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Livret A : pourquoi une nouvelle baisse de son taux se profile déjà pour 2026

Publié par Killian Ravon le 09 Déc 2025 à 16:33

Touché par une décollecte record en octobre 2025, le placement fétiche des Français traverse une zone de turbulences inédite. Dans le même temps, la mécanique de calcul de son rendement laisse entrevoir une nouvelle étape à la baisse en 2026. Alors même que les ménages continuent à mettre de l’argent de côté.

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Homme d’âge moyen inquiet devant un ordinateur affichant une courbe du taux du Livret A en forte baisse.
Inquiet face à la chute annoncée, un épargnant suit l’évolution du taux du Livret A depuis son ordinateur.

Reste une question centrale : le gouvernement laissera-t-il la formule jouer à plein, ou choisira-t-il de intervenir ?

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Tirelire rose en forme de cochon posée sur une table, entourée de pièces d’euro empilées devant une main humaine.
Une épargne qui reste sûre, mais dont les intérêts s’amenuisent au fil des révisions de taux.
Crédit : Tumisu / Pixabay
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Un placement star en plein trou d’air

Depuis des années, le Livret A est associé à l’idée de sécurité. Une épargne disponible, défiscalisée, simple à comprendre et portée par la garantie de l’État. Pour beaucoup de foyers. Il reste la porte d’entrée naturelle de l’épargne de précaution, celle où l’on dépose spontanément son argent « au cas où ». Cette image rassurante, cependant, se heurte de plus en plus à une réalité froide. Un rendement qui ne suit plus vraiment les attentes des épargnants.

La baisse de son taux du Livret A à 1,70 % au 1ᵉʳ août 2025 a marqué un tournant. Techniquement, ce niveau est présenté comme cohérent avec l’environnement économique du moment. Mais sur les relevés de compte, la différence se voit immédiatement. Pour celui qui regarde simplement les intérêts versés en fin d’année. Le sentiment est parfois celui d’un placement qui « ne rapporte plus rien ». Même si, dans les faits, il reste supérieur au compte courant.

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Cette impression est d’autant plus forte que l’argent déposé sur ce livret n’a pas pour vocation de générer des plus-values spectaculaires. Il s’agit d’un matelas de précaution, censé protéger un minimum le pouvoir d’achat de l’épargne des ménages. Quand ce filet de sécurité rémunère peu, la tentation est grande de regarder ailleurs. Vers d’autres solutions mieux dotées en intérêts mais toujours perçues comme sûres.

Main glissant une pièce d’euro dans une tirelire rose, des billets et pièces éparpillés sur la table.
Les Français continuent d’épargner, mais réorientent leurs économies vers des placements jugés plus rentables.
Crédit : Intuitivmedia / Pixabay

Une décollecte record qui change la donne

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C’est dans ce contexte qu’est survenue, en octobre 2025. Une décollecte record de 3,81 milliards d’euros sur le Livret A. Selon la Banque de France. Il s’agit de la deuxième plus forte vague de retraits depuis 2009. Un niveau suffisamment spectaculaire pour inquiéter les observateurs comme les pouvoirs publics. Concrètement, cela signifie que les sorties de fonds ont largement dépassé les nouveaux dépôts sur le mois.

Ce mouvement est d’autant plus marquant qu’il ne correspond pas à un relâchement de l’effort d’épargne. Les ménages ne cessent pas de mettre de l’argent de côté ; ils le redirigent. En filigrane, ce que raconte cette statistique. C’est une forme de vote avec les pieds. De nombreux détenteurs considèrent que le rapport entre sécurité et rendement du Livret A n’est plus satisfaisant. Ils acceptent de bouger leur argent, quitte à s’informer davantage, pour aller chercher mieux.

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Ce détail, que peu de gens mesurent quand ils regardent simplement leur livret, est pourtant révélateur. Ce n’est pas le réflexe d’épargne qui s’effondre, mais bien l’attrait du produit lui-même. En miroir, l’argent se déverse vers des produits plus rémunérateurs. Qui cochent encore la case « sécurité » tout en offrant une perspective de rendement supérieur.

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Pourquoi l’assurance-vie attire de plus en plus l’épargne

Dans ce grand mouvement de vases communicants, l’assurance-vie apparaît clairement comme l’alternative privilégiée. Elle profite pleinement de la remontée des taux obligataires, ce qui redonne des couleurs à ses supports les plus prudents. Les fonds en euros. Ces placements, eux aussi sécurisés et garantis en capital. Promettant un niveau de rémunération sensiblement supérieur à celui du Livret A.

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Pour 2025, le rendement moyen attendu sur ces fonds en euros se situe autour de 2,60 %. C’est presque un point de plus que le Livret A à 1,70 %. Sur une année, l’écart peut paraître modeste, mais il devient significatif dès que l’on parle d’encours de plusieurs milliers d’euros. Pour un épargnant à la recherche d’un rendement garanti, voir une telle différence suffit souvent à déclencher un arbitrage, surtout si la sécurité du capital reste au cœur de la stratégie.

Dans un environnement où la prudence demeure la priorité, ce différentiel de performance pèse lourd. La dynamique observée en 2025 ne tient donc pas seulement à des annonces techniques de la Banque de France, mais à un repositionnement global de l’épargne, motivé par l’idée qu’il est possible de conserver la sécurité tout en améliorant un peu le rendement. Pour beaucoup, l’assurance-vie devient ainsi le nouveau « livret amélioré », là où le Livret A perd du terrain.

Jeune fille souriante tenant une tirelire rose en forme de cochon, avec des pièces d’euro posées devant elle sur la table.
Le Livret A reste, pour beaucoup, le premier geste d’épargne dès le plus jeune âge.
Crédit : StillWorksImagery / Pixabay
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La mécanique de calcul du taux mise à l’épreuve

En parallèle de ces mouvements d’argent, la mécanique même qui sert à fixer le taux du Livret A continue de tourner. Tous les six mois, une révision de février 2026 ou d’août vient adapter son rendement à l’évolution de l’inflation faible et des taux interbancaires. La prochaine étape approche : en février 2026, une nouvelle révision est programmée, et les premiers éléments disponibles ne vont pas dans le sens d’une remontée.

La formule officielle repose sur deux critères principaux : l’inflation moyenne des six derniers mois et la moyenne des taux interbancaires sur la même période. Or, fin 2025, l’inflation est particulièrement modérée. En octobre comme en novembre, l’Insee a mesuré une hausse des prix limitée à +0,9 % sur un an, et cette stabilité signale un environnement de prix calmes. Les taux interbancaires, eux, se maintiennent autour de 1,90 % depuis le mois de juin, sans envolée marquée à la hausse.

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En théorie, la combinaison de ces deux indicateurs tire le taux du Livret A vers le bas plutôt que vers le haut. La baisse du rythme de l’inflation, qui protège le pouvoir d’achat des ménages au quotidien, a pour effet collatéral de réduire mécaniquement le rendement de l’épargne réglementée. C’est toute l’ambiguïté de ce type de produit : ce qui soulage le portefeuille à la caisse du supermarché peut aussi amputer, à terme, les intérêts versés sur le livret.

Liasses de billets de 50 euros soigneusement empilées, vues en gros plan, symbolisant une épargne importante en espèces.
Quand les taux baissent, chaque euro d’épargne est scruté pour ne pas perdre de rendement en route.
Crédit : Septimiu / Pixabay

Le rôle de l’État : peut-il vraiment intervenir ?

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Pour autant, la formule de calcul n’est pas un mécanisme automatique aveugle. Comme à chaque révision, la décision finale revient au ministre de l’Économie et des Finances, sur proposition de la Banque de France. En cas de tension économique ou sociale, le gouvernement peut décider de déroger au résultat strict de la formule, en gelant le taux ou en limitant la baisse. C’est un levier politique assumé, destiné à préserver un minimum de lisibilité pour les épargnants.

Cette possibilité de dérogation n’a rien d’anecdotique. Une part importante des sommes placées sur le Livret A sert à financer le logement social, un secteur crucial pour de nombreux ménages modestes. Un taux trop bas pourrait décourager l’épargne sur ce support et, par ricochet, peser sur les financements disponibles pour ces projets. À l’inverse, maintenir un taux plus élevé que ce que dicterait la formule a un coût pour les acteurs qui gèrent et rémunèrent cette épargne.

Le gouvernement se trouve donc pris en étau entre plusieurs impératifs : suivre la logique économique, ne pas fragiliser les finances publiques, mais aussi éviter de donner le sentiment que l’épargne populaire est sacrifiée. Comme souvent, la décision finale – attendue pour la mi-janvier 2026 – sera scrutée de très près, autant par les particuliers que par les acteurs institutionnels qui utilisent ces masses d’épargne comme levier de financement.

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Pièces d’euro argentées et dorées empilées sur une table en bois, avec une plante verte floue en arrière-plan.
Une épargne patiente qui cherche désormais à concilier sécurité et meilleur taux de rémunération.
Crédit : WFranz / Pixabay

Ce que pourrait vraiment devenir le taux du Livret A en 2026

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En toile de fond, une question continue pourtant de hanter les épargnants : jusqu’où le taux peut-il descendre si aucune dérogation n’est décidée ? En s’en tenant strictement à la formule officielle, et en combinant les données disponibles – inflation moyenne à +0,9 % sur un an à l’automne 2025 et taux interbancaires autour de 1,90 % depuis juin –, le taux théorique qui en résulte se situe désormais dans une fourchette resserrée.

Les calculs aboutissent en effet à un niveau compris entre 1,40 % et 1,50 % de rendement annuel. Autrement dit, dans le cas où la formule serait appliquée sans aménagement, le Livret A pourrait reculer d’un cran significatif en février 2026, en dessous de son niveau actuel à 1,70 %. Une baisse qui, sur le papier, peut paraître limitée, mais qui représente un nouveau grignotage du pouvoir d’achat de l’épargne accumulée mois après mois.

C’est précisément ce scénario que redoutent ceux qui hésitent déjà entre rester fidèles à leur livret historique ou renforcer d’autres supports. Pour l’instant, rien ne garantit que le gouvernement suivra ce taux théorique à la lettre : une nouvelle exception est possible, comme un maintien temporaire du niveau actuel. Mais en attendant la décision de janvier, le message envoyé est clair : sans intervention politique, la mécanique des chiffres pousse le Livret A vers une rémunération comprise entre 1,40 % et 1,50 % en 2026, et c’est cette perspective que chacun devra intégrer dans ses propres arbitrages d’épargne.

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