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Amende Linky : pourquoi plus de 2 millions de foyers risquent des frais dès cet hiver

Publié par Killian Ravon le 30 Oct 2025 à 1:17

Compteurs, factures, données : un changement discret s’accélère. À l’heure où le déploiement de Linky touche à sa fin, des frais de non-communication commencent à apparaître sur certaines factures. Ils visent les ménages dont l’index n’est toujours pas transmis automatiquement.

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Compteur Linky vert installé dans une maison ancienne, écran affichant l’index, badge d’accès visible, lumière d’hiver en intérieur.

Montants, calendrier et moyens d’y échapper : on fait le point, sans alarmisme mais sans détour. Et un détail, souvent mal compris, change la lecture de cette « amende »… à découvrir à la toute fin.

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Qui est vraiment concerné par ces frais cet hiver ?

À l’approche de la saison froide, les fournisseurs clôturent leurs cycles de relève et actualisent les lignes de facturation. Dans ce contexte, le signal d’alarme vise un groupe précis : les foyers équipés d’un compteur non communicant dont l’index ne remonte pas de façon automatisée. Dans la plupart des cas, l’habitation n’a pas encore reçu l’installation Linky, ou celle-ci a été refusée. Parfois, le compteur est simplement difficile d’accès : il se trouve à l’intérieur, dans un coffret verrouillé ou dans des locaux communs de copropriété. Résultat : l’intervention d’un agent reste nécessaire pour établir une consommation fiable.

Ce n’est pas une contravention au sens juridique : il s’agit d’un surcoût encadré par la CRE, appliqué par Enedis pour couvrir le coût des relevés manuels et inciter la finalisation du programme. Les estimations du secteur convergent : un peu plus de 2 millions de foyers se trouveraient dans ces configurations de non-communication, avec une arrivée progressive des lignes dédiées sur les échéances d’hiver. Le phénomène n’a donc rien d’instantané : il avance « par vagues », au rythme des facturations.

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Pour être concret, plusieurs profils se retrouvent dans le viseur : les ménages ayant refusé plusieurs rendez-vous, ceux dont le compteur ancien exige un passage physique récurrent, les logements où des estimations remplacent depuis trop longtemps des relevés réels, ou encore des copropriétés dont les locaux techniques restent inaccessibles. Autant de situations qui, cumulées, maintiennent un îlot d’anciens compteurs au milieu d’un réseau désormais largement communicant.

Compteur Linky vert encastré en façade de rue à Lyon, prise de vue rapprochée montrant l’étiquette et la trappe d’accès du boîtier
Compteur Linky photographié en situation réelle sur la voie publique, quartier de la Croix-Rousse (Lyon).
Crédit : Wikimedia Commons / CC BY-SA.

Combien ça coûte, et quand la ligne apparaît-elle ?

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Le montant varie selon les barèmes et les cas. L’ordre de grandeur évoqué par la régulation et les acteurs du marché pointe des frais récurrents de quelques dizaines d’euros par an, le plus souvent entre 50 et 70 €, ventilés en mensualités sur la facture. À cela peuvent s’ajouter, ponctuellement, des frais de déplacement lorsqu’un passage spécifique d’agent s’impose. Ces montants ne tombent pas du ciel : ils traduisent le coût résiduel d’une logistique de relève manuelle que le système cherche à supprimer.

Le timing s’accélère en hiver. Les fournisseurs bouclent leurs campagnes de relève annuelle, ajustent les échéanciers et intègrent les nouvelles lignes tarifaires. Plusieurs ménages verront ainsi, sur une échéance proche, une mention de « frais de non-communication » ou « frais de relève ». Il faut le dire : ce libellé choque, car le mot « amende » a circulé dans le langage courant. Pourtant, juridiquement, on parle bien d’un supplément de facturation lié au service rendu, pas d’une sanction pénale.

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Derrière la ligne de frais, une autre conséquence guette les retardataires : des estimations plus fréquentes. Et qui dit estimation dit parfois régularisations lourdes lorsque la relève réelle finit par tomber. En hiver, avec la hausse mécanique des kWh consommés, ces régularisations peuvent faire mal si l’historique est approximatif depuis longtemps.

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Deux boîtiers de compteurs électriques colorés (jaune et orange) dans une niche extérieure, décorés de plantes »
Compteur électrique domestique en extérieur à Kokkari (île de Samos).
Crédit : Efgeka / Wikimedia Commons / CC BY-SA..

Pourquoi la pression monte-t-elle maintenant ?

Parce que Linky n’est pas qu’un compteur. C’est une brique de la transition énergétique. Sa généralisation permet de lisser les pointes, d’intégrer davantage de renouvelables et d’optimiser les interventions réseau. Chaque compteur non communicant maintient des tournées physiques, génère des coûts et crée des angles morts sur les flux. La CRE a donc acté un tarif de non-communication pour internaliser ces coûts résiduels et accélérer la fin de la coexistence entre anciens et nouveaux parcs.

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Techniquement, moins de relevés manuels, c’est plus de données consolidées pour piloter les charges, prévenir les pics et éviter les pannes coûteuses. À l’échelle d’un hiver, cette granularité compte : mieux anticiper les usages, c’est stabiliser le réseau au moment où il est le plus sollicité. Ce détail que peu de gens connaissent : le signal d’un seul foyer n’a que peu d’impact, mais la somme des points non communicants dégrade la visibilité d’ensemble… et renchérit le système pour tous.

Compteur électrique installé sur un mur en crépi gris, cadré large, coffret et câbles visibles en extérieur
Coffret de comptage électrique fixé en façade, vue d’ensemble pour illustrer une pose en extérieur.
Crédit : Well-Informed Optimist / Wikimedia Commons / CC BY-SA.
Compteur Linky tout juste installé (France)
Compteur Linky tout juste installé (France)
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Où les retards s’accumulent-ils, et pourquoi ?

Les retards se concentrent là où l’accès au compteur complique la vie : maisons anciennes au coffret intérieur, cages techniques de copropriété verrouillées, secteurs ruraux dispersés avec des installations éparses. Les chiffres varient selon les territoires, mais la tendance est claire : plus l’accès est contraint, plus la probabilité de frais récurrents grimpe.

Dans les copropriétés, une confusion fréquente ajoute du délai : qui doit ouvrir, qui doit être présent, qui valide le créneau ? Or, côté réseau, la pose de Linky s’effectue en intervention courte. Un créneau clair, un accès dégagé et des coordonnées à jour suffisent généralement à tout fluidifier. Mais saviez-vous qu’en l’absence de ces trois ingrédients, les tournées sont reprogrammées plusieurs fois ? À la fin, ces reports se retrouvent sur la facture des ménages concernés via ces frais de non-communication.

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Coffret mural ouvert avec compteur électromécanique rond et appareillage, encadrement bleu et faïence rétro
Ancien compteur électromécanique dans un coffret mural, utile pour comparer avec les nouveaux modèles.
Crédit : Lionel Scheepmans / Wikimedia Commons / CC BY-SA.

Comment éviter ou limiter la « pénalité » dès maintenant ?

La solution la plus directe est aussi la plus simple : prendre rendez-vous pour la pose de Linky, gratuite dans le cadre du déploiement. L’intervention ne provoque pas de coupure longue et, une fois le compteur communicant en place, la ligne de frais récurrents disparaît. En amont, transmettre un index fiable permet d’éviter les estimations et de désamorcer les régularisations. Et si le compteur est difficile d’accès, il est utile d’organiser la venue : présence d’un occupant, badge, ouverture du local technique en copropriété.

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Reste la question sensible des données. Elle fait hésiter certains ménages. Point clé : sans consentement explicite, seule l’information d’index utile à la facturation circule. La courbe de charge détaillée (données fines de consommation) n’est activée qu’avec l’accord de l’usager. C’est prévu, paramétrable et révocable à tout moment. Cette précision, souvent absente des discussions, apaise beaucoup de réticences : on peut profiter de Linky sans ouvrir la porte à un suivi intrusif de ses usages à la minute.

Et si, malgré tout, le refus persiste ? Il n’entraîne pas une coupure d’électricité par principe. En revanche, il expose à des frais récurrents et à des régularisations parfois salées. En cas de désaccord, la médiation de l’énergie peut être saisie. Elle facilite le dialogue et l’examen du dossier, mais n’annule pas un barème validé par la régulation si le compteur reste non communicant. Autrement dit, tant que la situation ne change pas, la ligne de frais peut revenir, hiver après hiver.

Ce que Linky change (vraiment) au quotidien

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Au-delà de la fin des relevés manuels, Linky donne de la visibilité. Le suivi de consommation révèle vite un appareil énergivore, aide à caler ses usages en heures creuses ou à programmer la recharge d’un véhicule la nuit. Pour les logements équipés de panneaux solaires, l’autoconsommation est mieux mesurée et la vente du surplus simplifiée. À court terme, cet éclairage permet d’ajuster la puissance souscrite, de limiter les disjonctions et d’éviter des options tarifaires mal adaptées. Sur une année, ces gains dépassent souvent le coût des relevés manuels évités.

Mieux : certains tarifs de flexibilité (heures creuses réajustées, offres week-end, options dynamiques) valorisent les ménages capables de déplacer 20 % de leurs kWh hors pointe. Avec Linky, ce pilotage devient concret : on suit, on corrige, on économise. En hiver, quand la facture grimpe, ce levier de décalage amortit les hausses et neutralise parfois l’intégralité des frais de non-communication… à condition d’avoir franchi le pas de l’installation.

Au passage, quelques réflexes restent payants : supprimer les veilles d’appareils chauffants, lancer les cycles énergivores en creux tarifaire, revoir la puissance si les dépassements sont fréquents. Linky visualise ces dépassements et permet d’éviter le mauvais calibrage si coûteux à l’année.

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Données, vie privée : vos droits et vos réglages

La CNIL a rappelé à plusieurs reprises la règle d’or : consentement pour les données fines, information claire des usagers, accès/rectification/suppression possibles. Concrètement, vous pouvez caler la fréquence de remontée, la granularité et la durée de conservation depuis votre espace client réseau ou via votre fournisseur. Index mensuel suffisant pour facturer ? Par défaut, oui. Courbe de charge quotidienne pour suivre vos usages ? C’est avec votre accord. Révocation de ce consentement ? À tout moment.

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Ce paramétrage répond à une inquiétude légitime : non, le compteur n’implique pas le partage automatique d’un historique détaillé. Il n’empêche pas l’économie d’énergie : même avec un réglage sobre (index seul), l’accès aux comptes rendus de consommation reste suffisamment instructif pour repérer les postes coûteux et optimiser ses horaires.

Et ce détail que peu de gens connaissent : la consultation de vos données de consommation n’implique pas de connexion internet au domicile. Elles sont stockées côté réseau et accessibles via les portails dédiés. En cas de panne internet chez vous, l’index se lit encore sur l’écran du compteur, et un technicien peut vous montrer où se situe le disjoncteur principal lors de la pose.

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