Icône menu hamburger Icône loupe de recherche
  1. TDN >
  2. Société

« Contactez votre médecin sans tarder » : des milliers de rendez-vous médicaux annulés dès d’aujourd’hui

Publié par Killian Ravon le 03 Déc 2025 à 13:50

Depuis quelques jours, SMS d’annulation, mails d’alerte et messages inquiets s’enchaînent chez de nombreux patients. En ce début du mois de décembre. Une grande mobilisation des médecins libéraux se prépare autour du budget de la Sécurité sociale pour 2026. Et fait vaciller l’agenda médical en plein hiver.

La suite après cette publicité
Femme inquiète en manteau d’hiver lisant un SMS d’annulation devant un cabinet médical fermé au crépuscule.
Un SMS sur son téléphone lui confirme que son cabinet médical restera fermé en pleine grève des médecins libéraux.

Entre fermetures de cabinets, reports en série et procédures administratives alourdies, comment s’y retrouver sans céder à la panique ?

La vidéo du jour à ne pas manquer

Car si les consultations les plus urgentes doivent continuer à être assurées. La période qui s’ouvre pourrait être particulièrement délicate pour les suivis de routine. Et les traitements chroniques. Et un point précis du calendrier risque de concentrer une grande partie des annulations. Avec des conséquences très concrètes pour des milliers de patients.

La suite après cette publicité
Médecin en blouse blanche expliquant un document à un patient en costume dans un cabinet lumineux lors d’une consultation en face-à-face.
Consultation en tête-à-tête avant une décision médicale importante.
Crédit : Pixabay / Maximilianovich

Des SMS d’annulation en cascade dès le début du mois de décembre

Pour beaucoup, tout a commencé par un simple message sur le téléphone. À la place du traditionnel rappel de consultation. Certains patients ont vu apparaître un SMS les invitant à « contacter leur médecin ». Ou les informant que leur rendez-vous était annulé ou déplacé. Dans d’autres cas, ce sont des mails automatiques. Ou des messages laissés sur les plateformes de prise de rendez-vous qui ont semé le doute.

La suite après cette publicité

La raison n’est pas un bug informatique. Mais bien la préparation d’un mouvement de grève des médecins libéraux d’ampleur annoncée comme inédite. Face au projet de financement de la Sécurité sociale pour 2026. De nombreux généralistes, pédiatres, spécialistes et chirurgiens estiment que la médecine de ville est menacée. Ils ont donc choisi de frapper fort, au cœur de l’hiver, là où l’activité médicale est déjà très chargée.

La période de tension commence dès les premiers jours de décembre. Dans certaines régions, surtout dans le Sud-Est. Des collectifs invitent les médecins exerçant en cliniques privées à stopper l’activité pendant une journée. Ailleurs, la mobilisation prend d’autres formes, plus discrètes. Mais qui peuvent déjà perturber le quotidien des patients, notamment via des démarches administratives rallongées.

Médecin en blouse tenant un stéthoscope dans un couloir d’hôpital, silhouettes floues de soignants et d’un patient en fauteuil roulant à l’arrière-plan.
Dans les couloirs de l’hôpital, la pression monte aussi pour les soignants.
Crédit : Pixabay / tungnguyen0905
La suite après cette publicité

Pourquoi les médecins libéraux se mobilisent cet hiver

Au centre du conflit se trouve le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026. Le fameux PLFSS 2026. Pour les syndicats de médecins libéraux, plusieurs articles du texte constituent une remise en cause directe de leur mode d’exercice. Ils dénoncent une logique de réduction des dépenses qui, selon eux, risque de se traduire par « moins de médecins et moins de soins » en ville.

Deux dispositions cristallisent particulièrement la colère. La première permettrait à l’Assurance maladie de baisser unilatéralement certains tarifs dans des secteurs jugés à « rentabilité manifestement excessive ».

La suite après cette publicité

La seconde instaurerait une surcotisation sur les dépassements d’honoraires pratiqués en secteur 2 ou par les médecins non conventionnés. Pour beaucoup de praticiens, ces mesures reviennent à rendre leur activité moins viable. En particulier dans certaines spécialités déjà sous tension.

En toile de fond, les médecins mettent aussi en cause le niveau de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie, l’ONDAM, fixé pour 2026. Avec 270,4 milliards d’euros et une progression limitée. Ils craignent que le budget ne permette pas de faire face à l’augmentation des besoins de santé. Ni de maintenir les structures existantes.

À lire aussi

Certains redoutent même une accélération de la fermeture de cabinets. En particulier dans les déserts médicaux, où chaque départ fragilise un peu plus l’accès aux soins.

La suite après cette publicité
Salle d’attente lumineuse avec canapé d’angle blanc, table basse vitrée et magazines, prête à accueillir les patients d’un cabinet médical.
Une salle d’attente immobile quand les rendez-vous sont reportés.
Crédit : Pixabay / MedicalPrudens

Ce qui change concrètement pour vos consultations à partir du 3 décembre

Le premier jalon de la mobilisation est fixé au 3 décembre. Dans les Alpes-Maritimes et le Var, un Collectif médical du Sud-Est. Se présentant comme asyndical et apolitique, appelle à une cessation d’activité dans plusieurs cliniques privées pendant une journée. Les consultations et actes médico-chirurgicaux doivent être suspendus. Même si les organisateurs assurent que la continuité. Et la sécurité des soins resteront garanties pour les situations qui ne peuvent pas attendre.

La suite après cette publicité

Au niveau national, d’autres actions débutent à la même date, mais elles sont moins visibles pour le grand public. Les organisations appellent les médecins à ne plus alimenter le Dossier médical partagé.

Concrètement, certains comptes rendus de consultation, résultats d’examens ou courriers de spécialistes peuvent cesser d’être systématiquement versés dans cet outil numérique. Les praticiens sont aussi invités à demander la validation de chaque arrêt de travail par le service médical de l’Assurance maladie, ce qui peut rallonger les délais de traitement pour certains patients.

Ces gestes peuvent sembler techniques, mais ils ont un impact réel. Un DMP moins bien alimenté peut compliquer le suivi en cas de changement de médecin ou de passage aux urgences. Un contrôle plus systématique des arrêts peut générer de l’attente pour les salariés déjà fragilisés par la maladie. Au-delà de l’aspect symbolique, ces actions visent à montrer ce qu’implique au quotidien une médecine libérale sous pression.

La suite après cette publicité
Ordinateur portable posé sur un bureau en bois affichant un médecin tenant un stéthoscope, symbolisant une consultation médicale en visioconférence.
Quand les téléconsultations deviennent une bouée de secours pour les patients.
Crédit : Pixabay / Tumisu

Janvier sous tension : vers des cabinets fermés en série

Après ce premier signal, la mobilisation doit monter en puissance au début de l’année 2026. Les syndicats représentatifs appellent à une fermeture large des cabinets sur une période de plusieurs jours, avec l’objectif d’illustrer ce que serait une France où la médecine de ville se mettrait réellement à l’arrêt. C’est dans ce contexte que de plus en plus de praticiens commencent à prévenir leurs patients, en leur conseillant parfois de reprogrammer leurs consultations.

La suite après cette publicité

Selon les fiches pratiques relayées par certains sites spécialisés, des « annulations et reports massifs » sont attendus début janvier. Tous les types de médecins de ville sont susceptibles d’être concernés : généralistes, pédiatres, spécialistes d’organe, mais aussi certains chirurgiens qui envisagent également de suspendre leur activité quelques jours de plus.

C’est pour anticiper ce choc que vous recevez probablement, dès maintenant, des messages vous invitant à avancer votre rendez-vous ou à vous organiser autrement.

Du côté des praticiens, plusieurs témoignages évoquent une « révolte de la base ». Beaucoup disent avoir le sentiment de subir à la fois une pression économique, avec des tarifs encadrés et des charges en hausse, et une pression administrative croissante, notamment autour des arrêts de travail.

La suite après cette publicité

Pour eux, cette grève n’est pas seulement une bataille budgétaire : c’est une façon d’alerter sur la dégradation de leurs conditions d’exercice et, par ricochet, de l’accueil des patients.

À lire aussi

Comment limiter les dégâts si votre rendez-vous saute

La suite après cette publicité

Pour les patients, la première question est simple : comment éviter de se retrouver sans suivi médical ni médicaments en plein hiver ? La première démarche consiste à vérifier dès maintenant le statut de vos rendez-vous médicaux. Un appel au cabinet, un message via la messagerie sécurisée ou une visite sur la plateforme de prise de rendez-vous peuvent permettre de savoir si votre consultation est maintenue, avancée ou d’ores et déjà annulée.

Lorsque le rendez-vous est jugé non urgent par le médecin, il peut être proposé de le déplacer en amont du mouvement, notamment pour les consultations de contrôle ou les suivis de traitements chroniques. Il est donc utile de faire le point au plus vite sur vos besoins, en particulier si vous êtes traité pour une maladie au long cours. Ce simple ajustement du calendrier peut éviter de se retrouver à court de médicaments au plus mauvais moment.

L’une des priorités est justement de sécuriser vos ordonnances. Si vous suivez un traitement régulier, n’attendez pas la dernière minute pour solliciter le renouvellement de votre ordonnance. Un simple passage anticipé chez le médecin, lorsqu’il est encore disponible, peut suffire à couvrir la période de grève et à vous épargner un stress inutile au comptoir de la pharmacie. Dans certains cas, votre praticien peut également envisager un renouvellement à distance, selon ses habitudes et votre situation.

La suite après cette publicité
Médecin en blouse tenant la main gantée d’un patient assis, gros plan sur le geste rassurant dans un environnement de soins hospitalier.
Même en période de grève, le lien humain reste au cœur des soins.
Crédit : Pixabay / fernandozhiminaicela

Pensez à des solutions de secours

Autre réflexe utile : identifier les solutions de recours autour de chez vous. En cas de problème de santé qui ne peut pas attendre, plusieurs options peuvent exister : maison médicale de garde, permanence de soins organisée par les professionnels du territoire, services de téléconsultation mis en place par certaines structures, ou, pour les situations graves, passage aux urgences. Se renseigner à l’avance permet de gagner un temps précieux le jour où la fièvre monte ou où un enfant se blesse.

La suite après cette publicité

Il peut aussi être judicieux de rassembler vos documents médicaux récents sur papier. Comptes rendus, résultats de bilans, radios, liste à jour de vos traitements : autant d’éléments que vous pouvez conserver dans une pochette facilement accessible. Si le Dossier médical partagé n’est plus alimenté pendant la mobilisation, ces documents papier aideront un autre professionnel à comprendre rapidement votre situation et à adapter sa prise en charge.

Enfin, si vous êtes concerné par de possibles arrêts de travail, gardez en tête que les délais de validation pourraient être allongés. Discuter en amont avec votre médecin traitant, mais aussi, si nécessaire, avec votre employeur peut permettre de clarifier la marche à suivre. Cela évite de se retrouver sans justificatif ou sans indemnisation en raison d’un simple retard administratif lié à la grève.

La suite après cette publicité

Les soins urgents restent assurés, mais la bataille politique continue

Malgré l’ampleur de la mobilisation annoncée, les organisateurs répètent que les soins essentiels doivent être maintenus. Dans les cliniques privées mobilisées comme dans les cabinets de ville, les praticiens s’engagent à garantir la prise en charge des situations jugées indispensables, notamment en urgence hospitalière ou pour des pathologies graves ne pouvant être différées. La grève vise d’abord les consultations programmées et certains actes qui peuvent être reportés.

Reste la question de l’après. Les médecins affirment qu’ils ne veulent pas « la mort de notre système de solidarité », mais craignent qu’une combinaison de baisses tarifaires, de contraintes sur les dépassements d’honoraires et d’un budget trop serré ne finisse par rendre certains modes d’exercice impossibles. Dans cette perspective, ils insistent sur le risque de voir se multiplier les cabinet médical fermé dans les zones déjà fragiles, accentuant encore les difficultés d’accès aux soins.

La suite après cette publicité

La suite dépendra en grande partie des arbitrages finaux autour du PLFSS 2026 et d’un éventuel infléchissement de la position gouvernementale. Des discussions peuvent encore modifier le texte, voire apaiser partiellement la colère des professionnels. Mais, sauf retournement rapide, le calendrier de la mobilisation reste d’actualité, avec une séquence qui s’étalera sur plusieurs semaines au cœur de l’hiver.

Et c’est là que se situe l’information la plus déterminante pour les patients : ce sont surtout les consultations programmées entre le 5 et le 15 janvier 2026, avec pour certains chirurgiens une prolongation possible jusqu’au 19 janvier, qui risquent d’être massivement annulées ou reportées. Si vous avez un rendez-vous de suivi, un bilan annuel ou une intervention non urgente prévu sur cette période, c’est précisément celui-là qu’il faut vérifier et, si besoin, anticiper dès maintenant.

Rejoignez nos 875 726 abonnés en recevant notre newsletter gratuite

N'oubliez pas de cliquer sur l'email de validation pour confirmer votre adresse email. Si vous ne l'avez pas recu vérifiez dans vos spams.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *