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Les nudistes ont demandé le droit à manifester nu : voici ce que la Cour européenne des droits de l’Homme a répondu

Publié par Killian Ravon le 08 Oct 2024 à 9:34

La question de la nudité en public fait débat en France depuis de nombreuses années. Malgré des mouvements contestataires et des manifestations comme les « World Naked Bike Rides ». Les autorités françaises continuent de s’opposer fermement à ces initiatives.

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Récemment, l’APNEL (Association pour la Promotion du Naturisme en Liberté) a subi un revers juridique majeur en perdant son recours devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Cette affaire soulève des questions cruciales sur la liberté d’expression, la législation française et l’avenir du naturisme militant. Mais pourquoi une telle résistance à la nudité en public ? Nous faisons le point.

APNEL et son combat pour la nudité en public

La vidéo du jour

L’APNEL milite depuis des années pour la reconnaissance du naturisme en tant que mode d’expression légitime. Leur objectif est clair : défendre la liberté de se déplacer nu dans l’espace public sans être confronté à des poursuites pour exhibition sexuelle. Le fondement de leur démarche repose sur l’article 10 de la Convention européenne des Droits de l’Homme, qui protège la liberté d’expression.

’Toutefois, les autorités françaises, qu’elles soient préfectorales ou judiciaires, semblent inflexibles. Depuis 2019, pas moins de 25 manifestations cyclonues (World Naked Bike Ride) ont été interdites. Un chiffre qui révèle la difficulté pour l’APNEL de faire entendre sa voix. Le refus constant des préfets et des magistrats assis est généralement motivé par l’article 222-32 du Code pénal, qui sanctionne l’exhibition sexuelle. Une ligne de défense que l’association juge abusive.

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Le verdict de la Cour européenne des droits de l’homme

Le récent recours déposé par l’APNEL auprès de la Cour européenne des droits de l’homme visait à faire reconnaitre ces restrictions comme une violation de la liberté d’expression. Pour l’association, se promener nu, notamment dans le cadre d’évènements tels que la World Naked Bike Ride, relève d’un message écologique et social. Mais la juridiction a finalement tranché en faveur des autorités françaises.

Selon le jugement rendu, l’interdiction de ce type de manifestation est « prévue par la loi française ». L’objectif étant de garantir l’ordre public et d’éviter les infractions liées à l’exhibition sexuelle. En d’autres termes, pour la CEDH, les restrictions imposées à l’APNEL sont justifiées, car elles appuient sur des motifs « pertinents et suffisants », comme le stipule un précédent arrêt concernant une activiste Femen.

Ce jugement renforce la position des autorités françaises, pour qui le naturisme en public ne peut être assimilée à une forme légitime de liberté d’expression.

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Quelles perspectives pour le naturisme militant en France ?

Cette décision ne marque pas pour autant la fin du combat de l’APNEL. L’association et ses avocats continuent de considérer que la France se trompe dans son interprétation de l’exhibition sexuelle. À leurs yeux, le fait d’être sans vêtement dans l’espace communautaire n’implique pas nécessairement une intention de choquer ou d’offenser. De plus, ils soulignent que des pays comme l’Espagne ou les Pays-Bas autorisent de telles pratiques sans porter atteinte à l’ordre public.

L’APNEL espère toujours parvenir à faire évoluer la législation française. Leur combat ne se limite pas à une simple question de nudité, mais touche à des enjeux plus larges de société : le respect de l’environnement, la lutte contre le consumérisme. Et l’acceptation des corps dans toute leur diversité.

Le refus des autorités françaises de permettre ces manifestations soulève aussi des interrogations sur la manière dont la France perçoit la liberté d’expression. Notamment lorsqu’elle se heurte à des normes relationnelles.

Bien que le verdict de la CEDH soit un coup dur pour l’APNEL. Il ne signe pas la fin de leur courant. Au contraire, ce revers juridique pourrait bien les pousser à intensifier leur lutte. L’association continuera d’organiser des actions et de chercher à convaincre l’opinion sociale de la légitimité de leurs revendications.

Après tout, la reconnaissance des droits individuels est un combat de longue haleine. Et si aujourd’hui, les autorités françaises refusent la nudité en public, il est possible qu’à l’avenir, elles réévaluent leur position face à un mouvement qui ne cesse de croitre.