Psychopathe : les 2 signes discrets à repérer (selon un expert)
Quand on pense psychopathe, on imagine aussitôt Ted Bundy et d’autres meurtriers célèbres. La réalité décrite par le psychiatre légiste Dr Sohom Das est bien plus nuancée. Tous les individus présentant ce profil n’atterrissent pas dans les pages faits divers. Certains évoluent au quotidien autour de nous, dans un groupe d’amis, au bureau, parfois même au sein du couple, sans jamais franchir la ligne du crime. La clé, selon l’expert, c’est une personnalité marquée par un manque d’empathie, une froideur affective et des comportements antisociaux… mais pas nécessairement violents.
Dans un long entretien vidéo d’environ 23 minutes accordé au LADbible Group (YouTube : LADbible Stories), le Dr Das explique comment reconnaître, en situation réelle, les indices qui doivent alerter. L’idée n’est pas de coller des étiquettes à tout-va, mais de comprendre des signaux faibles qui, mis bout à bout, dessinent un même schéma.
Pourquoi ils sont si difficiles à repérer
Le cœur du problème, c’est la camouflage. Les psychopathes disposent souvent d’un véritable talent pour se fondre dans le décor. Ils lisent rapidement les attentes sociales, s’y adaptent et renvoient l’image que l’on souhaite voir. Cette manipulation subtile complique énormément la détection, y compris pour des professionnels aguerris.
Le Dr Das le rappelle : « dans la vraie vie », on ne dispose ni de bande-son dramatique ni d’un montage hollywoodien. On croise des personnes charmantes, polies, parfois drôles, qui disent ce qu’il faut dire au bon moment. La façade est lisse, le vernis impeccable. C’est précisément ce vernis qu’il faut apprendre à fissurer en observant, avec patience, leurs actus et leurs relations.
Au travail, un terrain propice à la montée en puissance
Le monde de l’entreprise offre un angle d’observation frappant. D’après l’estimation avancée par l’expert, 4 à 5 % des CEO présenteraient des traits psychopathiques. Cette donnée n’autorise aucun raccourci du type « dirigeant = psychopathe », mais elle éclaire un mécanisme : dans des environnements hypercompétitifs, la combinaison froideur émotionnelle, absence d’empathie et capacité à trancher peut, à court terme, favoriser l’ascension.
Le profil décrit par Das est celui d’une personne froide et callous — pour reprendre le terme anglo-saxon — capable de « planter un collègue dans le dos » et de dormir sur ses deux oreilles. Ajoute à cela une prise de risque élevée, alimentée par une faible réponse à la peur : lorsqu’un pari réussit, la récompense est forte, et la trajectoire peut s’accélérer. Dans ce cadre, le charisme et les réseaux servent de carburant.
Le masque du charme et la mécanique de l’instrumentalisation
L’un des paradoxes les plus déroutants, c’est le charme. Beaucoup de psychopathes savent l’activer comme un interrupteur : poignée de main franche, regard direct, conversation fluide, humour bien calibré. Cet habit social, le Dr Das le souligne, n’est pas un détail cosmétique : il sert une stratégie. Plus la personne paraît agréable, plus elle peut avancer ses pions sans éveiller de soupçons.
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Derrière, la mécanique reste la même : l’autre n’est pas perçu comme un sujet, mais comme un outil. Selon les opportunités, on cherchera à obtenir de l’argent, des faveurs, du statut, de l’attention, du sexe. Tout se joue dans la transaction : ce qui compte, c’est ce que la relation rapporte. C’est là que la narcissisme entre en scène, avec une narration centrée sur soi, ses besoins, ses désirs.
Des réseaux larges, des liens superficiels
Le cercle social raconte beaucoup. Les psychopathes, explique l’expert, connaissent beaucoup de monde, mais entretiennent rarement des liens profonds. Leur réseau est large, mouvant, efficace pour obtenir des choses, mais fragile quand il s’agit de fidélité et de confiance. Ils utilisent, puis jettent. On les voit passer d’un groupe à l’autre, réapparaître quand une opportunité surgit, disparaître quand la valeur perçue baisse.
À l’inverse, on remarque peu d’amitiés longues, peu d’histoires partagées, peu de vulnérabilités exposées. Les histoires de vacances, les souvenirs tendres, les confidences ? Souvent absents, ou empruntés aux autres. Ce déficit de profondeur n’est pas toujours facile à repérer à court terme, d’où l’importance d’observer sur la durée.
« Pas de panique » : distinguer traits et diagnostic
Important : l’entretien de Das ne propose pas de diagnostic express à faire dans sa cuisine. Présenter des traits ne signifie pas être psychopathe au sens clinique. L’étiquette est lourde, elle demande une évaluation rigoureuse, un protocole, des entretiens approfondis, un contexte médical et légal. Se fier à un signe unique est la voie royale vers les erreurs.
Le but, ici, est de mieux comprendre et de protéger. Voir ce pattern de comportements permet de s’éloigner d’une relation toxique, de poser des limites, de refuser un marché douteux, de questionner une amitié qui vous laisse vidé. Tout le monde peut, un jour, agir de manière égocentrée ou maladroite. Ce qui différencie, c’est la constance, la froidure, l’absence de remords.
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Comment réagir si quelque chose vous met mal à l’aise
Dans la vie quotidienne, l’intuition est un bon radar. Si vous vous sentez régulièrement utilisé, si vos limites ne sont jamais respectées, si l’autre reformate les faits à son avantage avec une aisance déconcertante, il est peut-être temps de prendre de la distance. Pas besoin de scène théâtrale : quelques non fermes, des frontières claires, moins d’exposition personnelle.
Au travail, documenter les échanges, éviter les promesses floues, impliquer un tiers dans les décisions sensibles peut réduire la surface d’attaque. En amitié, testez la réciprocité : si tout tourne autour de l’autre, si vos besoins n’entrent jamais dans l’équation, posez-vous les bonnes questions. L’objectif n’est pas de psychiatriser vos proches, mais de protéger votre équilibre.
Ce que l’on sait… et ce que l’on oublie souvent
Nous avons tendance à associer le mal à l’impulsivité. Or le psychopathe décrit par Das est souvent calculateur, patient, organisé. Il ne se contente pas de coups d’éclat : il planifie, il teste, il ajuste. Son sang-froid lui permet d’oser ce que d’autres n’oseraient pas. C’est cette audace qui, parfois, impressionne et ouvre des portes, surtout dans des milieux où la prise de risque est valorisée.
Mais ce sang-froid a un envers : un coût humain porté par ceux qui se trouvent sur la trajectoire. Collègues, amis, partenaires finissent épuisés, dévalués, coupables à tort. Là encore, le Dr Das martèle l’essentiel : il n’y a pas de superpouvoir mystique, seulement une lecture froide des interactions sociales.
L’entretien qui fait le tri
L’échange avec le LADbible Group a le mérite de déringardiser le sujet. Oubliez la mythologie du « monstre » forcément spectaculaire. Remplacez-la par des petits indices : des faveurs demandées sans cesse, des récits qui recentrent tout sur « moi », un entourage étonnamment large mais peu fidèle, des risques pris avec l’argent ou la réputation des autres, et cette capacité à caméléon qui rend la détection si compliquée.
Le message final n’est pas la paranoïa, mais la lucidité. Les psychopathes ne portent pas tous un panneau au cou. Ils se repèrent rarement en un regard. On les comprend en regardant vivre leurs relations, en écoutant ce que racontent ceux qui les ont côtoyés, en notant ce qui revient sans cesse dans le temps.
Le verdict de l’expert : les deux signes discrets à retenir
À la toute fin, voici ce que le Dr Sohom Das retient comme deux signes subtils qui, ensemble, doivent vous alerter. D’abord, une tendance constante à vous exploiter pour tout ce qu’ils peuvent obtenir — argent, amitié, sexe, statut — avec une trame narcissique où tout tourne autour d’eux. Ensuite, un cercle social large mais sans profondeur, fait de relations jetables : ils utilisent les gens, puis les écartent, et n’entretiennent presque jamais de liens durables. Si ces deux marqueurs s’additionnent et se répètent, méfiance : vous avez peut-être, très près de vous, un psychopathe qui se camoufle à la perfection.