« 1 000 € d’écart de salaire, c’est pas possible » : première grève sur la ligne TER Marseille–Nice opérée par Transdev
La première ligne régionale confiée à un opérateur privé en France s’apprête déjà à connaître un conflit social. À partir de ce mercredi 5 novembre, 19 h. Le syndicat Sud-Rail appelle les salariés de Transdev à cesser le travail sur la ligne TER Marseille–Nice. Un mouvement qui doit courir jusqu’au 12 novembre, 8 h. Et qui met en lumière des écarts de rémunération et des règles sociales contestées.
Selon Sud-Rail, la cohabitation entre anciens agents transférés de la SNCF et nouvelles recrues Transdev crée des tensions, sur fond de minima sociaux et d’absence de négociation d’un accord d’entreprise. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui a confié l’exploitation de la ligne à Transdev depuis le 29 juin 2025, affronte ainsi son premier test grandeur nature depuis l’ouverture à la concurrence.
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« Le sac à dos social va s’alléger » : un choc des statuts dès la mise en service
Dès l’ouverture de la ligne à Transdev, un point a cristallisé les critiques : la coexistence de profils et de statuts hétérogènes. Sur environ 250 salariés, une trentaine proviennent de la SNCF, « avec leur sac à dos social ». Mais, selon Sud-Rail, ces acquis seraient revus à la baisse. À leurs côtés, des embauchés récents racontent une réalité moins flatteuse que les promesses d’origine. Dans ce paysage, l’affirmation d’un cadre social commun tarde : pas de prime, pas d’accord d’entreprise en vue, des minima appliqués par défaut. C’est le terreau d’un mécontentement qui gagne de l’ampleur à mesure que la ligne se rodera.
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« 1 000 € d’écart » pour un conducteur débutant : la question qui fâche
La phrase a servi d’étincelle : « Quand vous avez 1 000 € d’écart de salaire par mois entre un conducteur débutant SNCF et un conducteur Transdev, 800 € pour les contrôleurs, chez les agents, ça passe mal ». Ce chiffrage – brandi par Sud-Rail – illustre le cœur de la colère : la crainte d’une privatisation qui ferait des économies « sur le dos des salariés ». Derrière les montants, c’est la valeur du travail qualifié sur une ligne à forts enjeux de régularité et de sécurité qui se retrouve au centre du débat. Et, sur une relation Marseille–Toulon–Nice sensible aux pointes, l’argument porte auprès des équipes.
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Négociations introuvables, colère transversale
Le syndicat dit avoir tenté d’ouvrir des négociations avec la direction. En vain. Faute de table de discussion, la base se durcit et « tous les métiers » s’agrègent au mouvement. Conducteurs, contrôleurs, agents au sol : la grève est pensée comme un signal global. Là encore, l’effet d’apprentissage joue : première ligne régionale gérée par un opérateur privé, premier mouvement social qui en réclame les garde-fous. Ce bras de fer précoce révèle un point critique : sans cadre commun, les déséquilibres perçus entre ex-SNCF et nouveaux Transdev alimentent la défiance.
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Perturbations attendues dès mercredi soir… et surtout jeudi
Le préavis couvre la période du mercredi 5 novembre, 19 h, au mercredi 12 novembre, 8 h. Les perturbations risquent d’être sensibles dès le démarrage, mais c’est le jeudi 6 novembre qui s’annonce le plus compliqué pour les voyageurs, avec un trafic dégradé pouvant se prolonger jusqu’au week-end. Sans projection chiffrée officielle, la perspective d’une grève « massive » incite à la prudence : trains supprimés, fréquences réduites, allongement des temps de parcours. Sur un axe aussi fréquenté, l’impact sera concret pour les navetteurs du quotidien comme pour les déplacements de loisirs.
Une ligne-test pour l’ouverture à la concurrence
Au-delà de la seule PACA, la séquence dépasse l’enjeu local : la ligne TER Marseille–Nice est la première en France à ne pas être exploitée par une filiale de la SNCF. Elle est donc, de fait, un laboratoire. Les promesses d’amélioration de l’offre et de ponctualité se mesurent désormais au prisme social. Car tout gain d’organisation repose sur des équipes stabilisées, formées et engagées. « Mais saviez-vous que » sur ce type d’axes, la perception de justice salariale pèse autant que les moyens techniques dans la qualité de service ? Cette évidence, souvent tue, se révèle au premier coup de vent social.
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Les voyageurs, arbitres malgré eux
Pour les usagers, la grève remet en jeu une attente simple : pouvoir compter sur un service régulier. Or, dans cette séquence, la confiance se gagne sur deux fronts : d’un côté, les conditions de travail et la rémunération ; de l’autre, l’offre et sa fiabilité. Les voyageurs jugeront au résultat : quel plan de transport, quel niveau d’information, quelle prise en charge ? Et si Transdev entend s’inscrire dans la durée, chaque épisode social sera lu comme un stress-test sur sa capacité à concilier objectifs contractuels et dialogue social.
Ce détail que peu de gens connaissent : le calendrier social façonne la technique
On l’oublie parfois : une grève ne se résume pas à des trains en moins. Elle bouleverse l’organisation interne : recomposition des roulements, priorisation des missions, redéploiement des équipes en gares. Sur un axe Marseille–Nice au sillon chargé, le moindre décalage se répercute en chaîne. D’où l’importance, pour un entrant, de verrouiller tôt un accord d’entreprise et des mécanismes de prévention des conflits. Faute de quoi, chaque crispation rejaillit en perturbations visibles, puis en défiance.
Et maintenant ?
Sud-Rail maintient son appel à la grève. Les salariés dénoncent un « nivellement par le bas » et demandent l’ouverture de négociations. La direction, de son côté, est attendue sur des propositions concrètes : primes, passerelles statutaires, garanties pour les ex-SNCF et les embauchés Transdev. C’est le prix pour tenir la promesse initiale : un service renforcé qui respecte celles et ceux qui le font tourner.
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Ce que cela change concrètement pour les usagers
Dans l’immédiat, les voyageurs doivent s’attendre à un service dégradé sur l’axe Marseille–Toulon–Nice, avec des trains supprimés ou des fréquences réduites selon les heures. Les temps de parcours peuvent s’allonger et certaines correspondances sauter, notamment en début de matinée et en fin de journée. Sur une relation aussi chargée, le moindre décalage se répercute vite sur l’ensemble de la chaîne, du quai à la rame.
L’enjeu principal devient l’information voyageurs : connaître, le plus tôt possible, les trains maintenus, les horaires ajustés et les éventuels remplacements. Dans ce type de séquence, les canaux officiels et les annonces en gare sont déterminants pour limiter l’incertitude, tout comme la capacité des équipes au sol à orienter les passagers et à fluidifier les flux aux heures de pointe. Pour beaucoup d’usagers, l’impression de désordre vient moins du nombre de trains que de l’absence de repères fiables.
Cette période met aussi à l’épreuve la relation de confiance entre opérateur et passagers. Quand un conflit s’installe, la perception de justice sociale et la qualité de service se mêlent : chacun mesure si la promesse d’ouverture à la concurrence se traduit, ou non, par une expérience de trajet plus lisible au quotidien. Mais saviez-vous que, sur les lignes régionales, la clarté des annonces, même en cas de perturbations, pèse presque autant que la ponctualité dans la satisfaction des voyageurs ?
:contentReference[oaicite:11]{index=11}Que retenir ?
Derrière le bras de fer sur les salaires se joue une vérité structurante : sans accord d’entreprise et sans cadre social reconnu par tous, la première ligne TER ouverte à la concurrence risque d’enchaîner les à-coups… et le présent préavis jusqu’au 12 novembre, 8 h en est le tout premier avertissement.