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La France est-elle vraiment prête à affronter une épidémie de variole du singe ?

Publié par Killian Ravon le 19 Août 2024 à 14:03

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le monde a pris conscience de la vitesse à laquelle un germe peut se propager et bouleverser nos vies. Alors que nous tentons de tourner la page du coronavirus, une autre menace fait son apparition : la variole du singe, ou mpox, avec son nouveau variant, le Clade 1 b.

Mpox-Virus

Mais en quoi cette menace diffère-t-elle de la maladie à coronavirus 2019 ? Quelles sont les forces et faiblesses des réponses apportées face à ces deux virus ? La comparaison s’impose pour mieux comprendre les défis à venir.

Forces et faiblesses : mpox vs COVID-19

La première grande différence entre le mpox et le Covid-19 réside dans leur mode de propagation. Le Covid-19, causé par le SARS-CoV-2, se répand d’abord par voie aérienne, en passant par des gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air, ce qui rend sa diffusion très rapide et difficile à contrôler.

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En revanche, le mpox, en particulier le Clade 1 b, s’achemine avant tout par toucher étroit avec une personne infectée, spécifiquement lors de rapports charnels, mais aussi via les fluides corporels, le lien avec les lésions cutanées ou encore par des objets contaminés comme les vêtements.

Cette différence de transmission est à la fois une force et une faiblesse. Pour le Covid-19, la propagation aérienne a restitué indispensable l’adoption de mesures strictes, telles que la distanciation sociale, le port du masque, et même des confinements massifs.

Face à la variole du singe, la prévention repose davantage sur la limitation des contacts directs, notamment sexuels, ce qui semble plus facile à gérer. Cependant, elle expose une mutation qui le rend plus contagieux, et la possibilité d’une transmission par simple toucher avec des objets contaminés ajoute une complexité supplémentaire. Le Pr Bruno Megarbane souligne d’ailleurs sur Cnews que « la vigilance et l’isolement strict des personnes infectées pendant 21 jours sont cruciaux pour éviter une propagation massive. »

En termes de gravité, le Clade 1 de la variole du singe présente un pourcentage de décès inquiétant pouvant atteindre 10 %, bien supérieur à celui du Covid-19, dont le variant Omicron, par exemple, affichait un taux de mortalité de 0,7 %​. Toutefois, la létalité plus élevée du mpox est compensée par sa transmission moins efficace à grande échelle, ce qui limite, pour l’instant, le nombre de victimes.

Le clade 1 b : un variant plus complexe

Le nouveau variant du mpox, le Clade 1 b, présente des caractéristiques avant tout inquiétantes. Originaire d’Afrique centrale, celui-ci a évolué pour devenir plus contagieux entre humains, surtout par voie sexuelle, mais pas uniquement. En effet, il est également susceptible de se propager par contact direct avec des lésions cutanées, les croutes ou les fluides corporels des personnes infectées​.

Ce qui le rend particulièrement redoutable, c’est sa capacité à se transmettre par des éléments viciés, comme des vêtements, ce qui n’était pas le cas des variants précédents de la variole du singe. Cette évolution complique la tâche des autorités sanitaires, car elle nécessite des mesures de prévention plus larges et une vigilance accrue pour éviter la contamination. Le professeur Megarbane recommande « une isolation stricte des personnes présentant des lésions pendant au moins 21 jours, et une désinfection rigoureuse des objets ayant pu être en contact avec le virus »​.

En comparaison, la propagation par aérosols du Covid-19 a rapidement obligé à repenser nos interactions sociales et à adopter des gestes barrières au quotidien, rendant son contrôle plus difficile, mais aussi plus universel. Le mpox, avec sa transmission plus spécifique, peut sembler moins menaçant à grande échelle, mais il ne faut pas sous-estimer sa capacité à muter et à s’adapter, comme le montre l’apparition de ce nouveau variant Clade 1 b.

Leçons tirées et vigilance accrue

La réponse planétaire face à ces deux difficultés sanitaires montre des différences notables. Alors que le Covid-19 a vu une mobilisation rapide et massive des ressources, avec le développement express de vaccins et des mesures de confinement globales, la gestion du mpox, bien que prise au sérieux, n’a pas encore atteint le même niveau d’urgence.

L’OMS a déclaré la variole du singe comme une urgence de santé publique internationale, mais l’objectif est avant tout de prévenir une pandémie plutôt que de superviser un problème plurinational déjà hors de contrôle​.

Néanmoins, il est crucial de ne pas sous-estimer cette nouvelle menace. La capacité du mpox à se propager à travers les continents, comme cela a été observé lors de la vague de 2022, montre que nous sommes tous concernés. La surveillance épidémiologique, les campagnes d’immunisation ciblées, et surtout la communication sur les risques encourus est essentielle pour empêcher une autre crise mondiale.

En somme, si le Covid-19 nous a appris à être prêts vis-à-vis d’une menace virale, la variole du singe nous rappelle que la vigilance doit rester de mise. La France, bien qu’elle dispose de vaccins et d’une expérience antérieure, doit continuer à accroitre ses capacités de dépistage et de prévention pour éviter que ce nouveau variant ne prenne de l’ampleur. La comparaison avec le Covid-19 nous permet de mieux appréhender les risques, mais aussi de reconnaitre les forces et faiblesses de notre réponse face à ces menaces invisibles.