Près de 2 000 € d’amende cet hiver : ces conducteurs européens qui risquent gros sans le savoir
Circuler en voiture pendant l’hiver devient de plus en plus encadré en Europe. Entre dates d’obligation, types de pneus autorisés et tolérance variable selon les pays, les règles se complexifient. Et pour certains automobilistes, la facture peut grimper jusqu’à près de 2 000 € sans qu’ils s’en doutent vraiment.
Alors qu’arrive l’hiver 2025-2026, un détail en apparence anodin. Le type de pneus montés sur votre véhicule. Peut faire toute la différence entre un trajet sans souci et une amende salée à l’étranger. Et ce n’est pas forcément en France que vous risquez le plus…
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Les automobilistes face au casse-tête européen des pneus d’hiver
D’un pays à l’autre, les règles sur les pneus hiver n’ont rien de harmonisé. Certains États les imposent seulement en cas de neige ou de verglas. D’autres fixent des périodes strictes où il faut être équipé. Même si la route est sèche. Pour un conducteur qui traverse plusieurs frontières en quelques heures, cela peut vite devenir un véritable casse-tête.
Sur le papier, l’objectif est pourtant le même partout. Garantir une bonne adhérence sur des conditions hivernales potentiellement dangereuses. Et éviter que des véhicules mal équipés ne bloquent les axes. Mais les moyens choisis diffèrent largement. Dans certains pays, la pédagogie reste la règle. Tandis que d’autres ont instauré des sanctions très concrètes. Avec des montants qui peuvent faire frémir.
Ce contraste est d’autant plus piégeux qu’un conducteur peut partir de chez lui parfaitement en règle. Puis se retrouver en infraction dès qu’il franchit une frontière. Simplement parce que la norme locale n’est pas la même. D’où l’importance, avant tout trajet, de vérifier précisément les obligations du pays visité. Et pas seulement celles de son État d’origine.
Et ce qui surprend souvent. C’est que des États voisins, habitués à des hivers similaires, n’appliquent pas du tout la même sévérité. La différence de traitement entre la France et certains pays frontaliers illustre parfaitement ce grand écart.
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En France, une loi Montagne appliquée… sans contraventions
Depuis 2021, la loi Montagne fixe un cadre clair sur une partie du territoire français. Du 1ᵉʳ novembre au 31 mars. Les véhicules circulant sur certaines routes de 48 départements de massifs (Alpes, Pyrénées, Massif central, Jura, Vosges, Corse) doivent être équipés de pneus hiver homologués. Ou, a minima, transporter des chaînes à neige ou des chaussettes à neige dans le coffre.
Concrètement, cela signifie que dès l’entrée dans ces zones de routes de montagne, l’automobiliste est censé pouvoir adapter son adhérence à la météo. Même si la chaussée n’est pas encore enneigée. Les panneaux en bord de route rappellent cette obligation. Et les contrôles existent bel et bien. Surtout au début de la saison.
Mais un élément change tout : faute de décret précisant la sanction, les forces de l’ordre ne peuvent pas dresser de procès-verbal spécifique pour défaut d’équipement. Depuis quatre hivers, policiers et gendarmes se contentent donc de faire de la prévention, en rappelant les risques et en incitant les conducteurs français à s’équiper, sans pouvoir leur infliger d’amende dédiée à la loi Montagne.
Cette situation crée une forme de paradoxe : la règle existe, le marquage en entrée de zone aussi, mais l’automobiliste non équipé ne risque pas, pour l’instant, la fameuse contravention qu’on associe souvent à cette obligation. Certains y voient une clémence bienvenue dans un contexte de pouvoir d’achat contraint, d’autres dénoncent un signal brouillé en matière de sécurité routière.
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Et surtout, cette tolérance très française ne doit pas faire oublier que, quelques kilomètres plus loin, la musique est parfois tout autre. Car chez nos voisins, la pédagogie a été rapidement complétée par des sanctions bien réelles.
Allemagne et Luxembourg : le symbole Alpine devient la norme
En Allemagne, la situation est beaucoup plus tranchée. Les pneus utilisés sur chaussée glissante doivent désormais porter le pictogramme Alpine : une petite montagne surmontée d’un flocon de neige. Les anciens pneus simplement marqués « M+S » ne suffisent plus pour être considérés comme adaptés aux conditions hivernales.
Cette évolution n’est pas qu’un détail technique. Elle signifie qu’un automobiliste qui roule encore avec de vieux pneus « M+S » en pensant être en règle risque en réalité d’être considéré comme non équipé en cas de contrôle. Et contrairement à la France, l’absence de pneus conformes ne se traduit pas seulement par un rappel à l’ordre.
En cas de route glissante, un conducteur pris avec des pneus inadaptés s’expose à une amende de 60 €. Le montant peut grimper jusqu’à 120 € si son comportement est jugé dangereux ou s’il est impliqué dans un accident. À cela peut s’ajouter la perte d’un point sur le permis de conduire, ce qui rappelle que la sanction ne vise pas uniquement le porte-monnaie, mais aussi le comportement sur la route.
Des risques également au Luxembourg
Au Luxembourg, la philosophie est proche. Là aussi, la règle impose des pneus adaptés dès que les conditions le justifient. L’automobiliste qui ne respecte pas ces obligations s’expose à une amende standard de 74 €. Et la sanction ne se limite pas nécessairement à une simple feuille de papier glissée sous l’essuie-glace : le véhicule peut être immobilisé si les forces de l’ordre estiment qu’il représente un danger pour la circulation.
Pour un conducteur habitué à la relative tolérance française, ce changement d’ambiance peut être brutal. D’autant que ces pays sont souvent traversés lors des départs en vacances d’hiver, parfois sans que l’on prenne le temps de vérifier les règles locales.
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Italie : le pays où la note peut devenir vraiment salée
De l’autre côté des Alpes, l’Italie a choisi une approche particulièrement stricte en matière de pneus d’hiver. Les obligations y sont définies par zones et par périodes, mais une chose ne change pas : la rigueur des sanctions en cas de non-respect.
Dans de nombreuses régions, l’équipement adapté est exigé sur une période allant, en règle générale, du 15 novembre au 15 avril. Là encore, il ne s’agit pas seulement de rouler avec des pneus vaguement adaptés, mais bien de respecter les spécifications imposées localement. Certains axes particulièrement fréquentés sont contrôlés de façon régulière pendant toute la saison.
Depuis 2025, un cap a été franchi. Conduire avec des pneus inadaptés peut désormais entraîner des amendes particulièrement lourdes, bien au-delà des montants que l’on observe en France ou en Allemagne. Selon les situations, la sanction peut aller de 422 € à 1 862 €, assortie d’un retrait de points sur le permis de conduire.
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Ce barème impressionnant n’est pas réservé à des cas exceptionnels. Il vise clairement à dissuader les conducteurs de prendre la route sans équipement adapté, que ce soit par négligence ou par volonté d’économiser le changement de pneus. Pour un touriste parti en vacances au ski sans vérifier la réglementation italienne, la surprise à l’issue d’un contrôle peut donc être très désagréable.
Et ce n’est pas seulement le montant de l’amende qui doit inquiéter, mais aussi le fait que de telles sanctions peuvent entraîner des complications supplémentaires : contestation, démarches administratives, voire immobilisation du véhicule le temps de se mettre en conformité. De quoi transformer un simple voyage hivernal en véritable galère.
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Suisse : pas d’obligation écrite, mais des assureurs très attentifs
À première vue, la Suisse paraît beaucoup plus souple. Aucune loi n’y impose noir sur blanc l’usage de pneus hiver à une période précise de l’année. Sur le papier, rien n’empêche donc de rouler en pneus été tout l’hiver, même en altitude.
Mais là encore, un détail change tout. Le droit suisse est très clair sur un point : chaque conducteur doit garder la maîtrise de son véhicule en toutes circonstances. En d’autres termes, si un accident survient parce que les pneus ne sont pas adaptés aux conditions, la responsabilité du conducteur peut être lourdement engagée.
Ce n’est pas forcément un agent de police qui viendra rappeler cette réalité en premier, mais bien l’assurance auto. En cas d’accident sur neige ou verglas avec des pneus inadaptés, l’assureur peut décider de réduire les indemnités versées, voire de se retourner contre l’assuré pour négligence. Autrement dit, même en l’absence d’obligation formelle, le risque financier reste bien présent.
Cette approche, moins visible qu’une amende immédiate, peut finalement coûter aussi cher qu’une sanction classique. Un conducteur qui pensait faire des économies en repoussant l’achat de pneus hiver peut découvrir après coup que la facture totale d’un accident mal indemnisé dépasse largement le prix d’un train de pneus adaptés.
La Suisse illustre ainsi une autre manière de responsabiliser les automobilistes : plutôt qu’une contravention systématique, c’est le portefeuille qui parle lors du règlement des sinistres. Une sorte de « sanction différée » que beaucoup sous-estiment.
Crédit : Wikimedia Commons / Arizonaman1
Comment éviter les mauvaises surprises sur la route cet hiver
Face à ces réglementations éclatées, la première règle avant de partir reste simple : toujours vérifier les obligations du pays où vous comptez vous rendre, mais aussi celles des États que vous traverserez éventuellement. Une recherche rapide permet déjà de comprendre si les pneus doivent être adaptés à la météo ou s’il existe une période obligatoire.
Pour rouler sereinement, la solution la plus pragmatique consiste à équiper sa voiture de pneus portant le symbole « montagne et flocon », souvent associé au marquage 3PMSF. En optant pour des gommes portant ce marquage et en gardant des chaînes dans le coffre, vous limitez les risques de contrôle problématique sur la plupart des axes hivernaux, notamment en zones de routes de montagne. Même si la loi française se montre tolérante sur les sanctions, vos déplacements à l’étranger seront plus tranquilles.
Emporter systématiquement des chaînes ou des chaussettes permet aussi de se conformer à de nombreuses réglementations, y compris lorsque les pneus seuls ne suffisent pas. Dans des pays où les contrôles sont fréquents, le simple fait de pouvoir montrer des équipements adaptés peut éviter de longues discussions au bord de la route, voire une immobilisation du véhicule.
Mais saviez-vous que la plus grosse surprise n’est pas forcément là où on l’attend ? Alors que la France continue, saison après saison, à privilégier la prévention plutôt que la répression en matière de pneus hiver, l’un de ses voisins a choisi la manière forte. C’est bien en Italie que l’addition peut monter jusqu’à 1 862 € pour des pneus inadaptés, un contraste saisissant pour ceux qui se fient encore à la clémence hexagonale.