Une figure culte de la télévision française vient de s’éteindre
Son sourire a accompagné des millions de téléspectateurs pendant plus de vingt ans, sans jamais chercher le scandale ni la provocation.
Ce mercredi 31 décembre, la télévision française a perdu l’une de ses animatrices les plus familières. Une disparition qui ravive la mémoire d’une époque où les visages du petit écran faisaient partie du quotidien des Français.
Une carrière précoce et une ascension fulgurante
Les téléspectateurs découvrent très tôt Évelyne Leclercq. Au début des années 1970, elle devient l’une des plus jeunes speakerines de France, d’abord à l’ORTF à Nice, avant de rejoindre TF1, où elle s’impose rapidement comme un visage incontournable.
Sa voix posée, son aisance naturelle et son sourire constant font d’elle une présence rassurante à l’antenne. Pendant près de vingt ans, elle accompagne les soirées des Français, incarnant une télévision populaire, accessible et familiale.
Avant même de devenir une animatrice phare, elle participe à de grands rendez-vous télévisés, comme les sélections françaises du concours Eurovision, qu’elle anime aux côtés de personnalités déjà bien installées du paysage audiovisuel.
L’icône des années 1980 avec Tournez manège!
C’est au milieu des années 1980 qu’Évelyne Leclercq entre définitivement dans l’histoire de la télévision. De 1985 à 1993, elle coanime Tournez manège! sur TF1, aux côtés de Fabienne Égal et Simone Garnier. Diffusée le midi, l’émission devient rapidement un rendez-vous incontournable.
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Le concept est alors inédit : des célibataires, assis sur un manège et séparés par une cloison, apprennent à se connaître sans jamais se voir. Ce n’est qu’au terme de l’échange que les participants découvrent le visage de la personne avec laquelle ils ont dialogué. Un principe simple, mais terriblement efficace, qui séduit des millions de Français.
Avec le recul, Tournez manège! apparaît comme l’un des premiers formats de dating à l’aveugle à la télévision. Bien avant Mariés au premier regard ou Love is Blind, l’émission mettait déjà la parole et la personnalité au cœur de la rencontre, marquant durablement le paysage audiovisuel.
Évelyne Leclercq gardait un souvenir très tendre de cette aventure. En septembre dernier, elle confiait dans Le Parisien : « Charly Oleg avait la séquence musicale, Fabienne les célibataires, Simone les couples, moi je faisais le lien tout du long. C’était énorme mais on se marrait. C’est une émission qui a plu parce qu’on était vraiment des amis. »
Une femme de scène, mais aussi de discrétion
Si Tournez manège! reste son programme le plus emblématique, Évelyne Leclercq ne s’est jamais limitée à un seul rôle. Elle participe également à Intervilles sur TF1, aux côtés de figures emblématiques comme Guy Lux, Denise Fabre ou encore Patrick Roy, confirmant sa place parmi les animatrices majeures de l’époque.
Sa voix accompagne aussi les auditeurs à la radio. Entre 1986 et 1997, puis de nouveau entre 2010 et 2011, elle intervient dans Les Grosses Têtes sur RTL, animée par Philippe Bouvard. Elle s’essaie également au théâtre, au cinéma et au doublage, prêtant sa voix à des personnages de dessins animés et de films pour enfants.
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Elle monte notamment sur les planches à plusieurs reprises et joue dans une dizaine de pièces de théâtre, dont Le Canard à l’orange, prouvant son attachement profond au spectacle vivant.
Elle tente également des incursions dans la musique, fidèle à une génération d’animateurs pour qui la polyvalence artistique allait de soi. Pourtant, jamais elle ne cherchera à s’exposer à tout prix.
Progressivement, elle s’éloigne des plateaux et choisit une vie plus paisible dans le sud de la France, à Mougins, près de Cannes. Un retrait discret, à l’image de sa carrière, menée sans éclats tapageurs.
Une disparition qui marque la fin d’une époque
Selon Céline Olive dans un communiqué transmis à l’AFP, Évelyne Leclercq s’est éteinte à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, mardi 30 décembre, à l’âge de 74 ans. L’animatrice est morte « entourée de sa famille, des suites d’une très longue maladie », après avoir « affronté l’épreuve avec un courage hors du commun portée jusqu’au bout par l’amour des siens ». Une disparition survenue dans la plus grande discrétion, fidèle à la vie qu’elle menait depuis plusieurs années loin des plateaux.
Elle laisse derrière elle sa fille Céline, née de son union avec Jacques Olive, ainsi que trois petits-enfants. Sa disparition résonne comme celle d’une télévision aujourd’hui révolue, faite de rendez-vous fédérateurs et de figures familières.
Même après s’être éloignée des plateaux, Évelyne Leclercq continuait de rencontrer son public lors de séances de dédicaces à travers la France. Elle revendiquait ce lien simple et sincère avec les téléspectateurs : « J’aime bien les gens. Rencontrer les gens dans toute la France, ça me touche. Je fais un peu partie de leur famille. On a vieilli ensemble. »
Une phrase qui résume parfaitement l’empreinte laissée par cette animatrice, dont la disparition marque la fin d’une époque, mais dont le souvenir restera profondément ancré dans la mémoire collective.