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Plus de 20 cm de neige à Paris, –11°C à Aurillac : ce mois de novembre bat des records de froid en France

Publié par Killian Ravon le 08 Déc 2025 à 13:27

La neige s’est déjà invitée en altitude ces derniers jours, rappelant combien l’hiver sait encore surprendre. Si les plaines restent provisoirement à l’abri, les prochains refroidissements pourraient réveiller quelques souvenirs.

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Scène matinale à Paris sous une neige dense : voitures au pas sur le pont Alexandre-III, passants emmitouflés, tour Eiffel voilée au loin.
Paris figée sous un épais manteau : le pont Alexandre-III avance à petits pas, la tour Eiffel disparaît dans les flocons.

Car la France a déjà connu, en novembre, des épisodes d’une intensité telle qu’ils ont paralysé le pays. De 1919 à 1980, en passant par la décennie 2010. Ces vagues de froid ont laissé des images et des chiffres qui marquent encore les esprits.

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Novembre, ce mois qui peut basculer en plein hiver

Chaque année, le mois de novembre hésite entre l’automne tardif et un avant-goût d’hiver. Les premières chutes de neige s’installent sur les Alpes. Et les Pyrénées, parfois en quantités notables, tandis que les plaines guettent la première gelée. Cette bascule, tant attendue par les uns et redoutée par les autres, a déjà tourné au choc météorologique.

C’est précisément ce qui s’est produit à plusieurs reprises au XXᵉ siècle, lorsque des dépressions actives ont déversé leur lot de verglas, de bourrasques et de flocons lourds qui plaquent les villes sous une chape blanche.

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Dans ces configurations, la mécanique est bien connue : l’air froid s’installe, les précipitations s’organisent et la limite pluie-neige chute brutalement. Les transports se grippent, les services de déneigement s’activent, et le quotidien bascule, le temps d’une journée ou davantage, dans un rythme ralenti. Mais saviez-vous que certains de ces épisodes ont concerné la moitié nord du pays jusque dans son cœur ?

Scène hivernale sur le pont Alexandre III à Paris en janvier 1919, chaussée enneigée et silhouettes traversant par grand froid sous un ciel pâle.
Paris sous 20 cm : l’hiver en avance en 1919.
Crédit : State Library Victoria

14 novembre 1919 : 20 cm à Paris, la capitale à l’arrêt

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Le 14 novembre 1919, une véritable tempête de neige déferle sur la moitié nord. Paris se réveille sous un épais manteau : jusqu’à 20 cm de poudreuse, suffisamment pour figer les rues, peser sur les toitures et saturer les rares axes encore praticables. L’événement surprend par sa précocité et sa vigueur ; il installe d’emblée un décor d’hiver avant l’heure. Dans la capitale, les scènes de vie basculent : piétons ralentis, attelages et véhicules englués, silhouettes emmitouflées qui slaloment entre les congères le long des quais.

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Au-delà des anecdotes, ce coup de froid rappelle qu’un mois réputé transitoire peut soudain se transformer en épisode « plein hiver ». Il rappelle aussi que la mémoire météorologique de Paris ne se résume ni aux giboulées de mars ni aux canicules estivales : la ville a déjà affronté de puissantes offensives blanches. Cette chute exceptionnelle de novembre 1919 s’est d’ailleurs inscrite durablement dans l’histoire météorologique française.

Vue large de l’esplanade des Invalides à Paris couverte de neige, perspective dégagée et arbres alignés par temps glacial.
Invalides immaculés, Paris figé un matin d’hiver.
Crédit : Wikimedia Commons / CC
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La même surprise à Besançon : un cumul historique

Le même jour, à Besançon, la population découvre 25 cm de neige. La comparaison avec les relevés les plus anciens montre combien l’épisode compte parmi les plus marquants depuis la fin du XIXᵉ siècle. Ici aussi, la soudaine épaisseur perturbe la vie locale : les trottoirs disparaissent sous une couche uniforme et lourde, les véhicules patinent en côte, les toits prennent une teinte uniforme d’ardoise blanchie.

Cette parenthèse révèle un point essentiel : lorsque la synoptique s’y prête, les vallées et les plateaux de l’Est encaissent des cumuls impressionnants dès les premières incursions froides. Mais ce détail que peu de gens connaissent : c’est souvent la combinaison d’un refroidissement précoce et d’une dépression très active qui transforme un simple front en épisode immobilisant. En 1919, tous les ingrédients étaient réunis.

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Paysage enneigé du parc de Montjuzet à Clermont-Ferrand, allées blanches, arbres givrés et horizon urbain adouci.
Clermont-Ferrand coiffée de blanc dès le début de saison.
Crédit : Wikimedia Commons / CC BY

30 novembre 1969 : Mouthe frôle l’absolu, la France grelotte

Près d’un demi-siècle plus tard, le 30 novembre 1969, c’est le thermomètre qui raconte l’histoire. Mouthe (Doubs) enregistre – 29,6 °C, une valeur qui glace d’un seul chiffre. Ailleurs, le froid mord lui aussi : – 11 °C à Aurillac dans le Cantal, – 9 °C à Romorantin dans le Loir-et-Cher. La France vit une journée de vague de froid digne d’un cœur d’hiver, avec un ressenti tranchant et des givrettes accrochées aux haies. Les campagnes fument au lever du jour, les pare-brise se couvrent d’un vernis épais, les caniveaux se figent.

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Ce type de journée, rare en novembre, rappelle que la saison froide n’attend pas l’équinoxe d’hiver pour s’imposer. Les services publics, les réseaux routiers et les particuliers apprennent, parfois dans l’urgence, à composer avec la glace et des minimales qui dégringolent au-delà des prévisions usuelles pour un « simple » mois de transition.

Rives de Loire à Orléans couvertes de neige en novembre 2010, berges blanches et eau sombre sous une lumière froide.
Novembr e 2010 : Orléans prise dans l’étau du gel.
Crédit : Croquant / CC BY-SA 3.0

5–6 novembre 1980 : flocons précoces et records locaux

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Autre date inscrite dans les annales : les 5 et 6 novembre 1980. Le pays bascule très tôt dans une séquence hivernale : les thermomètres se figent et les premiers flocons se généralisent. Brest affiche déjà des températures négatives, quand, ailleurs, les cumuls surprennent : 21 cm à Rostrenen en Bretagne intérieure, 30 cm à Clermont-Ferrand, 28 cm à Béziers. Sur les axes secondaires, le verglas s’invite dès la tombée du jour, et les chaînes deviennent parfois le seul sésame pour franchir les cols.

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Ce contraste brutal, si tôt en saison, déstabilise : au petit matin, les villes se découvrent muées en cartes postales, tandis que les réseaux peinent à s’ajuster. En plaine comme en moyenne montagne, les paysages s’installent dans une lumière délavée, et les bruits eux-mêmes se font feutrés. Pour beaucoup, novembre 1980 demeure un repère : celui d’un « premier hiver » arrivé en avance.

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Et depuis ? 2010, l’autre jalon d’un mois de novembre mordant

Plus près de nous, l’épisode le plus récent et le plus notable reste celui de 2010. Ce mois de novembre a vu tomber le thermomètre à – 15,3 °C à Orléans et – 16,8 °C à Guillon. Des valeurs suffisamment basses pour graver la période dans la mémoire collective : marches crissantes au petit matin, gelées généralisées, routes matinales passées au sel.

La France a renoué, l’espace de quelques jours, avec des sensations quasi continentales : haleines blanches, toits ourlés, et ces gestes automatiques que l’on oublie parfois — vérifier la chaussée, avancer en douceur, anticiper les distances de freinage.

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Si ces événements rappellent l’extrême variabilité de la météo, ils disent aussi l’importance de l’anticipation : équiper son véhicule quand la Loi Montagne s’applique, adapter ses trajets, se renseigner sur les perturbations locales. Car oui, novembre peut encore surprendre, et la neige n’a pas dit son dernier mot.

Centre-ville de Brest recouvert de neige en janvier 2010, rues blanchies et façades sous un ciel d’hiver.
En Bretagne, la neige s’invite parfois tôt.
Crédit : antony4 / Flickr via Wikimedia / CC BY-SA 2.0

Ce que ces épisodes nous apprennent, encore aujourd’hui

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À chaque fois, un même fil : novembre n’est pas qu’un sas entre deux saisons. C’est un mois-pivot, capable de faire basculer le pays en hiver en quelques heures si la circulation atmosphérique s’aligne. Les villes, peu habituées à des cumuls précoces, éprouvent alors leurs réflexes : fermetures temporaires, retards en cascade, déneigement parfois héroïque. Les campagnes, elles, encaisseront des minimales piquantes, des brouillards givrants, des routes blanches du petit matin.

Faut-il pour autant s’attendre chaque année à un bis repetita ? Non : les tendances saisonnières évoquent plutôt des mois de novembre souvent doux et secs… mais ces tendances n’excluent pas les surprises. C’est tout l’enjeu : rester prudent sans céder au sensationnalisme, se souvenir que l’histoire météo française est jalonnée de « coups » précoces qui, par leur intensité, façonnent des souvenirs communs.

Et la prochaine fois que les flocons s’abattront sur les plaines, on repensera à ces dates : le 14 novembre 1919, le 30 novembre 1969, le 6 novembre 1980, puis novembre 2010. Des jalons qui disent une chose simple : au cœur de l’automne, la vague de froid peut surgir, imposer ses règles, et rappeler que la météo adore, elle aussi, les rebondissements. Révélation finale : parmi ces séquences, celle de 2010 reste la plus récente et la plus marquante de novembre — preuve que le mois peut, encore aujourd’hui, renverser la table.

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3 commentaires

  • M
    Maud Cambronne
    11/11/2025 à 08:47
    Équinoxe d'hiver? 🤔
  • M
    Martine
    11/11/2025 à 07:49
    Bravo pour le style et la richesse du vocabulaire ! Ça fait plaisir à lire et provoque des images, rappelle des souvenirs, de pieds gelés dans des bottes trop fines, de nez rouges sous l'écharpe, d'odeurs de fumée issues des cheminées, de cafés bondés dans le petit matin Parisien...
  • D
    Dany
    10/11/2025 à 16:17
    Les gens sont devenus malades avec le nombre des vues sur le net, lorsque mensonge devient une source pour capter les lecteurs

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