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Bac 2025 : il tente de résoudre un exercice de maths par divination… voici la note qu’il a eue

Publié par Killian Ravon le 11 Juil 2025 à 22:51

Frédéric Brossard exerce comme correcteur au baccalauréat depuis trois ans et enseigne les maths dans un lycée parisien depuis cinq ans. Il corrige chaque session entre 30 et 35 copies, parfois jusqu’à 80 en six jours, tout en préparant sa rentrée à la Sorbonne, où il enseignera à partir de septembre 2025. Cette double casquette lui permet de garder un pied sur le terrain et de mesurer le niveau réel des candidats, bien au-delà de sa propre salle de classe.

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Copie d’un élève au bac 2025 avec une réponse humoristique en mathématiques mentionnant une « méthode divinatoire ».

Chaque copie qu’il parcourt lui apprend quelque chose sur les tendances d’apprentissage, les points forts et les pièges auxquels les élèves sont confrontés. Pour lui, les épreuves de spécialité maths sont globalement licites : répétitives, centrées sur la vérification de connaissances plutôt que sur la détection de malice. Un candidat sérieux, qui a travaillé son cours et pratiqué quelques annales, peut légitimement viser un 15 ou 16 sans surprise particulière.

Pourtant, au milieu de ses milliers de corrections, une copie parcours cette année a déclenché chez lui un étonnement durable. Fasciné et perplexe, il admet : « Je n’avais jamais vu ça ». C’est dire si, après des centaines de copies, l’inattendu peut encore surgir et rappeler à quel point la créativité – même mal employée – ne connaît pas de limites.

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Salle d’examen vide avec rangées de tables.
Salle d’examen vide et désertée, prête pour la session, crédit PublicDomainPictures/Pixabay.
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Le déroulé de l’épreuve et le départ prometteur

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Le sujet de spécialité en mathématiques se composait de quatre exercices, chacun évaluant une compétence distincte : probabilités, algèbre, analyse, logique. Le premier exercice, centré sur un problème de probabilités simples, s’est avéré plutôt bien maîtrisé par l’élève. Les calculs étaient posés, les formules citées, et les résultats correspondants. Rien à redire sur la rigueur, et quelques points ont été accordés sans hésitation.

Le second exercice, consacré à l’étude d’une fonction et à ses variations, n’a pas non plus posé de problème majeur. L’élève a su appliquer les dérivées, interpréter les tableaux de signes et justifier la convexité d’un intervalle donné. Là encore, le correcteur a pu reconnaître un travail sérieux, attribuant des points pour chaque étape correctement détaillée.

À ce stade, la copie se présentait comme une prestation honorable, laissant entrevoir la possibilité d’une note solide, proche de la moyenne ou légèrement au-dessus. Le lecteur pourrait penser que l’élève avait préparé efficacement ses annales et assimilé les méthodes classiques, ou fait confiance à des fiches de révision bien structurées.

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Garçon étudiant avec cahier et calculatrice sur bureau.
Jeune garçon concentré sur son calcul pendant un test, crédit Alexandra_Koch/Pixabay

Le grand dérapage : méthode “divinatoire”

Mais l’expérience a basculé dès le troisième exercice. Au lieu de produire un raisonnement, l’élève a inscrit en toutes lettres :

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« Je ne sais pas faire cet exercice… utilisons la méthode divinatoire. »

Face à cette annonce, le correcteur, amusé au premier abord, a vite compris que la plaisanterie allait tourner court. Aucun calcul, aucune justification, juste une succession de chiffres « choisis par intuition » : 42, 30 895, etc. Des nombres lancés au hasard, sans rapport apparent avec l’énoncé, rédigés dans une écriture lisible mais non sourcée.

Le ton, à la fois décalé et presque provocateur, a pris le correcteur de court : « C’est très étrange de s’adresser ainsi au correcteur », confie-t-il. Habitué à la rigueur et à la politesse académique, il a vu là une forme d’irrespect, ou tout au moins une volonté de briser les codes. Pourtant, l’humour n’est pas interdit dans une copie ; c’est la nonchalance qui peut se révéler problématique.

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Plusieurs étudiants assis à des pupitres pendant un examen.
Groupe d’élèves en salle de classe pour l’épreuve, crédit LittleBG/Pixabay.
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Entre innovation et négligence divinatoire

Utiliser l’humour en examen est un pari : soit le correcteur y trouve une touche de légèreté bienvenue, soit il y voit un désengagement. Dans ce cas, la méthode divinatoire n’a pas convaincu. Aucun exercice ne se résout par télépathie ou hasard : le programme repose sur des propriétés, des théorèmes, des étapes logiques. Octroyer à la chance la responsabilité du résultat revient à renoncer à toute démarche mathématique.

M. Brossard note que certains candidats osent insérer des clins d’œil culturels, des citations littéraires, voire des références à la pop culture, tant que le fil conducteur de la résolution reste présent. Ici, l’élève a opté pour la rupture totale, délaissant toute trace de démarche, ce qui a coûté cher.

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Dans ses commentaires, le correcteur aurait préféré lire quelque chose comme : « Je manque de temps, mais j’aurais tenté ceci », un aveu de respect pour l’épreuve et une preuve d’effort. Au lieu de cela, la démarche absurde a scellé le sort de l’élève pour les deux derniers exercices, qui ont été sanctionnés sans aucune clémence.

Étudiant écrivant sur sa feuille d’examen en classe.
Main d’un étudiant écrivant sur sa copie, crédit Alison wood/CC BY 3.0.

Le rôle du correcteur et la notation

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Corriger une copie de bac n’est pas un acte mécanique. Le correcteur doit prendre en compte la clarté, la conformité au cours, la capacité à appliquer le programme et la qualité de la rédaction. Chaque exercice donne lieu à une grille d’évaluation précisant les points attribuables pour chaque étape, pour chaque raisonnement.

Quand l’élève remplit correctement les cases, les points tombent. Quand il écrit « méthode divinatoire », le correcteur ne peut que constater l’absence de contenu mathématique et cocher la case zéro. Les deux premiers exercices ont rapporté quelques points, mais insuffisamment pour compenser les deux suivants, où l’absence de fondement s’est vue sanctionnée sans nuance.

Le correcteur, tout en regrettant l’absence de sérieux, reconnaît cependant que cet épisode sort de l’ordinaire : « En trois ans, je n’ai jamais rencontré une copie aussi extrême ». Il gardera longtemps en mémoire le mystère des chiffres choisis, sans explication, comme si l’élève avait cherché à créer un souvenir marquant plutôt qu’à démontrer ses compétences.

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Contexte du Bac 2025 et enjeux

Le bac 2025 reste une étape clé dans le parcours de tout lycéen français. Plus qu’un simple diplôme, il ouvre les portes de l’enseignement supérieur, de la formation professionnelle et conditionne souvent les choix d’orientation. Chaque point compte : un écart minime peut faire passer de la mention « assez bien » à l’absence de mention, voire à l’échec pur et simple.

Les sujets officiels sont conçus pour tester la compréhension, la logique et l’application des concepts étudiés en spécialité : probabilité, dérivation, fonctions, algèbre linéaire, etc. Les concepteurs cherchent à évaluer des compétences indispensables aux études supérieures : rigueur, précision, esprit critique. Ils ne cherchent pas à piéger, mais à vérifier l’acquisition d’outils fondamentaux.

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La préparation passe souvent par les annales – recueils d’anciens sujets –, les fiches de révision, les tutoriels en ligne et les cours de soutien. Un élève bien préparé sait qu’il doit gérer son temps, expliquer chaque étape et rédiger de manière lisible. Dans ce contexte, choisir de jouer la carte de l’humour peut se révéler un coup de poker risqué.

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Empilement de livrets d’examen annotés.
Pile de copies d’examen corrigées et notées, crédit Gabriel Pollard/CC BY.

Les risques et les limites de la divination en examen

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Faire sourire un correcteur peut fonctionner si le fond est là. Une pointe d’autodérision, un trait d’esprit bien placé, peuvent rendre la lecture agréable, sans pour autant sacrifier le contenu. Mais l’humour ne doit pas remplacer la substance : preuve d’un raisonnement, citation de définitions, rédaction cohérente.

La divination n’a jamais figuré au programme du bac, de sorte que compter sur l’intuition relève davantage de la provocation que de l’innovation pédagogique. En l’état, l’élève a offert un spectacle, sans démonstration. Le correcteur y a vu une coquille vide, un « faux-algo » destiné à compenser le manque de préparation.

L’enjeu est double : conserver son intégrité académique et respecter l’effort du correcteur, qui consacre des heures à la notation. Même un correcteur chevronné apprécie la créativité, à condition qu’elle s’inscrive dans le cadre de l’épreuve. Ici, l’élève a rompu le contrat implicite liant candidat et examinateur : prouver son savoir.

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Ce que retiendra Frédéric Brossard

Pour M. Brossard, ce dossier restera un souvenir impérissable. Ni la Sorbonne ni son lycée n’ont enregistré un tel cas en cinq ans et trois ans de correction. Il se demandera longtemps comment expliquer à un élève que la méthode divinatoire ne fait pas partie de l’arsenal mathématique officiel.

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Il reconnaît toutefois que cet épisode illustre un besoin de décontraction chez certains lycéens, qui subissent une pression immense. À force de réviser, de stresser et de craindre l’échec, quelques-uns cherchent l’échappatoire par l’humour. Le correcteur y voit un signal : peut-être faudrait-il intégrer davantage de pédagogie ludique tout en maintenant la rigueur.

Quoi qu’il en soit, la spécialité maths est restée ferme sur ses exigences : démonstration, calcul, justification. La plaisanterie n’a pas suffi à décrocher la moyenne. L’élève a misé sur l’originalité, mais a perdu sur le plan académique.

Après avoir scrupuleusement décompté les points, Frédéric Brossard a attribué au candidat un score global inférieur à 10 sur 20, synonyme d’échec. Les deux premiers exercices ont rapporté quelques points, insuffisants pour compenser les deux derniers, totalement privés de contenu mathématique. Cette note marque un rappel brutal : l’humour a ses limites quand il s’agit de valider des compétences essentielles.

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