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Il a cherché pendant 12 ans son disque dur contenant 650 millions en bitcoin, aujourd’hui sa vie a basculé

Publié par Killian Ravon le 28 Oct 2025 à 14:03

Pendant douze ans, un Gallois a remué ciel et terre pour retrouver un disque dur jeté par erreur, qui renfermerait un pactole en bitcoin. Bloqué par la justice en janvier 2025, son feuilleton ne s’arrête pourtant pas là : la quête de James Howells va devenir une série documentaire qui promet de dévoiler, enfin, l’envers de cette chasse au trésor numérique.

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Ingénieur en gilet réfléchissant observant une décharge pendant que deux drones survolent une zone balisée à la recherche d’un disque dur perdu.

En été 2013, à Newport au Pays de Galles, un informaticien se débarrasse d’un vieux support de stockage. Trop tard, il réalise qu’il vient d’éliminer la clé d’un magot en monnaie numérique : 8 millions de dollars alors, estimés aujourd’hui à 742 millions de dollars (environ 649 millions d’euros). Douze ans plus tard, après une bataille avec la municipalité et la justice, un nouveau chapitre s’ouvre : l’histoire sera racontée dans « The Buried Bitcoin », une série documentaire signée LEBUL.

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Un geste banal, un destin bouleversé

À l’origine, rien qu’un geste du quotidien. À Newport, au cœur de l’été 2013, un informaticien trie enfin du matériel devenu obsolète. Le vieux disque dur part à la poubelle, sans que son propriétaire n’y voie d’abord autre chose qu’un objet dépassé. C’est en revenant chez lui que tombe la prise de conscience : cet élément supposément sans valeur contenait les accès à un portefeuille en bitcoin. À l’époque, la somme équivaut à 8 millions de dollars. Avec l’envolée du marché, la valeur est devenue vertigineuse : 742 millions de dollars, soit environ 649 millions d’euros. Voilà comment un tri ménager s’est mué en bouleversement intime et médiatique. Et si l’on pense que tout a commencé par un oubli, on mesure d’autant mieux le poids des heures suivantes. Un détail que peu de gens connaissent : la trajectoire de cette histoire s’est jouée en quelques minutes, entre un sac-poubelle et une décharge municipale.

Vue large du Newport Bridge franchissant la rivière Usk, repère urbain majeur de la ville galloise où a commencé la quête du disque dur perdu.
Le Newport Bridge sur la rivière Usk, décor réel de l’histoire qui a commencé en 2013.
Crédit : A J Paxton / Geograph (CC BY-SA 2.0).
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Photographie aérienne d’un ancien site d’enfouissement, illustrant les contraintes techniques d’une recherche dans un environnement de déchets.
Décharge à ciel ouvert photographiée depuis les airs, un terrain où chaque couche compliquait la traque.
Crédit : A. Savin (CC BY-SA).

La décharge de Newport, théâtre d’une obsession

Sitôt l’erreur comprise, cap sur le centre d’enfouissement. L’informaticien, devenu chasseur de trésor numérique, s’enfonce dans l’univers brut des détritus, des bennes et des compacteurs. Il ne s’agit plus seulement de retrouver un objet, mais de déterrer un avenir. Pendant des années, il revient sur place, bâtit des scénarios, envisage des solutions. Parmi elles, une idée qui en dit long sur sa détermination : déployer des drones « intelligents » pour ratisser la zone, segmenter les couches de déchets, repérer le moindre indice. Un plan pensé comme une opération de précision, avec l’obstination de qui a tout à gagner… ou tout perdu. Mais saviez-vous que, dans ce genre de recherche, chaque pluie et chaque passage d’engins peuvent déplacer les couches et rendre la chasse encore plus incertaine ? C’est aussi ce qui explique l’obsession à vouloir cartographier le site, mètre par mètre.

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Opérateur en formation au pilotage de drone, technologie envisagée pour cartographier et fouiller un site d’enfouissement.
Le drone, un outil imaginé pour passer la décharge au peigne fin sans la perturber.
Crédit : Bureau of Land Management / Toshio Suzuki (CC BY).

Le refus des autorités et les risques invoqués

Face à cette énergie, la municipalité oppose un non clair. Le centre de collecte, expliquent les autorités, n’est pas un terrain d’exploration. Les responsables invoquent des raisons environnementales : le risque de libérer des substances nocives, d’exposer le sol, l’air ou les eaux à des pollutions évitables, de remuer des déchets stabilisés. Fouiller, c’est déranger un équilibre fragile. À cela s’ajoutent les questions de sécurité pour les intervenants, et celles de responsabilité en cas d’accident. Dans la balance entre l’espoir d’un particulier et la protection d’un site sensible, la ville tranche. Pour James Howells, la porte qui se referme est celle d’un scénario qu’il a mis des années à construire. Mais l’homme ne cède pas : il affine ses propositions, cherche à convaincre, tente d’apporter des garanties. À Newport, pourtant, la décharge demeure une forteresse de fer et de terre battue.

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Équipe de tournage en action, image représentative d’une production documentaire consacrée à une histoire vraie.
Du terrain à l’écran : quand la quête devient un récit documentaire.
Crédit : Lev-Bar-On (CC BY-SA 4.0).

Douze ans d’espoir, puis le coup d’arrêt judiciaire

Année après année, la quête s’épuise et s’intensifie à la fois. Elle s’épuise car chaque tentative avortée est une pierre de plus sur le chemin ; elle s’intensifie car la valeur du bitcoin grimpe, et avec elle l’écho médiatique de l’affaire. Pendant douze ans, l’intéressé remue ciel et terre pour récupérer son disque dur.

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Puis survient le couperet : en janvier 2025, la justice met un terme à l’aventure opérationnelle. Plus de fouilles, plus de vols de drone envisagés, plus de levier administratif pour avancer. À 39 ans, l’entrepreneur gallois se retrouve face à un constat brutal : l’objet qui a changé sa vie reste enfoui, inaccessible, comme avalé par la machine du réel. C’est souvent à ce moment que les récits s’arrêtent. Mais ici, curieusement, l’histoire rebondit au moment où l’on croyait tout perdu.

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Paysage urbain de Newport, point d’origine de l’affaire du disque dur égaré et de la longue quête qui a suivi.
Newport, décor gallois d’une obsession devenue affaire mondiale.
Crédit : Tiia Monto (CC BY-SA 3.0).
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Du cauchemar à l’écran : la série documentaire

La suite se jouera désormais sur l’écran. D’après Evidence Network, la société américaine LEBUL prépare The Buried Bitcoin: The Real-Life Treasure Hunt of James Howells. Le projet promet de reprendre « de A à Z » le parcours semé d’embûches de l’informaticien. L’intéressé s’en réjouit d’ailleurs : « C’est la première fois que je peux vraiment montrer ce que nous voulions faire sur le site de la décharge », confie-t-il.

Une phrase qui dit la frustration d’hier et l’espérance de demain, comme un besoin de remettre les faits à plat, de montrer les plans, les méthodes, les précautions. Autre déclaration : « Je n’abandonne pas le combat. » Deux lignes qui fixent le ton : régler ses comptes avec les quiproquos, mais aussi rappeler que l’échec n’a pas définitivement raison d’un projet.

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Ce docu-série interrogera aussi, forcément, notre rapport collectif à la monnaie numérique, à la volatilité d’un actif devenu phénomène de société, et aux dilemmes très concrets qu’elle engendre quand le réel — une benne, de la terre, des déchets — se dresse sur la route. Ce détail que peu de gens connaissent : derrière chaque histoire virale de bitcoin, il y a des choix logistiques, des règles d’hygiène, des procédures environnementales, des autorisations administratives. Autant de coulisses que la caméra pourra, cette fois, explorer. La promesse du titre, « The Buried Bitcoin », tient autant de la métaphore que de la réalité géologique d’une décharge.

Et si la révélation la plus attendue consistait simplement à comprendre, au millimètre près, comment l’équipe aurait tenté de retrouver l’objet ? À l’écran, on suivra un homme qui, malgré l’arrêt du tribunal, refuse de laisser son récit s’engloutir. Et l’on découvrira finalement ce que cette chasse au trésor numérique dit de notre époque, des institutions et des rêves qui la traversent.
Dernier point, et non des moindres : le projet est prévu pour la fin d’année.

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