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Assurance-vie et livrets : vers un rétropédalage fiscal ? Ce que prépare réellement le gouvernement

Publié par Killian Ravon le 21 Oct 2025 à 22:30

Deux pistes chocs se dessinent pour renflouer les caisses de l’État : un relèvement de la flat tax sur l’épargne et une taxe écologique sur les billets d’avion. Derrière ces mesures envisagées par l’exécutif, une même logique : accroître les recettes sans accroître le déficit.

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Dossier « ASSURANCE-VIE » sur un bureau avec calculatrice, relevé d’intérêts à l’écran, billets et pièces en euros, main pointant.
Entretien autour d’un contrat d’assurance-vie : calcul du rendement net et impact d’un possible relèvement du PFU.

Quels placements pourraient être concernés ? Que se passerait-il pour les épargnants déjà fragilisés par la chute des rendements ? Voici ce que l’on sait, point par point.

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Le cœur du projet : relever le PFU sur les revenus du capital

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Dans la feuille de route économique qui se dessine, une option revient avec insistance : relever le prélèvement forfaitaire unique appliqué aux revenus de l’épargne financière. Introduit pour simplifier la fiscalité du capital, ce PFU s’est imposé en quelques années comme le régime de référence pour les intérêts, dividendes et plus-values, avec un taux jusqu’ici présenté comme stable. L’exécutif envisage désormais de le remonter pour accroître les recettes, sans toucher, officiellement, à l’impôt sur le revenu.

Concrètement, ce serait une hausse en « tête de gondole » : la fraction impôt et/ou prélèvements sociaux pourrait être ajustée, avec un effet direct sur la rémunération nette des placements. En première ligne, les contrats d’assurance-vie soumis au PFU lors des rachats et une partie de l’épargne bancaire. L’idée est simple à expliquer et rapide à mettre en œuvre, ce qui en fait un levier fiscal séduisant pour boucler un budget difficile. Mais saviez-vous que la mécanique du PFU ne touche pas seulement les intérêts de dépôts classiques, elle s’étend aussi à la fiscalité des plus-values mobilières ? C’est précisément ce périmètre large qui en fait un instrument redoutablement efficace… pour les finances publiques.

Façade d’une agence de la Caisse d’Épargne à Sens, photographiée de face avec enseigne rouge nettement lisible.
Les réseaux d’agences, premier contact des épargnants.
Crédit : Chabe01, CC BY-SA 4.0.
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Reste une question brûlante : l’« esprit » de la réforme. S’agira-t-il d’un tour de vis temporaire, lié au cycle budgétaire, ou d’un nouveau régime durable ? Les arbitrages politiques ne sont pas encore rendus publics. Une certitude toutefois : un PFU rehaussé rogne mécaniquement le rendement net de l’épargne, donc l’effort consenti par les ménages pour se constituer une réserve de précaution.

Les livrets réglementés aussi dans le viseur : ce que cela changerait

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Au-delà du capital productif de revenus financiers, l’exécutif regarde également du côté des livrets. L’idée défendue par certains conseillers serait d’aligner davantage la fiscalité globale de l’épargne, y compris sur des supports longtemps perçus comme « intouchables ». Le livret A, le LDDS ou encore d’autres comptes réglementés servent de coussin de sécurité à des dizaines de millions de Français. Un simple ajustement de cadre, même indirect, aurait donc un retentissement massif.

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Dans le scénario étudié, l’objectif politique consisterait à « rapporter » davantage sans casser la confiance. Comment ? En jouant sur des paramètres qui, pris séparément, paraissent modestes, mais qui, cumulés, réduisent la performance nette pour l’épargnant. Le tout au nom d’un effort partagé face aux exigences budgétaires et climatiques. Ce détail que peu de gens connaissent : lorsque la fiscalité mord ne serait-ce que d’un point de pourcentage sur un livret populaire, l’effet composé sur plusieurs années suffit à gommer l’avantage d’un taux facial jugé « correct ». D’où l’inquiétude qui monte chez ceux qui placent chaque mois, disciplinés, une part de leur salaire.

La ligne de crête est étroite. Toucher aux livrets revient à toucher à un symbole. Les autorités le savent et avancent prudemment, en préservant le discours de protection des petits épargnants. Mais si l’alignement sur un PFU relevé devait, par ricochet, affecter certains intérêts, l’impact politique serait immédiat.

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Grande salle d’embarquement lumineuse à CDG, rangées de sièges et signalétique visibles, illustrant concrètement le trafic aérien.
Transport aérien : base taxable évoquée via une taxe « climat ».
Crédit : Briancrowley12, CC0.

Un deuxième levier assumé : la taxe « climat » sur les billets d’avion

La réflexion fiscale ne se limite pas aux placements. Le gouvernement travaille aussi sur une taxe écologique ciblant les billets d’avion. Le principe : faire contribuer davantage les activités les plus émettrices au financement des politiques publiques et de la transition. Dans un contexte où chaque euro compte, le transport aérien apparaît comme une base taxable identifiable, intégrable rapidement au droit existant et justifiable par l’argument climat.

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Pour les ménages, l’effet est double. À court terme, voyager coûterait un peu plus cher. À moyen terme, la mesure peut contribuer à réduire d’autres hausses plus diffuses en apportant des recettes supplémentaires. Politiquement, la communication est plus simple : la taxe vise un usage considéré comme moins « essentiel » que l’épargne de précaution. Mais elle ne suffira pas à elle seule à combler les besoins ; d’où la tentation de mobiliser simultanément le levier de la fiscalité de l’épargne.

Ce couplage « billets d’avion + PFU » dit beaucoup de l’architecture recherchée : une mosaïque de micro-hausses qui, agrégées, forment une contribution significative. Pour autant, le gouvernement se sait observé : toute hausse trop visible sur l’épargne populaire, en parallèle d’un renchérissement du transport, pourrait nourrir un sentiment d’injustice fiscale.

Vue large du ministère de l’Économie à Bercy longeant la Seine, avec le pont de Bercy au premier plan et les façades modernes bien visibles.
Bercy, cœur des arbitrages budgétaires et fiscaux.
Crédit : Fred Romero, CC BY 2.0.
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Épargnants, retraités : pourquoi la baisse des rendements rend chaque point d’impôt plus douloureux

Depuis deux ans, les épargnants ont vu le rendement net de leurs placements se réduire sous l’effet combiné de l’inflation et de l’ajustement des marchés. Lorsque la rémunération nette stagne ou recule, chaque dixième de point de fiscalité supplémentaire pèse davantage sur le capital accumulé. C’est particulièrement sensible pour les retraités, nombreux à compléter leur pension par des retraits ponctuels sur leur assurance-vie ou des intérêts récurrents. À cet âge de la vie, l’épargne n’est plus seulement un « projet » ; elle finance le quotidien.

Le signal envoyé par une hausse du PFU serait donc scruté de près par les seniors. Non pas uniquement parce que l’assurance-vie est massivement détenue par les ménages de plus de 60 ans, mais parce qu’elle joue un rôle de stabilisateur privé. Une fiscalité plus lourde, c’est un pouvoir d’achat immédiatement amputé lors d’un rachat, donc des arbitrages parfois contraints sur des dépenses de santé ou de logement.

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Mais saviez-vous que l’effet réel d’une hausse de taux dépend autant du calendrier des retraits que de l’antériorité des versements ? Dans de nombreux contrats, la part des gains imposables varie selon la date des versements et la durée de détention. Autrement dit, deux épargnants affichant le même encours n’auront pas le même choc fiscal. Cette hétérogénéité rend le message public difficile : l’annonce est simple, la traduction dans la vie des gens l’est beaucoup moins.

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Fuite des capitaux, « débancarisation » : un risque que l’exécutif veut circonscrire

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Chaque débat sur la fiscalité du capital fait renaître les mêmes craintes : départs d’épargne vers le Luxembourg, l’Irlande ou d’autres places plus clémentes, et regain de débancarisation avec des ménages qui thésaurisent en liquide ou se tournent vers des actifs tangibles. L’exécutif en a parfaitement conscience. C’est aussi pour limiter ces mouvements qu’une hausse « modérée », mais à large base, a les faveurs des stratèges : mieux vaut obtenir un peu de tout le monde que beaucoup de quelques-uns qui peuvent bouger leur argent vite.

Dans ce contexte, certains rappellent le rôle protecteur des actifs réels. L’or physique revient dans les conversations comme « valeur refuge » lorsque les taux nets fléchissent et que l’incertitude fiscale augmente. Des maisons spécialisées consignent une recrudescence d’achats de pièces et lingots dans chaque période de flottement. C’est un réflexe ancien : on accepte un actif stérile en contrepartie d’une sécurité perçue. Pourtant, même là, le calcul n’est pas neutre : l’or physique ne distribue aucun revenu, il entraîne des coûts de garde et, le cas échéant, une fiscalité spécifique à la revente.

Pour l’État, l’équation est fine : relever le PFU suffisamment pour abonder les recettes, sans déclencher un exode de capitaux ni une défiance généralisée envers le système bancaire. Là encore, la progressivité dans le temps – une annonce, puis une mise en œuvre étagée – figure parmi les scénarios sur la table pour amortir les effets de seuil.

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Façades vitrées du siège du Crédit Agricole à Montrouge, bâtiment d’entreprise contemporain photographié en plan large.
Banques et assureurs, acteurs clés de l’épargne grand public.
Crédit : CA SAfr, CC BY-SA 4.0.

Le vrai sujet, c’est le timing : comment s’y préparer sans céder à la panique

Au-delà des taux et des assiettes, tout se jouera sur le calendrier. Une montée en charge rapide maximiserait l’effet budgétaire, mais elle bouleverserait les plans de portefeuille de millions d’épargnants. À l’inverse, un phasage en plusieurs étapes laisserait le temps d’arbitrer des contrats, de lisser des rachats ou de répartir des versements. Les professionnels de la gestion de patrimoine guettent un élément précis : le point de bascule à partir duquel la fiscalité efface l’avantage d’un support par rapport à un autre.

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Dans l’intervalle, la prudence recommande des gestes simples. D’abord, revisiter l’allocation pour identifier les « poches » exposées à un PFU rehaussé. Ensuite, comparer le rendement net anticipé des fonds en euros, des unités de compte et des dépôts bancaires à l’ombre d’un taux plus élevé. Enfin, éviter les décisions hâtives dictées par la crainte : un rachat précipité sur un contrat d’assurance-vie peut déclencher une imposition immédiate là où un étalement aurait amorti la note.

Bâtiment de la Banque de France à Châlons, architecture classique en pierre, cadré en plan large sur la rue.
Banque de France : pilier de la stabilité monétaire et financière. Crédit : Garitan, CC BY-SA 3.0.

On l’oublie souvent, mais la stabilité des règles vaut parfois autant que leur niveau. C’est d’ailleurs l’un des enjeux politiques majeurs du moment : afficher une trajectoire lisible qui ne dissuade pas les Français d’épargner. Car si le but est d’élargir l’assiette en ponctionnant un peu plus, encore faut-il qu’il reste quelque chose à ponctionner demain. Révélation finale : la clé n’est pas tant le « combien » que le « quand » et le « comment » ; c’est la date exacte d’entrée en vigueur et l’ampleur du relèvement du PFU qui décideront, en coulisses, de l’addition réelle payée par les épargnants.

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