Mutuelles : pourquoi la note grimpe encore en 2026 ?
Les complémentaires santé sont devenues un poste de dépense quasi incompressible pour la plupart des ménages. Entre l’inflation, les revalorisations d’honoraires et la pression sur les hôpitaux, chacun a ce réflexe en fin d’année : à combien s’élèvera la cotisation l’an prochain ? Selon un baromètre Addactis daté du mardi 23 septembre 2025, la réponse n’a rien de rassurant. Les tarifs repartiront à la hausse en 2026. La tendance reste négative, même si elle paraît un peu moins brutale que celle observée en 2025.
Derrière ces chiffres, il y a des actes médicaux, des passages à l’hôpital, des séances chez le généraliste ou chez le psy, des équipements auditifs ou des achats en pharmacie. Chaque euro remboursé pèse dans les comptes des mutuelles et finit, mécaniquement, par se traduire dans la prime payée par l’assuré.
Pourquoi la facture s’alourdit encore
L’année 2025 a laissé des traces. Les assureurs complémentaires ont constaté une hausse marquée des prestations sur plusieurs postes sensibles : hospitalisations, consultations de généralistes après le passage à 30 euros, psychologues, auxiliaires médicaux, frais de pharmacie, soins de confort et équipements auditifs. Autrement dit, des dépenses du quotidien qui, mises bout à bout, font exploser la sinistralité.
Pour les organismes, c’est un cocktail difficile à absorber. Quand les remboursements s’envolent, deux leviers existent : piocher dans les réserves quand elles le permettent, ou augmenter les cotisations. En 2025, beaucoup ont actionné les deux. En 2026, ils s’orientent encore vers des hausses, mais en promettant qu’elles seraient un peu moins fortes que l’an dernier.
Ce que disent les acteurs du marché
Le baromètre Addactis livre une photographie à chaud des intentions des mutuelles, assureurs et organismes paritaires. Son intérêt : il distingue les contrats collectifs — ceux que les employeurs souscrivent pour leurs salariés — et les contrats individuels, choisis par les particuliers, souvent des retraités ou des indépendants.
Ce paysage n’est pas totalement uniforme. D’un côté, certains acteurs se montrent prudents, persuadés que la marche de 2025 ne pourra pas être gravie une nouvelle fois sans fracture sociale. De l’autre, des gestionnaires pointent des lignes de coût qu’ils jugent structurellement orientées à la hausse, comme les séjours hospitaliers ou les dispositifs médicaux. Dans ce contexte, les taux d’augmentation annoncés forment une fourchette plutôt large.
Instabilité politique et brouillard de fin d’année
Autre élément qui complique l’équation : l’incertitude politique. Addactis évoque « une forte incertitude sur la fin d’année 2025 ». Ce flou ne porte pas seulement sur les dépenses de santé à venir, mais aussi sur l’environnement réglementaire et fiscal. Les complémentaires évoluent dans un cadre mouvant où une décision ministérielle peut, d’un trait de plume, ajouter une charge nouvelle.
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Dans les discussions du moment revient une taxe évoquée à plusieurs reprises par Catherine Vautrin, ministre de la Santé et du Travail du gouvernement Bayrou. Cette contribution, si elle se matérialisait pour 2025, pourrait coûter jusqu’à un milliard d’euros au secteur. Pour les organismes concernés, une telle ligne budgétaire ne resterait pas sans effet : difficile, dans ce cas, d’éviter un répercutage partiel ou total sur les cotisations 2026.
2025, l’année de tous les dépassements
Pour bien comprendre l’état d’esprit des assureurs, un rappel s’impose. En 2025, les hausses n’ont pas été anecdotiques. Selon la même source, elles se sont étagées dans des fourchettes déjà élevées : d’un côté les contrats collectifs, de l’autre les contrats individuels. Dans les deux cas, la pente était prononcée. Les comptes techniques des organismes ont absorbé une vague de prestations inhabituelle ; certaines familles d’actes ont flambé, notamment l’hôpital et la médecine de ville après la consultation à 30 euros. C’est cette marche haute qui sert aujourd’hui de base.
À ce stade, les complémentaires martèlent qu’elles ne choisissent pas la hausse par confort. Elles invoquent un impératif d’équilibre pour continuer de rembourser et conserver les garanties. Les assurés, eux, voient surtout l’addition, et se demandent s’il existe une voie de passage pour diminuer la note sans réduire la couverture.
Des pistes pour ne pas subir entièrement la hausse
Chaque situation est différente, mais quelques réflexes peuvent aider à limiter l’impact financier. D’abord, vérifier que son contrat correspond bien à ses besoins actuels. Beaucoup de ménages gardent des options héritées d’une autre période de vie, parfois inadaptées. Réduire des garanties peu utilisées peut permettre d’amortir une hausse.
Ensuite, surveiller les renouvellements : certains collectifs négocient en fin d’année, d’autres au printemps. Un échange avec son employeur ou son service RH peut éclairer le calendrier et les marges de négociation. Côté individuels, il est utile de comparer les offres équivalentes, à niveau de garanties et de réseaux de soins comparables, sans se laisser attirer par une cotisation d’appel qui cacherait des franchises plus lourdes.
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Enfin, connaître précisément ce que l’Assurance maladie prend en charge, et ce que la mutuelle rembourse, évite les mauvaises surprises. Les hausses actuelles s’inscrivent aussi dans un mouvement de revalorisations tarifaires décidé au niveau national, que les complémentaires n’ont pas la main à corriger.
Un marché partagé entre prudence et optimisme
Tout le monde n’est pas aligné sur l’ampleur de la hausse 2026. Le cabinet Fact & Figures, qui a publié ses propres prévisions, se montre plus optimiste pour le consommateur. Selon lui, la progression des tarifs pourrait rester plus contenue. Cette lecture alternative rappelle qu’un marché d’assurance se compose d’acteurs aux portefeuilles hétérogènes, avec des populations assurées plus ou moins âgées, plus ou moins exposées à l’hôpital, et des stratégies de gestion différentes.
Dans les faits, les assurés retiendront une chose : la plupart des mutuelles parlent d’une augmentation au 1er janvier 2026. Et s’il reste un espoir d’atterrir plus bas que prévu, il dépendra à la fois des dépenses de fin 2025, de la clarté sur la taxe évoquée par le gouvernement et de la capacité des organismes à lisser leurs comptes.
Ce que change l’incertitude pour votre budget
Pour un foyer, l’incertitude n’est pas un détail. Elle signifie qu’au moment de boucler le budget 2026, la ligne « mutuelle » peut encore bouger. Certains verront peut-être une revalorisation plus douce, d’autres, au contraire, un rattrapage plus ferme si les dépenses de fin d’année s’emballent. Les retraités, souvent en contrats individuels, seront particulièrement attentifs, car ils ont moins de leviers de négociation que les salariés couverts en collectif.
Cette situation justifie d’anticiper. Lire attentivement la notification d’augmentation, comprendre le périmètre des garanties, interroger son assureur sur les raisons exactes de la hausse : autant de réflexes utiles pour éviter de subir et, si besoin, ajuster son contrat.
La petite différence qui compte, révélée à la toute fin
Reste la question clé : de combien parle-t-on exactement ? C’est ici que le baromètre Addactis apporte des repères chiffrés et que le contrepoint de Fact & Figures mérite d’être entendu. Les contrats collectifs afficheraient des augmentations situées entre 3,6 % et 9 %, avec une médiane à 6,2 %. Pour les contrats individuels, la hausse irait de 3,4 % à 10 %, médiane à 5 %. En miroir, Fact & Figures avance une progression plus limitée, entre 2,5 % et 3,5 %.
Un dernier repère : en 2025, les hausses observées allaient de 5,5 % à 9,5 % en collectif et de 4,5 % à 8,5 % en individuel. Autrement dit, la note 2026 devrait encore grimper, mais un peu moins vite que l’an dernier — à moins que l’incertitude de fin 2025 et la taxe évoquée par Catherine Vautrin ne viennent, in extremis, rebattre les cartes.