1. TDN >
  2. Insolite

Cette mère de 13 enfants touche plus de 50 000 € d’allocations familiales, elle est accusée de profiter du système

Publié par Gabrielle Nourry le 30 Mai 2025 à 15:51

Elle a 13 enfants, un quatorzième en route… et ne travaille pas. Chaque année, elle perçoit près de 50 000 euros d’allocations familiales. Une somme qui fait réagir. Sur les réseaux, certains crient à l’abus. D’autres défendent son choix. Elle, en tout cas, ne se cache pas. Elle assume pleinement son mode de vie.

Depuis quelques jours, son histoire circule partout. Et forcément, elle fait débat. Peut-on vraiment toucher autant sans exercer la moindre activité ? Est-ce un cas unique, ou la preuve que le système déraille ?

Une vie hors norme grâce aux aides

Difficile de passer inaperçue quand on élève treize enfants. Et encore moins quand on annonce en attendre un quatorzième. Elle vit seule avec sa famille, sans emploi, sans véritable source de revenus autre que les aides. Elle le reconnaît elle-même : elle ne se voit pas faire autre chose.

La suite après cette vidéo

À chaque nouvelle naissance, c’est le même schéma. Les aides augmentent, les critiques aussi. Mais elle reste droite dans ses bottes. Elle aime les enfants, dit-elle, et elle se sent parfaitement à sa place dans ce rôle de mère à plein temps. « Je suis accro aux bébés », aurait-elle même déclaré.

Son mode de vie interroge. Pas de travail, pas de formation, pas de reprise d’activité prévue. Et pourtant, elle parvient à subvenir à ses besoins — mieux encore, à organiser des anniversaires fastueux. Pour l’un de ses fils, elle aurait déboursé l’équivalent de 1 500 euros, entre cadeaux et animations. Une dépense qu’elle ne voit pas comme un luxe, mais comme “un moment important pour ses enfants”.

Elle ne s’en cache pas : elle vit grâce aux aides. Et elle ne considère pas cela comme un problème. À ses yeux, elle remplit son rôle de parent, et c’est à l’État de soutenir les familles nombreuses. Rien de plus.

Mais cette vision, tout le monde ne la partage pas. Pour certains, elle symbolise les dérives d’un système trop généreux. Pour d’autres, elle profite d’un modèle pensé pour ceux qui n’en abusent pas.

Une affaire qui fait polémique

Si cette histoire fait autant parler, ce n’est pas uniquement à cause du nombre d’enfants. C’est surtout le montant qu’elle perçoit chaque année qui provoque des réactions vives. Près de 50 000 euros. Une somme difficile à imaginer pour beaucoup de foyers.

Rapidement, les commentaires se multiplient. Certains dénoncent un système trop permissif, d’autres pointent du doigt un choix de vie assumé mais financé par la collectivité. Le mot “profiteuse” revient souvent. Celui de “mère courage”, beaucoup moins.

Mais ce que peu de gens savent, c’est que cette affaire, aussi médiatisée soit-elle, ne se déroule pas en France.

Elle a en réalité fait grand bruit… au Royaume-Uni. La femme en question s’appelle Cheryl Prudham, elle a 34 ans, et son profil est bien connu outre-Manche. Surnommée par certains tabloïds la “reine des allocs”, elle est devenue le symbole d’un modèle social contesté.

Un système britannique plus souple ?

Si Cheryl Prudham perçoit une somme aussi importante chaque année, c’est aussi parce qu’elle vit dans un pays où le système d’aides fonctionne différemment. Au Royaume-Uni, les prestations sociales liées aux enfants ne sont pas gérées par un équivalent direct de la CAF, mais par plusieurs dispositifs cumulables.

Le premier, c’est le Child Benefit, une aide universelle versée pour chaque enfant, peu importe les revenus. À cela s’ajoute l’Universal Credit, une sorte de revenu minimum qui peut inclure des compléments pour logement, enfants à charge, ou situation familiale particulière.

Résultat : à chaque nouveau-né, les aides augmentent de manière quasi automatique. Et contrairement au modèle français, il n’existe pas de plafonnement global des prestations aussi strict. Les aides continuent à s’empiler tant que la famille reste sous certains seuils d’éligibilité.

C’est donc ce cumul possible, additionné à l’absence de revenu, qui explique comment Cheryl atteint les 50 000 € par an. Un modèle qui, pour certains, encourage l’assistanat. Pour d’autres, il permet simplement de mieux accompagner les familles nombreuses, sans conditionner l’aide à une activité professionnelle.

Et en France, c’est possible ?

La question revient souvent depuis que l’affaire a circulé en ligne : est-ce qu’une mère de famille nombreuse pourrait toucher 50 000 € d’allocations familiales par an en France ?

La réponse est simple : non, pas à ce niveau-là. Même avec une très grande famille, le système français est loin d’atteindre de tels montants.

Prenons le cas de Cheryl. À 34 ans, elle est déjà mère de 12 enfants, et un treizième est en route. Si elle vivait en France, elle toucherait environ 27 357,12 € par an, selon les barèmes actuels de la CAF. Une somme importante, certes, mais quasiment deux fois inférieure à ce qu’elle perçoit actuellement dans son pays.

Pour mieux visualiser l’écart, prenons un exemple fictif mais réaliste : un couple sans emploi avec 8 enfants à charge. Chaque mois, il pourrait percevoir :

  • Environ 1 000 € d’allocations familiales,
  • Un complément familial de 180 € (si les ressources sont faibles),
  • Entre 400 et 600 € d’aides au logement (APL),
  • Et ponctuellement, l’allocation de rentrée scolaire ou une prime de naissance.

Au total, ce foyer toucherait environ 1 600 à 1 800 € par mois, soit entre 20 000 et 22 000 € par an. Et ce, uniquement si les revenus du foyer sont très faibles, car en France, les aides sont dégressives : dès que les ressources augmentent, elles diminuent ou disparaissent.

En clair, même dans des cas extrêmes, la barre des 50 000 € n’est jamais atteinte. Le système français, plus encadré, vise à soutenir… sans entretenir. Et c’est ce qui rend la situation de Cheryl impossible à reproduire ici.

Les aides sociales souvent au cœur des débats

Ce n’est pas la première fois qu’un cas comme celui de Cheryl provoque une vague d’indignation. Dès qu’un profil atypique touche une somme importante d’allocations, les réseaux s’enflamment. Les mots “profiteuse”, “abuseuse”, ou “assistée” refont surface, souvent sans nuances.

En France, plusieurs affaires ont déjà fait parler. En 2021, une mère de famille du Val-de-Marne avait été violemment critiquée sur les réseaux après avoir témoigné anonymement dans un reportage sur les aides sociales. Elle expliquait toucher un peu plus de 2 000 € par mois d’aides diverses, pour élever seule ses 6 enfants. Certains internautes lui reprochaient de ne pas travailler. D’autres saluaient son courage.

Autre exemple : en 2019, une famille de 10 enfants à Lyon avait été mise en avant dans un article local. Le père travaillait à temps partiel, la mère était au foyer. Ensemble, ils touchaient environ 3 000 € par mois, aides comprises. Une partie des lecteurs s’étaient indignés. Pourtant, tout était légal. Et les parents n’avaient rien demandé d’autre qu’un peu de reconnaissance.

Ce genre d’histoires soulève à chaque fois la même question de fond : les aides sont-elles là pour encourager les familles… ou pour créer une forme de dépendance ? Certains estiment que ces cas montrent un système qui va trop loin. D’autres rappellent que ces familles ne font qu’appliquer les règles existantes.

Derrière ces polémiques, se cache un vrai malaise collectif. Le sujet des allocations touche à la fois à l’argent, à la parentalité, à la valeur du travail, et à la solidarité. Et dans une société de plus en plus sensible aux inégalités, il suffit d’un chiffre – comme les 50 000 € de Cheryl – pour cristalliser les tensions.