Le syndrome Hikikomori : un mal-être qui prend de l’ampleur
Le syndrome Hikikomori. Vous n’en n’avez sans doute jamais entendu parler et pourtant, il est en train de prendre une ampleur phénoménale. Qu’est-ce que ce syndrome ? Comment en sortir ? On vous dit tout.
Le syndrome Hikikomori : auto-réclusion et isolement social
Le syndrome Hikikomori est simple à définir mais l’est moins à comprendre. Un hikikomori (le mot signifie « se retrancher » en japonais) est une personne qui a fait le choix de l’isolement. Mais il ne faudrait pas confondre ce syndrome avec une forme d’agoraphobie. Le mal est bien plus ancré.
Pour la majorité, il s’agit de jeunes hommes qui ont décidé de vivre coupés du monde, chez eux. Ils sont étouffés par le poids de la société. Poids qui ne leur permet pas de trouver leur place et qui les empêche d’accomplir leurs objectifs.
La pression extérieure (scolaire ou sociale), les injonctions sociales basées sur la performance et l’autonomie les oppriment. Ils restent donc, parfois des années (jusqu’à 10 ans) enfermés chez eux. Généralement dans leur chambre. Ils refusent tout contact extérieur, même avec leurs proches.
Il s’agit généralement de jeunes qui sont, dans un premier temps, incapables de mettre des mots sur leurs maux. Ils ne sont pas en mesure d’expliquer d’où vient leur mal-être et se renferment dans une forme de mutisme.
Les hikikomori en chiffres
Nous vous l’avons dit : ce mal-être est en train de prendre de la place dans nos sociétés. Au départ, c’étaient les jeunes japonais qui étaient touchés. Mais depuis quelques années, le phénomène s’est également emparé de l’occident.
Et les chiffres japonnais sont effrayants :
- Moyenne d’âge : entre 13 et 30 ans.
- Au Japon : 540 000 hikikomori de 15 à 39 ans et enfermés depuis au moins 6 mois ont été recensés en 2015.
- Ages et sexes confondus, le Japon compterait plus d’1 million d’hikikomoris.
- 35% d’entre eux sont isolés depuis au moins 7 ans
- 70 à 80% seraient des hommes
En France, nous n’avons pas de chiffre. Cependant, des réseaux d’entraide se multiplient et le sujet commence à être abordé. Le docteur Marie-Jeanne Guedj-Bourdiau, pédopsychiatre et chef de service des urgences psychiatriques de l’hôpital Sainte-Anne, affirme que des dizaines de cas ont été constatés en France. Des cas qui concerneraient non seulement des adolescents mais également de jeunes adultes.
Symptômes et guérison du syndrome hikikomori
Les symptômes sont, encore aujourd’hui, très difficiles à repérer. Et la principale raison est simple. Lorsque cela touche les plus jeunes, les parents pensent en premier lieu qu’il s’agit d’une simple crise d’adolescence. Et pourtant, certains signaux sont importants. Il ne s’agit pas vraiment de jeunes contestataires. Plutôt des jeunes qui préfèrent éviter les rôles qu’on attendrait d’eux. Quant aux adultes, lorsqu’ils vivent seuls, personne n’est au courant de leur état.
Petit à petit, tous se désynchronisent du monde extérieur et créent leur propre « espace-temps ». Très rapidement, leur unique point de référence deviendra un écran. De télévision ou d’ordinateur.
Pendant des mois voire des années, l’hikikomori se retranchera et pensera à sa vie. De son temps libre, ne pensez pas qu’il ne fait rien : il apprend, se renseigne sur bien des choses, se cultive ou se gave de lectures.
Détecter le syndrome hikikomori est, par essence, difficile. Tout simplement parce que voir un médecin, en extérieur, donc, est impossible. CQFD.
Dans la majorité des cas, le hikikomori sortira seul de son syndrome. Souvent, le soutien des professionnels de la santé s’orientera vers les parents. Les rares cas dans lesquels un diagnostique peut-être posé, c’est une thérapie familiale à domicile qui sera mise en place.