Feuilles jaunes en été : l’effet irréversible de la canicule sur les arbres inquiète les spécialistes
En raison de la canicule, plusieurs arbres en France présentent un feuillage aux allures d’automne, même en plein été. Le phénomène pourrait avoir des effets irréversibles et suscite l’inquiétude des spécialistes.
Le changement de feuillage de certains arbres en France alarme autant les experts que les citoyens. Le constat d’espèces habituellement vertes et éclatantes en été, désormais complètement jaunies et perdant leurs feuilles, s’est accentué ces dernières années. Au-delà de chercher à comprendre pourquoi cela se produit, les chercheurs alertent également sur des dommages irréversibles causés par ce phénomène récent.
Pourquoi les feuilles jaunissent et tombent-elles pendant la canicule ?
Une réaction d’auto-défense serait au cœur du phénomène. Face aux températures extrêmes, les plantes cherchent, elles aussi, à se protéger de la chaleur. Leur système de régulation est comparable à celui des humains : elles « transpirent » pour refroidir leur intérieur. Pour ce faire, elles absorbent l’eau du sol afin de l’évacuer par transpiration.
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Ainsi, les plantes ont besoin d’une grande quantité d’eau simplement pour réguler leur température. Or, en période de canicule, cette ressource devient rare. De plus, lors d’un épisode de sécheresse, les arbres adoptent une autre stratégie pour ne pas manquer de cet élément vital : ils réduisent l’ouverture des stomates, ces pores par lesquels ils transpirent, afin de limiter les pertes en eau.
Mais que se passe-t-il lorsqu’une plante subit à la fois chaleur extrême et sécheresse ? L’arbre entre dans un état de « stress hydrique ». Dans ce cas, l’eau stockée dans l’organisme s’évapore, et la plante ne parvient plus à se refroidir. Son feuillage chauffe alors, se dessèche et finit par tomber.
Quels effets à long terme ?
La canicule a également des répercussions durables sur les arbres, selon Thierry Gauquelin, professeur à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie. Si canicules et sécheresses se répètent chaque année, les dégâts peuvent devenir « irréversibles », avec des arbres affaiblis, desséchés et plus vulnérables aux incendies.
La chute précoce et massive des feuilles est aussi préoccupante. Selon Shan Kothari, professeur adjoint en écophysiologie végétale à l’Université de l’Alberta, la durée pendant laquelle un arbre conserve ses feuilles est déterminante. Elle conditionne le temps disponible pour la photosynthèse, indispensable à sa croissance et à son équilibre.
Ces arbres fragilisés deviennent par ailleurs plus sensibles aux insectes ravageurs. Les conséquences sont déjà visibles : selon l’Office national des forêts (ONF), la surface des forêts dépérissantes est passée de 300 000 hectares en 2018 à 1 million en 2022.