Gel du barème : pourquoi votre impôt sur le revenu peut grimper dès 2026
Le projet budgétaire porté à l’Assemblée soulève un point sensible pour les particuliers : un gel du barème de l’impôt sur le revenu et de la CSG.
En clair, au lieu d’ajuster chaque année les tranches d’imposition à l’inflation, on les laisserait au même niveau. C’est un détail technique en apparence, mais ses effets peuvent se sentir très vite sur la fiche d’imposition.
Pourquoi un gel change la donne
Quand l’inflation augmente, les salaires suivent parfois partiellement. Normalement, le barème est revalorisé pour éviter de taxer davantage des hausses qui ne sont que des ajustements de prix. Si on ne bouge pas les tranches, une partie de la hausse de revenus glisse mécaniquement vers un taux marginal plus élevé. Résultat : une progression d’impôt sans modification du niveau de vie réel.
Un calendrier politique… et psychologique
Le sujet arrive dans un contexte de finances publiques tendues. L’exécutif cherche de la recette rapidement, sans créer un impôt totalement nouveau. L’outil est « discret », mais il pèse psychologiquement, car les contribuables le ressentent au moment des acomptes ou du solde. Cette impression d’« impôt qui grimpe tout seul » peut nourrir un sentiment d’injustice, même si la mécanique est connue des spécialistes.
Qui risque d’être concerné en premier
Les salariés dont la rémunération a légèrement augmenté, les ménages proches d’un seuil de tranche, ou encore les jeunes foyers qui entraient tout juste dans l’imposition pourraient être touchés. De petites augmentations de salaire peuvent avoir un effet disproportionné si elles font franchir une marche du barème restée figée.
Les revenus modestes et la décote
Il existe un mécanisme de décote qui allège l’impôt pour éviter un effet de seuil trop brutal. Il protège certains revenus proches du SMIC. Mais s’il n’est pas ajusté au même rythme que les prix ou les rémunérations, la décote peut couvrir moins de monde, laissant davantage de contribuables exposés.
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Et la CSG dans tout ça
La CSG finance notamment la Sécurité sociale et l’assurance chômage. Un gel des paramètres peut là aussi augmenter la contribution chez ceux dont la rémunération a progressé nominalement. Au bout du compte, c’est une double lame : impôt sur le revenu et CSG peuvent tous deux augmenter, même avec une inflation faible.
Un contexte d’inflation retombée, mais pas neutre
On évoque une inflation modérée, autour de 1 %. Certains pourraient se dire que l’impact serait minime. En réalité, c’est la structure des revenus qui compte : si votre progression annuelle vous place juste au-dessus d’une limite de tranche, l’effet à l’euro près peut se faire sentir, même avec une inflation modeste.
Des pistes d’aménagement débattues
Dans ce type de débat, des aménagements sont souvent proposés pour limiter les cas les plus « injustes ». Cela peut passer par des seuils retouchés, un lissage, ou des ajustements ponctuels. Le gouvernement peut aussi s’appuyer sur des mesures qui ciblent davantage les revenus élevés, afin de soutenir le récit d’« effort partagé ».
Les hauts revenus mis à contribution
Plusieurs leviers existent déjà pour les revenus les plus élevés, à travers des contributions spécifiques et des taux minimaux. L’idée est de garantir une participation accrue en haut de la distribution, sans modifier toute l’architecture de l’impôt. Cette approche alimente toutefois un débat sur la lisibilité de l’ensemble, tant les règles se superposent d’année en année.
Les effets pervers possibles
Un gel du barème, même temporaire, peut créer des effets de seuil difficiles à comprendre pour le grand public. Les simulateurs officiels éclairent, mais ne dissipent pas l’impression d’un système de plus en plus complexe. Par ailleurs, l’absence d’indexation nourrit la sensation que le pouvoir d’achat réel n’est pas reconnu dans l’impôt.
Ce que cela change pour un foyer « type »
Prenons un foyer salarié dont la rémunération a progressé mécaniquement d’un cran cette année, sans prime exceptionnelle. Si les tranches restent au même niveau, l’assiette imposable au taux marginal supérieur s’élargit. L’écart peut paraître faible en pourcentage, mais il est visible lors des prélèvements de l’automne ou du solde de l’année suivante.
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L’argument de l’exécutif
Côté gouvernement, le message est simple : les dépenses publiques doivent être financées, et l’option du gel est un miroir de la retenue appliquée ailleurs, notamment sur certains postes de dépenses sociales. Le principe serait de demander un effort « proportionné » à l’ensemble des contribuables, en priorité ceux qui disposent d’une marge de revenus.
Ce que peuvent faire les contribuables dès maintenant
Vérifier son taux de prélèvement, réviser ses acomptes, anticiper d’éventuels crédits d’impôt ou réductions et, le cas échéant, se renseigner sur la décote. Les simulateurs en ligne restent le meilleur moyen d’éviter la mauvaise surprise du solde. Enfin, suivre le débat parlementaire peut permettre d’anticiper d’éventuelles modifications de dernière minute.
L’Assemblée, scène d’un bras de fer politique
Le Palais-Bourbon devient la chambre d’écho de ces arbitrages. Majorité et oppositions confrontent leurs visions de la justice fiscale. Pour certains, geler le barème revient à augmenter les impôts sans le dire. Pour d’autres, c’est un réglage technique qui reflète la contrainte des comptes publics.
Ce que cela pourrait rapporter à l’État
La logique du gel est d’assurer des recettes rapides et relativement prévisibles. La combinaison impôt sur le revenu + CSG peut fournir un appoint non négligeable au budget. Ce rendement supplémentaire doit être mis en regard des autres mesures, par exemple la prolongation de certains prélèvements temporaires ciblant les hauts revenus.
La vraie question : à quel point vous êtes exposé
Tout dépend de votre revenu fiscal de référence, de la composition du foyer, des charges déductibles et des réductions/crédits. Les foyers proches des seuils ont tout intérêt à consulter un simulateur officiel et à conserver les justificatifs utiles pour la correction en ligne, si nécessaire.
Ce qu’il faut retenir, au bout du compte
Même avec une inflation revenue à un niveau plus bas, le gel des tranches peut créer une hausse tangible de l’impôt pour ceux dont les revenus ont progressé. C’est une mesure lisible pour Bercy, moins pour le contribuable, parce qu’elle agit en coulisses. Et elle déplace des ménages du statut « non imposable » à « imposable ».
La révélation que tout le monde attend
Au terme des arbitrages présentés au Parlement, la trajectoire annoncée viserait un rendement supplémentaire notable. Selon les éléments budgétaires mis en avant, l’État espère autour de 1,9 milliard d’euros via l’impôt sur le revenu, plus environ 300 millions via la CSG, avec à la clé l’arrivée de nouveaux foyers dans l’imposition. Et la projection la plus citée estime environ 200 000 ménages basculant vers l’impôt sur le revenu si le barème reste gelé et que les aménagements ne compensent pas ces effets.