« L’ampleur du problème est sous-estimée » : Un champignon résistant et mortel sème la panique en Europe
L’augmentation du nombre d’infections par le candidozyma auris sur l’année 2023 pousse les hautes autorités de santé européennes à lancer l’alerte.
Qu’est-ce que le candidozyma auris ?
Une propagation inquiétante. Imaginez faire un crochet à l’hôpital dans le cadre d’une urgence, être pris en charge… et finir plus malade que vous ne l’étiez en arrivant. C’est le scénario qu’ont malheureusement vécu des milliers de patients infectés par le candidozyma auris ces dix dernières années. Il s’agit d’un champignon résistant aux traitements et responsables d’infections fongiques nosocomiales (graves infections sanguines, otites, infections urinaires, atteintes de plaies…) qui peut être mortel pour les plus fragiles et les patients immunodéprimés.
Face à la recrudescence des cas, de nombreux établissements européens sont en alerte. Une situation qui inquiète le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), qui appelle à une action urgente face à la menace croissante.
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Identifié pour la première fois en 2009, le candidozyma auris s’est diffusé dans plusieurs pays, dont la France. De fait, l’Organisation mondiale de la Santé le considère comme un agent pathogène prioritaire critique.
La contamination s’accélère
Ce qui en fait un champignon si dangereux est sa capacité à persister sur différentes surfaces et équipements médicaux, et à se propager entre les patients. Autant de caractéristiques qui le rendent difficilement contrôlable.
Entre 2013 et 2023, les pays de l’UE/EEE ont signalé plus de 4 000 cas. Si le chiffre paraît dérisoire, c’est l’accélération de sa propagation qui inquiète les professionnels de santé. En effet, sur les 4 000, 1 346 cas ont été signalés par 18 pays pour la seule année 2023… Parmi eux, cinq pays européens — la Grèce, l’Espagne, la Roumanie et l’Allemagne – concentrent les plus forts taux de cas détectés au cours de la décennie.
Malgré cette accélération, seuls 17 des 36 pays concernés — et participant à l’enquête de l’ECDC – disposent d’un système de surveillance pour le candidozyma auris. « Sans surveillance systématique et déclaration obligatoire, l’ampleur réelle du problème est probablement sous-estimée », alerte l’agence européenne. Or, si les chiffres préoccupent, il est encore temps d’agir. « Ce n’est pas inévitable. Une détection précoce et un contrôle rapide et coordonné des infections peuvent encore prévenir une transmission plus large ».