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Elle intrigue la Nasa : la mystérieuse comète 3I/ATLAS traquée aux quatre coins du système solaire

Publié par Killian Ravon le 29 Nov 2025 à 7:23

Depuis cet été, un astre minuscule venu de très loin agite les observatoires du monde entier. La Nasa vient de diffuser une nouvelle salve d’images de la comète interstellaire 3I/ATLAS, capturée par une quinzaine de missions différentes, de l’orbite martienne aux confins du ciel.

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Illustration réaliste de la comète interstellaire 3I/ATLAS, noyau bleu-blanc éclatant et longue queue lumineuse se détachant sur un ciel dense d’étoiles.
Venue des confins de la galaxie, la comète interstellaire 3I/ATLAS dévoile sa longue queue lumineuse en traversant notre ciel.

Un « visiteur » discret, mais suffisamment étrange pour déchaîner autant les astronomes que les réseaux sociaux.

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Vue en gros plan de la comète interstellaire 3I/ATLAS par la caméra HiRISE, petit noyau lumineux entouré d’une coma diffuse sur un fond noir uniforme.
La sonde Mars Reconnaissance Orbiter saisit la « boule blanche floue » de 3I/ATLAS en passant à proximité de sa trajectoire.
Crédit : NASA/JPL-Caltech/University of Arizona
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Une visiteuse qui met les télescopes en ébullition

Découverte en juillet, la 3I/ATLAS s’est rapidement imposée comme la nouvelle star des salles de contrôle. À mesure que sa trajectoire se précise, l’Agence spatiale américaine a mobilisé tout un arsenal d’engins pour la suivre, presque comme on surveillerait un passager inattendu traversant notre quartier cosmique.

Mercredi 19 novembre, ces efforts se sont concrétisés par la publication d’une série d’images inédites, issues de pas moins de quinze missions. Certaines sont prises depuis l’orbite martienne, d’autres depuis des sondes en route vers de tout autres objectifs, d’autres encore depuis la surface de Mars. Ensemble, elles composent une sorte d’album photo d’un objet venu d’ailleurs, en train de filer à vive allure vers le Soleil.

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Cette campagne d’observations n’a rien d’anodin. Chaque cliché, même flou en apparence, apporte une petite pièce du puzzle. Les chercheurs surveillent sa luminosité, sa forme, sa façon de libérer poussières et glace. Et, détail que peu de gens connaissent, le simple fait qu’une telle mobilisation ait été décidée montre à quel point ce corps glacé est considéré comme une occasion scientifique rare.

Image en noir et blanc montrant un champ d’étoiles, avec la comète 3I/ATLAS encerclée en rouge au centre, révélant une coma à peine visible dans le bruit de fond.
En route vers les astéroïdes troyens, la sonde Lucy détourne son regard pour signer l’un des portraits les plus lointains de 3I/ATLAS.
Crédit : NASA/Goddard/SwRI/JHU-APL

MRO : la « boule blanche floue » vue depuis l’orbite de Mars

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Parmi les images dévoilées, celle de la Mars Reconnaissance Orbiter occupe une place à part. Le 2 octobre 2025, la sonde, qui observe d’ordinaire la planète rouge, a détourné son regard vers ce minuscule point perdu dans l’espace. À ce moment-là, la comète se trouvait à environ 31 millions de kilomètres de l’appareil, une proximité relative à l’échelle astronomique.

Le résultat est une tache claire au milieu d’un fond sombre, décrite par les responsables de mission comme une « boule blanche floue ». Ce flou n’est pas un défaut de mise au point, mais la signature même de la comète. L’image montre en réalité un nuage de poussière et de glace qui entoure le noyau. C’est ce nuage que les spécialistes appellent la coma, une enveloppe qui se forme à mesure que l’astre s’échauffe en se rapprochant du Soleil.

Ce cliché rappelle une chose que le public oublie souvent : vu de près, un noyau cométaire est minuscule par rapport au nuage qui l’enveloppe. Ce que l’on distingue d’abord, ce n’est pas la boule de roche et de glace en elle-même, mais ce brouillard lumineux qui trahit l’activité du corps.

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Un détail technique, mais qui permet déjà de comparer la 3I/ATLAS aux comètes plus classiques que les observatoires traquent depuis des décennies.

Composition ultraviolet montrant plusieurs zones colorées, avec un noyau bleu vif associé à l’hydrogène de la comète 3I/ATLAS et des émissions distinctes de Mars et de l’espace interplanétaire.
L’orbiteur MAVEN décompose la signature en hydrogène de 3I/ATLAS pour mieux cerner la taille de son nuage gazeux.
Crédit : NASA/Goddard/LASP/CU Boulder

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Lucy, Psyche et les autres : une traque coordonnée

La comète n’est pas observée uniquement depuis Mars. Une autre image marquante publiée par la Nasa provient de la sonde Lucy, en route vers les astéroïdes troyens de Jupiter. Le 16 septembre 2025, alors que la 3I/ATLAS se dirigeait vers la planète rouge, l’imageur noir et blanc L’LORRI a pris une série de clichés qu’il a fallu empiler pour faire ressortir l’astre.

Sur cette vue, la petite tache centrale est entourée de sa traînée de poussière, un sillage à peine perceptible qui s’étire sur la droite. À ce moment-là, la sonde se trouvait à environ 386 millions de kilomètres de la comète, bien plus loin que MRO. Le simple fait de pouvoir encore distinguer cette fine trace témoigne de l’extrême sensibilité des instruments embarqués. Mais il raconte aussi quelque chose de la vigueur avec laquelle la comète libère ses matériaux.

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Un troisième regard vient de la sonde Psyche, qui a consacré huit heures à observer l’astre les 8 et 9 septembre 2025. Depuis une distance d’environ 53 millions de kilomètres, son imageur multispectral a suivi les infimes variations de luminosité autour du noyau. Ces données sont précieuses pour affiner la trajectoire de la comète, mais aussi pour mieux comprendre pourquoi sa chevelure apparaît si peu brillante par rapport à d’autres objets de même type.

En coulisse, ces missions comparent leurs mesures, recoupent les courbes de lumière et retracent le chemin exact emprunté par ce visiteur interstellaire. Pour le grand public, cela se résume à quelques images spectaculaires. Pour les équipes scientifiques, il s’agit d’une véritable enquête, qui se joue pixel par pixel.

Grand champ stellaire annoté où de petites flèches marquent la progression de la comète 3I/ATLAS, avec en encadré un zoom très pixelisé montrant son noyau brillant.
La sonde Psyche suit pas à pas la progression de la comète interstellaire sur plusieurs heures d’observation.
Crédit : NASA/JPL-Caltech/ASU
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Une comète qui fascine autant les scientifiques que les réseaux

Si les chercheurs multiplient les analyses, le grand public, lui, s’est emparé de l’histoire pour de toutes autres raisons. Depuis cet été, la 3I/ATLAS s’est retrouvée au centre de discussions passionnées sur les réseaux sociaux. Des montages circulent, des théories s’empilent et même certaines célébrités, comme Kim Kardashian, s’en amusent publiquement en imaginant qu’il pourrait s’agir d’un vaisseau extraterrestre camouflé.

Face à cette effervescence, les responsables de la mission ont tenu à clarifier la situation. Lors d’une conférence de presse, Amit Kshatriya, administrateur associé de l’agence, a insisté sur le fait que la 3I/ATLAS « ressemble à une comète et se comporte comme telle ». Autrement dit, tous les indices observés jusque-là pointent vers un corps naturel, sans nécessité de faire intervenir un scénario plus exotique.

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La description détaillée de son activité va dans ce sens. À mesure que la comète se rapproche de notre étoile, la glace contenue dans son noyau se sublime, c’est-à-dire qu’elle passe directement de l’état solide à l’état gazeux. En s’échappant, ce gaz emporte avec lui des grains de poussière qui forment une longue traînée de poussière, illuminée par la lumière solaire.

On dit alors que la comète entre en phase de dégazage. C’est à ce moment qu’apparaissent sa chevelure, la coma, puis sa queue, parfois au point de fragiliser le noyau lui-même.

Certaines comètes finissent ainsi par se fragmenter ou se désintégrer. Pour la 3I/ATLAS, les équipes surveillent donc en continu l’intensité de ce dégazage, à la recherche d’éventuels changements brutaux qui pourraient indiquer que l’astre se fissure ou se fragilise.

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Image granuleuse en niveau de gris montrant un fond strié et, au centre, la comète 3I/ATLAS comme un point blanc prolongé d’une courte queue légèrement allongée.
La mission PUNCH capture la faible queue de 3I/ATLAS, presque perdue dans le bruit du capteur.
Crédit : NASA/SwRI

Un parcours déjà bien balisé à travers le système solaire

Au-delà des images, c’est la trajectoire de la comète qui retient l’attention. Depuis son entrée dans notre voisinage cosmique, la 3I/ATLAS suit une route précise, calculée en permanence à partir des observations recueillies par les différentes missions. Les sondes martiennes, les sondes de croisière et même certains télescopes spatiaux spécialisés sont mises à contribution pour affiner ce chemin.

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Le calendrier des prochains mois est déjà tracé. La comète doit passer au plus près de la Terre autour du vendredi 19 décembre, à une distance d’environ 274 millions de kilomètres. Même lors de ce « rendez-vous » rapproché, elle restera donc largement hors de portée de tout danger pour notre planète, à près de deux fois la distance qui nous sépare habituellement du Soleil. Mais pour les instruments en orbite, ce sera une occasion idéale de mesurer encore plus finement sa luminosité et la forme de sa chevelure.

Après cette étape, la comète poursuivra sa course à travers le système solaire, vers des régions plus lointaines. Les équipes prévoient de continuer à la suivre jusqu’à son passage près de l’orbite de Jupiter, envisagé pour le printemps 2026. Même si elle n’est qu’un point de lumière fuyant, chaque station d’observation qui croisera sa route pourra encore en tirer des informations.

Ce suivi sur la durée permettra, par exemple, de voir comment évolue la coma lorsque la comète s’éloigne du Soleil et que son activité se calme. Les scientifiques pourront comparer son comportement à celui d’autres astres à longue période déjà bien documentés.

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Et, surtout, vérifier si ce petit corps glacé respecte vraiment tous les codes de la comète interstellaire « classique » ou s’il garde quelques surprises en réserve.

Ce que révèle vraiment 3I/ATLAS sur notre place dans le cosmos

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Au-delà de l’aspect spectaculaire des images, la 3I/ATLAS rappelle une chose simple : notre quartier stellaire n’est pas hermétiquement clos. Des corps glacés venus d’ailleurs peuvent, de temps à autre, traverser la banlieue du Soleil avant de repartir vers le vide intergalactique. À chaque fois, ils emportent avec eux des indices sur les environnements lointains où ils se sont formés.

C’est aussi pour cela que la mobilisation est si importante. En suivant ce visiteur interstellaire depuis différentes positions – la surface martienne avec Perseverance, l’orbite de Mars avec MRO, ou encore les trajectoires de Lucy et Psyche – les astronomes disposent d’une sorte de stéréoscopie géante. Ils peuvent comparer la quantité de lumière, la forme de la queue, la densité de la coma, selon que l’on regarde la comète de face, de profil ou depuis l’arrière.

Pour le grand public, la question la plus brûlante reste sans doute celle-ci : cet objet est-il vraiment si particulier par rapport aux comètes classiques ? Les responsables de la Nasa insistent sur la continuité des phénomènes observés.

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Même origine glacée, même mécanisme de sublimation, même comportement global lorsqu’il s’approche du Soleil. Mais un détail que peu de gens mesurent donne la mesure de l’événement.

En réalité, depuis que les astronomes observent le ciel de manière systématique, c’est seulement la troisième fois qu’un tel objet venu d’ailleurs est identifié en plein passage dans notre voisinage solaire. Autrement dit, la 3I/ATLAS n’est pas seulement une comète : elle fait partie d’un club extrêmement restreint d’astres ayant réussi à nous rendre visite depuis l’extérieur de notre système solaire.

C’est cette rareté, plus encore que les images floues ou les débats en ligne, qui explique pourquoi les observatoires du monde entier ont les yeux rivés sur elle.

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