L’expansion des fausses pharmacies en ligne qui vendent des médicaments peu fiables inquiète tous les acteurs concernés
On pensait que vendre des médicaments qui n’avaient pas besoin de prescription sur la Toile serait une bonne idée. Sauf qu’aujourd’hui, les malfaiteurs ont fait d’Internet leur terrain de jeu favori. Certains d’entre eux se font passer pour des pharmacies et proposent des remèdes qui devraient requérir une ordonnance en temps normal !
Les vraies pharmacies lancent l’alerte !
Carine Wolf-Thal, la présidente de l’Ordre national des pharmaciens, est la première à hausser le ton face à la situation. Selon ses dires : « On reçoit très régulièrement des signalements de sites qui vendent des produits illégalement. On fait des dépôts de plainte, mais c’est très difficile à suivre, ils ferment et réapparaissent aussitôt ailleurs ».
Le groupe de cybersécurité Gen, la société-mère d’Avast, évoque un constat encore plus époustouflant. Il existe environ 5 000 faux sites de pharmacies appelés « PharmaFraud » dans le monde. Et la France est un « terrain fertile » pour ce genre d’arnaque, avec 151 000 attaques depuis janvier dernier. En cause, « la forte adoption du commerce électronique dans le secteur de la santé ».
Bien sûr, il existe toutes sortes de canaux qui font la promotion de ces produits illicites. Les malfaiteurs démarchent leurs clients via les mails, les sites de santé illégaux, ou les pubs sur les réseaux sociaux. En quelques clics, on tombe sur les sites de pharmacies irréguliers. L’achat se fait en deux temps trois mouvements !
À lire aussi
Des médicaments encore plus dangereux !
Même la plateforme Cybermalveillance.gouv.fr évoque un constat désolant. Elle déclare : « un nombre notable d’enregistrements de noms de domaines suspects avec le terme “pharmacie” ». Il en va de même pour Pierre-Olivier Variot, de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Selon ses dires : « C’est dramatique. Il existe énormément de fraude aux médicaments ».
Le danger ne réside pas uniquement dans l’existence des pharmacies illégales, mais surtout dans la nature des médicaments. Dans un de ses rapports, l’OMS déclare que la moitié des remèdes qu’on vend sur la Toile sont peu recommandables. Pire, il y en a qui ne possèdent pas la bonne dose d’ingrédients, faisant plus de mal que de bien !
À lire aussi
Certains vendeurs n’hésitent pas à ajouter des additifs toxiques dans leurs médicaments. Les plus populaires sont les métaux lourds, mais il pourrait exister des produits chimiques qu’on ne connaît pas ! Cela touche tous les types de remèdes, du viagra aux antidiabétiques. D’ailleurs, on vient d’observer un nombre astronomique de vente d’Ozempic !
La pénurie de médicaments psychiatriques, survenue depuis janvier, accentue la prolifération des pharmacies frauduleuses. Toujours d’après Pierre-Olivier Variot : « Certaines personnes sont tellement angoissées à l’idée de ne pas avoir leurs médicaments qu’elles essayent de trouver toutes les solutions possibles, quitte à adopter des comportements qui paraissent complètement aberrants ».
Des mesures drastiques s’imposent !
Cela fait plusieurs années que l’État a réagi face à l’ampleur des dégâts provoqués par les fausses pharmacies. Aujourd’hui, les médicaments doivent posséder un code pour qu’on puisse les tracer. De même, les pharmacies encouragent les autorités à « rester sur une ligne dure ».
Par contre, l’Ordre national des pharmaciens se demande si le commerce électronique en matière de médicaments est vraiment crucial. Toutefois, la profession envisage de réorganiser la vente de remèdes en ligne via une nouvelle plateforme. Il s’agit de « Ma Pharmacie en France » : un portail où on peut « pousser virtuellement la porte de sa pharmacie et faire une demande comme si vous y étiez physiquement ».