Bretagne : un dauphin échoué sauvé par deux promeneuses et les pompiers à Sarzeau
Ce 1er novembre 2025, jour de Toussaint, une promenade mère-fille sur la plage de Penvins, à Sarzeau (Morbihan) a viré au sauvetage improvisé. En repérant un dauphin blessé et échoué, Annaïg Bertho et sa fille Margot ont déclenché une chaîne d’alerte puis prêté main forte aux pompiers jusqu’au repoussement au large.
Un geste simple, méthodique, qui s’est joué en vingt minutes dans une eau froide, et qui s’est surtout terminé bien.
Crédit : Alexander Vasenin / CC BY-SA 3.0.
« On l’a vu, il était en difficulté » : une promenade qui change de cap
Sur la plage, vers 15 h, la scène intrigue d’abord, fascine ensuite. Un cétacé est là, au niveau de la chapelle de Penvins, entre 1,10 m et 1,50 m selon l’œil de la mère. Le premier réflexe d’Annaïg Bertho n’est pas de s’approcher, mais d’alerter.
Appel à la gendarmerie, redirection vers les pompiers, puis mise en relation avec La Rochelle : la marche à suivre se dessine. Le contact se fait avec l’Observatoire Pélagis, qui diffuse les consignes à respecter jusqu’à l’arrivée des secours. À ce stade, l’objectif n’est pas d’improviser, mais de stabiliser le dauphin en attendant des bras mieux équipés.
Crédit : safaritravelplus / CC0.
De la curiosité à l’action : comment des habitantes ont tenu le bon geste
La mère et la fille ne se défilent pas. Elles entrent dans l’eau, d’abord pour soutenir l’animal, ensuite pour éviter qu’il ne se blesse davantage en se cognant. Deux promeneurs viennent renforcer le petit groupe. Puis ce sont des surfeurs, déjà en combinaison, qui prennent le relais au plus près de la houle.
Cette progression a un fil conducteur : garder le dauphin dans l’axe, l’aider sans le porter, éviter d’obstruer son évent de respiration, et attendre les pompiers pour l’impulsion décisive. Ce ballet improvisé, c’est celui d’un sauvetage de bord de plage comme on en voit parfois en Bretagne, mais où chaque minute compte.
Crédit : Dominic Sherony / CC BY-SA 2.0.
Un animal blessé, malmené par les rochers quelques instants plus tôt
Quand elles s’approchent, Annaïg et Margot constatent la blessure la plus visible : du sang à la bouche. Un surfeur leur dit avoir vu l’animal malmené contre les rochers juste avant.
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Dans ces conditions, l’enjeu est de limiter le stress, d’hydrater la peau au contact des vagues sans couvrir l’évent, et de veiller aux mouvements dans l’eau pour éviter tout choc supplémentaire. La mer est grise, l’air est frais, et les secondes s’étirent : l’issue dépend d’un alignement de petits gestes justes, pas d’un coup d’éclat.
Vingt minutes dans l’eau : le relais des surfeurs, puis des pompiers
Le temps est compté, mais l’entraide prend. Les surfeurs s’organisent pour maintenir l’animal, le garder face au large et l’empêcher de repartir vers les rochers. Les pompiers arrivent et prennent la main, coordonnent le repoussement vers le large, donnent l’impulsion finale.
En tout, vingt minutes pour basculer d’une situation critique à un retour en mer. Annaïg et Margot sortent trempées, frigorifiées, mais soulagées : leur réactivité a rendu l’intervention possible. Ce sont parfois ces vingt minutes-là qui font la différence entre un échouage fatal et une issue favorable.
Crédit : Magnus Kjaergaard / CC BY 3.0.
Les conseils Pélagis, rappelés sur place : toucher le moins possible, respirer au-dessus de la narine
Un détail que peu de gens connaissent : en cas de rencontre avec un cétacé échoué, il est recommandé de limiter les manipulations, de ne pas toucher à mains nues si possible, et de veiller à ce que l’animal respire correctement en gardant la narine libre, au-dessus de l’eau.
C’est l’un des messages d’Observatoire Pélagis, relayé à distance pendant l’attente. Sur le sable, l’adrénaline ne doit pas masquer l’essentiel : ne pas nuire par excès de bonne volonté. Ici, les gestes sont restés simples : alerter, protéger, hydrater sans recouvrir l’évent, accompagner jusqu’à l’arrivée des secours.
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« Un moment magique » : l’émotion d’un premier contact… et la prudence qui va avec
Le lendemain, Annaïg publie un message pour retrouver des images ou vidéos de l’intervention. Il y a l’envie de figer ce souvenir et de partager ce « premier dauphin » vu de si près.
Le mot qui revient est « magique ». Mais derrière le souvenir, la prudence reste de mise : ces animaux sont puissants, stressés, et parfois blessés. Comprendre que l’on n’est que le premier maillon d’une chaîne de secours permet d’éviter les faux pas. Ici, chacun a joué sa partition : les habitantes, les surfeurs, puis les pompiers.
Crédit : safaritravelplus / CC0.
Bretagne, littoral sensible : quand les citoyens deviennent le premier maillon
Sur ces plages ouvertes, les rencontres avec les cétacés existent. Les marées, la météo, les fonds, parfois des chocs ou des interactions avec la côte, et l’on bascule vers l’échouage. Ce samedi de Toussaint, la rapidité d’alerte a permis de gagner de précieuses minutes.
C’est un rappel utile : en cas de doute, appeler les autorités compétentes, rester à distance, protéger l’animal des chocs et du soleil, et attendre les équipes formées. Mais saviez-vous qu’un simple seau d’eau de mer versé régulièrement, sans couvrir l’évent, peut limiter le dessèchement de la peau en attendant les secours ? Ce geste, banal en apparence, compte souvent plus qu’on ne croit.
Une histoire locale, un écho plus large
Le récit d’Annaïg et de Margot ne prend pas la mer pour faire le tour du monde ; il montre simplement comment un réflexe local peut sauver un animal. La scène s’est jouée entre des promeneurs, des surfeurs et des pompiers sur une plage du Morbihan, en plein week-end de Toussaint.
Et si l’on mesure le frisson du moment à l’aune de cette phrase de la mère — « Nous sommes restées dans l’eau vingt minutes » —, on comprend aussi la portée très concrète de ce sauvetage : sans téléphone, sans matériel, juste du sang-froid et une chaîne d’entraide. La révélation ? Le dauphin, blessé et balloté quelques instants plus tôt, a bel et bien été remis à la mer, là, au large de Sarzeau, par les sauveteurs.