Plus de véhicules thermiques d’ici à 2035 ? Cette décision inattendue de la Commission européenne
À travers cette décision, la Commission européenne adopte une approche plus « pragmatique », mais ne perd pas de vue son objectif final.
Réduction drastique des véhicules thermiques : l’Europe baisse la pression
La Commission européenne fait machine arrière. Une décision qui soulage grandement les pays réfractaires à l’objectif de vente 100 % électrique d’ici à 2035. Ainsi, plutôt qu’une réduction des émissions de CO₂ de 100 % par rapport à la période 2021-2024, le niveau est abaissé à 90 %. Un léger changement qui ne vient pas sans quelques bons points : la Commission a en effet annoncé qu’elle accorderait 1,5 milliard d’euros à taux zéro aux entreprises qui produisent en Europe des batteries pour les véhicules électriques.
D’autres mesures encouragent un « verdissement » des flottes de véhicules des entreprises via des objectifs chiffrés par pays. L’objectif : soutenir de petits véhicules européens et instaurer la « préférence européenne », qui équivaut à une obligation d’intégrer des contenus « made in Europe » dans les chaînes de production.
Si la pression est moins forte, l’objectif n’en reste pas moins laborieux. La réduction de 90 % du niveau moyen d’émission de CO₂ d’ici à 2035 oblige l’industrie automobile à opérer une transition massive vers l’électrique. Or, de janvier à octobre 2025, la vente de voitures électriques représentait seulement 16,4 % des ventes de voitures neuves dans l’Union européenne.
Deux alternatives « non électriques »
Parmi les alternatives existantes, on retrouvera deux motorisations : l’hybride rechargeable et l’électrique à prolongateur d’autonomie. Deux technologies qui ont pour particularité de conserver un moteur thermique avec réservoir de carburant. Si elles pourraient séduire avec le temps, ce n’est pas encore le cas à l’heure actuelle.
D’une part parce que l’hybride rechargeable ne représente que 9,1 % des ventes en Europe depuis le début de l’année. D’autre part, car les véhicules électriques à prolongateur d’autonomie ne sont pas encore très répandus, l’un des rares représentants de sa catégorie étant le SUV C10 en version « REEV » lancé par la marque Leapmotor (Chine) cette année.
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— BFM Business (@bfmbusiness) July 22, 2024
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Pour autant, la Commission européenne garde espoir. « Cela permettra aux véhicules hybrides rechargeables (PHEV), aux prolongateurs d’autonomie, aux hybrides légers et aux véhicules à moteur à combustion interne de continuer à jouer un rôle au-delà de 2035, en plus des véhicules entièrement électriques (EV) et des véhicules à hydrogène », précise-t-elle dans son communiqué.
« L’objectif reste le même »
Sans surprise, les 10 % de ventes non électriques restants seront soumis à conditions. Elles devront par exemple être compensées par le recours à l’acier bas carbone d’origine européenne, ou encore aux carburants de synthèse, ou aux biocarburants.
En assouplissant ses ambitions climatiques, l’UE ne renonce pas à ses objectifs mais adopte une attitude « pragmatique » face aux difficultés rencontrées par l’industrie automobile. « L’objectif reste le même, les flexibilités sont en réalité des réalités pragmatiques au vu de l’adhésion des consommateurs, de la difficulté des constructeurs à proposer sur le marché du 100 % électrique pour 2035 », déclare ainsi le commissaire européen Stéphane Séjourné lors d’un entretien avec l’AFP.
« On ne peut pas dire qu’en passant de 100 % à 90 %, c’est la fin de l’électrique. Au contraire, je pense que c’est une adaptation, peut-être pragmatique, à la possibilité d’avoir un marché électrique extrêmement important », analyse le ministre délégué à l’Industrie, Sébastien Martin sur les ondes de France Inter.
L’interdiction des voitures neuves thermiques d’ici à 2035 s’inscrit dans le projet plus vaste du « Pacte vert européen » qui tend vers la neutralité carbone en 2050. Seulement, les mesures et leurs échéances sont sans cesse repoussées en cette période marquée par la concurrence avec la Chine ou encore les tensions commerciales avec les États-Unis.
Officiel : les voitures thermiques pourront encore être vendues après 2035. Une bonne décision selon vous ? https://t.co/Gi7n3GmXs5
— Automobile Propre (@Auto_Propre) December 16, 2025