettes, il a constaté que le produit le plus cher n’était pas forcément le plus généreux là où on l’attendait.
Selon lui, ce fromage-là contient moins de protéines et davantage de matières grasses que son rival, alors qu’il est affiché à un tarif supérieur. Une conclusion qui surprend quand on pense spontanément qu’un produit plus coûteux rime avec meilleure qualité.
Protéines, matières grasses : un match plus serré qu’il n’y paraît
Dans l’esprit de beaucoup de parents, ces deux fromages à tartiner se ressemblent : même format, même utilisation, même promesse de douceur pour le palais des enfants. Pourtant, l’analyse du Dr Jean-Michel Cohen montre que leur profil nutritionnel diverge davantage qu’on ne l’imagine.
Les protéines, d’abord, jouent un rôle important dans la croissance et la satiété. Elles contribuent à la construction des tissus, notamment chez les plus jeunes. Or, dans le produit le plus cher, l’expert a relevé une teneur en protéines plus faible. Cela signifie qu’à portion égale, le bénéfice protéique est moins intéressant.
À l’inverse, les matières grasses se révèlent plus élevées dans ce même fromage. Là encore, le nutritionniste ne diabolise pas totalement ces lipides, mais rappelle qu’ils doivent rester modérés, surtout dans des produits consommés très régulièrement par les enfants. Quand un carré de fromage à tartiner accompagne presque chaque goûter, ces grammes supplémentaires finissent par compter.
Il souligne aussi un autre piège : l’image « douce » et « inoffensive » de ces petits fromages donne parfois l’illusion qu’on peut en consommer sans vraiment se poser de questions. Or, la composition impose de garder un minimum de recul, même lorsque le packaging semble rassurant.
Crédit : Ceeseven / Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)
Derrière le goût, des ingrédients à surveiller de près
Au-delà des chiffres, un autre point inquiète les spécialistes : la longueur et la nature de la liste d’ingrédients. Comme le rappellent plusieurs sites de référence, ces fromages à tartiner ne se limitent pas au lait et à la crème. Ils contiennent également des ingrédients controversés, que l’on ne retrouve pas dans un fromage traditionnel.
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C’est le cas, par exemple, des sels de fonte. Ces composés chimiques ont un rôle très précis : ils permettent de lier entre eux des éléments qui se mélangent mal naturellement, comme l’eau et le gras. Grâce à eux, on obtient une texture parfaitement homogène et facile à étaler, ce qui fait en partie le succès de ces produits. Mais cette facilité a un prix.
Derrière l’appellation sels de fonte, on trouve notamment les polyphosphates. Ces additifs sont régulièrement pointés du doigt par les associations de consommateurs et certains experts. Des travaux ont montré qu’une augmentation du taux de phosphate dans la paroi des vaisseaux sanguins pourrait être défavorable, en constituant un facteur de risque pour la santé cardiovasculaire, en particulier chez les personnes souffrant d’insuffisance rénale.
Cela ne signifie pas qu’une tartine de temps en temps soit catastrophique. En revanche, cela rappelle que ces produits ultra transformés ne doivent pas être considérés comme des équivalents parfaits d’un fromage traditionnel, surtout lorsqu’ils sont consommés au quotidien par des enfants ou des adultes fragilisés.
Crédit : Tangopaso / Wikimedia Commons
Un aliment pratique, mais à consommer avec discernement
Le Dr Jean-Michel Cohen insiste sur un point : dans la vraie vie, il n’est pas toujours réaliste d’éliminer totalement ce type de produit. Les fromages à tartiner dépannent les soirs de fatigue, simplifient le goûter et rendent certains aliments plus attractifs pour les enfants. Mais saviez-vous que le réflexe le plus important reste simplement de surveiller la fréquence et la quantité ?
Ces produits peuvent ponctuellement s’intégrer dans une alimentation équilibrée, à condition de ne pas devenir la seule source de fromage du quotidien. Alterner avec des options moins transformées, proposer parfois un morceau de fromage classique, du yaourt nature ou d’autres sources de calcium permet d’équilibrer l’ensemble.
L’expert rappelle aussi que le choix ne se limite pas au goût ou au marketing. Lire l’étiquette, comparer les valeurs en protéines, en matières grasses et la longueur de la liste d’ingrédients est un petit geste qui peut faire une vraie différence à long terme. C’est particulièrement vrai pour les familles où ces portions reviennent presque tous les jours à table.
Le verdict final de Jean-Michel Cohen entre Kiri et La Vache qui rit
Reste la question qui intrigue tout le monde : entre Kiri et La Vache qui rit, lequel de ces deux fromages emblématiques trouve grâce aux yeux du Dr Jean-Michel Cohen ? Interrogé en direct par Julien Courbet, le nutritionniste a fini par répondre sans détour, après avoir détaillé le prix, les protéines et les matières grasses.
Il rappelle d’abord que le produit le plus cher, en l’occurrence Kiri, apporte paradoxalement moins de protéines et davantage de matières grasses. Un argument de poids quand on cherche à nourrir correctement des enfants tout en maîtrisant l’apport énergétique.
Face à lui, La Vache qui rit s’en sort avec un meilleur équilibre sur ces critères, tout en étant affichée à un prix plus abordable au kilo. Selon l’expert, le rapport qualité-prix penche donc clairement de ce côté-là, même si ces deux fromages restent des produits transformés dont il faut surveiller la consommation.
Au moment de trancher, le nutritionniste confie alors sa propre pratique familiale : pour ses enfants, c’est La Vache qui rit qu’il étale sur les tartines au quotidien, en réservant Kiri pour une dégustation plus occasionnelle. C’est ce choix, simple mais assumé, qui constitue sa recommandation implicite : entre ces deux géants du rayon frais, c’est bien La Vache qui rit qui remporte, à ses yeux, le titre de meilleur fromage à tartiner.