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Égalité homme/femme : cette découverte incroyable qui pourrait tout changer !

Publié par Lucie B le 14 Nov 2020 à 16:30
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L’invisibilisation des femmes dans l’Histoire est l’un des problèmes les plus importants, auxquels doivent se confronter les historiens. Afin de régler cette dissymétrie entre la place des hommes et des femmes dans l’Histoire, l’histoire des femmes est devenue un sujet d’études depuis les années 1970. Récemment, une découverte au Pérou, vient à nouveau bouleverser les croyances affirmant que le genre définit le travail, à la Préhistoire comme aux temps plus modernes.

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Les chasseurs-cueilleurs étaient également des chasseuses

Dans les livres d’Histoire, on a toujours abordé le mode de vie des sociétés préhistoriques de manière binaire. La communauté scientifique a, en effet, toujours réparti les rôles des premiers groupes humains selon le genre de l’individu. Un groupe d’individus préhistoriques, qualifiés de chasseurs-cueilleurs, se repartit selon ce schéma : les hommes chassent et les femmes cueillent et s’occupent des enfants. Seulement cette vision de la préhistoire, où l’homme s’occupe de chasser, d’affronter le danger extérieur et où la femme s’occupe du foyer, et des tâches peu dangereuses, est mise à mal par une nouvelle découverte.

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Randall Haas est professeur d’anthropologie. Il réalise des fouilles archéologiques sur le site de Wilamaya Patjxa, sur la Cordillères des Andes, au Pérou. Il découvre un jour, six squelettes, semblant datés de 9 000 ans. Parmi ces squelettes, Randall Haas identifie deux dépouilles de chasseurs. Ceux-ci sont, comme le veut la coutume à l’époque, enterrés avec leurs outils de chasse. Pas moins de 24 outils taillés dans la pierre, s’apparentant à des pointes de lance, ou des outils à dépecer, sont retrouvés.

Quand Randall Haas et son équipe font cette découverte, ils ont comme premier, et mauvais, réflexe, de considérer qu’ils se trouvent là face à deux cadavres d’hommes. Mais ils vont néanmoins faire des études plus poussées des os et de l’émail des dents, afin de déterminer exactement le sexe et l’âge potentiel des cadavres. Si parmi eux, il y a bien un homme, âgé entre 25 et 30 ans, le deuxième cadavre de chasseur, est celui d’une femme, âgée entre 17 et 19 ans.

Les anthropologues vont renommer cette jeune chasseuse « WMP6 ». Celle-ci était enterrée à côté d’un « atlatl », un outil qui servait de propulseur pour envoyer une lance plus loin et avec plus de force. L’équipe de Randall Haas s’est donc interrogée : est-ce une découverte « exceptionnelle » ?

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Une étude formelle

Randall Haas va se lancer dans un travail d’analyse des données recueillies, grâce à de nombreuses sépultures, datant de la même époque, qui ont été découvertes. Son but : savoir si WMP6 est une exception, ou si la société des chasseurs-cueilleurs avaient une répartition du travail égalitaire, sans distinction de genre. 27 cadavres de chasseurs ont été découverts. Tous datent d’au moins 9 000 ans et ont été trouvés en Amérique. Le sexe de chacun a été identifié de façon formel. Il y a 16 chasseurs et 11 chasseuses.

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« Il est maintenant clair que la division du travail entre les sexes était fondamentalement différente – probablement plus équitable – dans le passé de chasseur-cueilleur de notre espèce ». Cette phrase est tirée de l’étude nommée « Female Hunters of the early Americas » (les femmes chasseurs du début des Amériques) co-écrite par Randall Haas et publiée dans la revue scientifique Science Advances.

D’après cette étude, 30 % à 50 % des chasseurs de gros gibiers pourraient non pas être des chasseurs, mais bien des chasseuses. « Cette découverte archéologique et l’analyse des pratiques funéraires de l’époque ont remis en cause l’hypothèse de l’homme-chasseur. Cela nous montre que l’allégation selon laquelle les chasseurs étaient principalement des hommes était inexacte, au moins pour une partie de la préhistoire humaine ».

Cette étude de Randall Haas confirme donc l’idée que les constructions modernes de genre appliquées sur le passé, ne reflètent pas la réalité historique. Exit donc les représentations où on voit les hommes des cavernes affronter les bêtes sauvages, et où les femmes, créatures inoffensives et sans défense, courent se réfugier dans les grottes.

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Comment expliquer qu’une telle représentation erronée a pu être considérée comme exacte pendant toutes ces années. Maryline Patou-Mathis, préhistorienne auprès du CNRS et tutrice de l’ouvrage « l’Homme préhistorique est aussi une femme » apporte un élément de réponse. « Les premiers préhistoriens anthropologues étaient tous des hommes. Donc, ils ont calqué sur le mode de vie des préhistoriques, leur système de pensée, leur société à eux. Et donc, ils ont fait des femmes préhistoriques qui étaient dans la grotte avec des enfants, et qui attendaient le retour du chasseur. Et bien entendu, l’homme, c’est toujours le héros, et c’est lui qui va à la chasse au mammouth, et c’est lui qui taille les silex, c’est lui qui a peint Lascaux ».

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Une nouvelle branche de l’Histoire

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Les premiers historiens et anthropologues sont des hommes, du XIXe siècle. L’Histoire est donc analysée avec leur prisme. À savoir que les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Ce qui explique que jusqu’au milieu du XXe siècle, le traitement de celle-ci favorise les hommes et assujettit les femmes. Une véritable dissymétrie est mise en place entre les deux sexes. L’homme est omniprésent dans l’Histoire, dans la politique, les guerres, les découvertes et les grands bouleversements. Le rôle de la femme dans l’Histoire, et donc le prisme d’identification pour les petites filles qu’on leur propose, est très simple : la femme reste au foyer et élève des enfants.

Pour régler ce problème de dissymétrie, une nouvelle branche de l’Histoire a été créé : l’histoire des femmes. Celle-ci a été créée dans les années 1970 et est liée aux luttes féministes. C’est la première histoire à considérer les femmes comme un groupe social. Les historiens et historiennes qui composent cette branche font remarquer une absence « d’historicité » des études menées jusqu’alors, concernant les femmes. Cela relève, selon eux, d’un processus volontaire de « déshistoricisation » de la femme dans l’Histoire. L’histoire des femmes est donc définie par le sociologue, Pierre Bourdieu, comme étant la « reconstitution de l’histoire au travail historique de déshistoricisation ».

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Cette nouvelle branche de l’Histoire est rendue possible par l’égalité des sexes, qui s’impose dans notre société contemporaine. L’histoire des femmes veut donc remettre en lumière la place des femmes dans l’Histoire et analyse les grands événements historiques d’un autre prisme, que le prisme masculin qui primait avant. On apprend par ailleurs que les femmes ont tenté, avant, de s’affranchir des contraintes et des différences qui leur étaient imposées. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’évolution des droits des femmes n’était pas continu, dans le temps. De nombreux retours en arrière ont eu lieu.

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L’un des événements français qui illustrent bien cette différence de perception de l’Histoire, entre celle qui est enseignée et connue de tous et celle de l’histoire des femmes, est la Révolution Française. Dans les livres d’Histoire, cette période, certes sanglante, est une période glorieuse, où les Hommes ont obtenu la liberté et l’égalité, avec notamment la Déclaration des Droits de l’Homme. Les Hommes ? Non, plutôt les hommes. En effet, pour les femmes, la Révolution française n’a pas permis d’obtenir de nouveaux droits, bien au contraire.

Elles ont interdiction d’être armées, on a récusé leurs présences lors des manifestations et le rôle qu’elles ont pourtant joué dans cette Révolution. Les femmes ont été classées comme les enfants et les étrangers, pour ce qui est du droit de vote. Un classement similaire à celui instauré à Rome … pendant l’Antiquité ! Les féministes de cette époque, dont Olympes de Gouges, ont été décapitées. Les femmes ont été priées de retourner s’occuper de leur foyer et de leurs enfants. Pierre-Gaspard Chaumette, procureur de la Commune de Paris, justifiait ces mesures discriminatoires ainsi : »Vous (ndlr: les femmes) sentirez que vous ne serez vraiment intéressantes et dignes d’estime que lorsque vous serez ce que la nature a voulu que vous fussiez. Nous voulons que les femmes soient respectées, c’est pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes » .

Ce raisonnement, selon lequel la « nature » aurait voulu une distinction entre les hommes et les femmes, est donc mis à mal par la découverte de Randall Haas. Si à la Préhistoire, les hommes et les femmes faisaient les mêmes tâches, sans distinction du sexe, il est donc logique d’affirmer que les hommes et les femmes d’aujourd’hui, sont également capables de faire un même travail. Aujourd’hui, de nombreux ouvrages remettent en avant des femmes influentes, des scientifiques, sur le devant de la scène, à l’instar de leurs collègues masculins. C’est donc un premier pas, vers une Histoire, qui donne sa place aux hommes et aux femmes.

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Source : France Culture

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