Delphine Jubillar : 4 ans après, une piste ignorée pourrait tout faire basculer
Le 15 décembre 2020, Delphine Jubillar s’évapore dans la nuit de Cagnac-les-Mines. Quatre ans plus tard, le mystère demeure entier. Pas de corps, pas de scène de crime, seulement des hypothèses et des zones d’ombre.
Mais aujourd’hui, un élément oublié refait surface. Une donnée GPS, ignorée jusqu’alors, pointe vers une zone boisée à Mirandol-Bourgnounac. Une avocate de la partie civile demande de nouvelles fouilles dans ce secteur. Et si cette piste, négligée depuis le début, détenait enfin la clé de l’énigme ?
Une nuit qui va tout faire basculer
C’est dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 que tout bascule. À Cagnac-les-Mines, dans le Tarn, Delphine Jubillar, 33 ans, disparaît sans laisser de trace. Infirmière de profession, mère de deux jeunes enfants, elle ne donne plus aucun signe de vie.
À l’aube, son mari, Cédric Jubillar, appelle les gendarmes : Delphine s’est volatilisée. Selon Cédric Jubillar, Delphine serait partie vêtue d’un pyjama et d’une doudoune blanche. Mais son pyjama a été retrouvé dans le salon, ce qui rend cette hypothèse plus que douteuse aux yeux des enquêteurs.
En plein mois de décembre, par des températures glaciales, cette hypothèse intrigue d’autant plus les enquêteurs. Aucun élément tangible ne vient appuyer cette version. Delphine n’aurait emporté ni téléphone, ni papiers d’identité, ni argent.
Très vite, la machine judiciaire s’emballe. Battues, fouilles, appels à témoins : tout est mis en œuvre pour la retrouver. Mais les recherches restent vaines. Aucun indice. Pas la moindre trace d’un départ organisé ou précipité.
Cédric Jubillar, lui, affiche une attitude troublante. Ses explications fluctuent. Certains témoignages parlent d’un homme « étrangement détendu », d’autres évoquent des incohérences dans ses horaires et ses descriptions de la nuit. Interrogé, il insiste sur les tensions existantes dans leur couple… tout en minimisant leur portée.
Au fil des jours, une certitude s’impose aux enquêteurs : Delphine n’a pas disparu volontairement. Reste à comprendre ce qu’il s’est passé dans cette maison, cette nuit-là. Une maison sans bruit, sans témoins, mais dont les murs semblent encore porter l’écho d’un drame.
Un couple au bord de l’implosion
Derrière les apparences, le couple Jubillar vivait une crise profonde. Mariés depuis plusieurs années, parents de deux jeunes enfants, Delphine et Cédric Jubillar formaient en réalité un couple au bord de la rupture.
Depuis plusieurs mois, Delphine envisageait un divorce. Elle avait entamé des démarches discrètes, confiant à ses amies son envie de tourner la page. Les disputes devenaient quotidiennes, les tensions de plus en plus vives.
Un nouvel élément rendait la situation encore plus délicate : Delphine avait retrouvé l’amour.
Depuis quelque temps, elle échangeait avec un autre homme, un projet de vie commençait même à se dessiner loin de Cédric.
De son côté, Cédric Jubillar supportait très mal cet éloignement. Selon plusieurs témoignages, il aurait manifesté jalousie, amertume et parfois colère face à la décision de son épouse. Certains proches évoquent des propos menaçants, des accrochages verbaux devenus presque systématiques.
Même les enfants du couple n’étaient pas épargnés par ce climat tendu. Après la disparition de Delphine, l’aîné a évoqué devant les enquêteurs une dispute violente entre ses parents la nuit du drame, un détail qu’il n’avait pas mentionné lors de sa première audition.
Le soir de sa disparition, Delphine semblait prête à refaire sa vie. Mais son départ, attendu et redouté, n’a jamais eu lieu.
Cédric Jubillar dans le viseur des enquêteurs
Très vite, un nom revient dans toutes les conversations : Cédric Jubillar. Le mari de Delphine est l’un des derniers à l’avoir vue vivante. Et ses déclarations, dès les premiers jours, sèment le doute chez les enquêteurs.
Son comportement intrigue. Il se montre tantôt détaché, tantôt agressif avec les gendarmes. Plusieurs proches de Delphine décrivent un homme jaloux, colérique, incapable d’accepter la séparation.
À mesure que les jours passent, les éléments s’accumulent contre lui. Les enquêteurs relèvent des contradictions dans ses versions des faits. Ils découvrent également des échanges tendus entre Cédric et Delphine, notamment à propos de la garde des enfants.
Les experts analysent aussi son comportement la nuit du drame. Le téléphone de Cédric est actif à des horaires étranges. Son récit, lui, semble évoluer au fil des auditions.
En juin 2021, après plusieurs mois d’enquête discrète, la décision tombe : Cédric Jubillar est mis en examen pour « meurtre aggravé sur conjoint » et placé en détention provisoire. Depuis, il clame son innocence. Mais pour les enquêteurs, la piste du mari reste la plus solide.
Quatre ans plus tard, Cédric Jubillar est toujours en prison, en attente de son procès prévu pour septembre 2025. Un délai exceptionnel, qui souligne la complexité d’une affaire privée de preuves matérielles directes.
Des indices, mais aucun corps retrouvé
Malgré les soupçons qui pèsent lourdement sur Cédric Jubillar, l’enquête se heurte à une difficulté majeure : l’absence totale de corps. Sans scène de crime, sans preuve matérielle directe, le dossier reste fragile.
Pour autant, les enquêteurs accumulent des éléments troublants. Des incohérences dans les horaires de Cédric, des propos ambigus tenus en détention.
Mais aucune preuve formelle ne permet de reconstituer ce qu’il a pu se passer dans la nuit du 15 au 16 décembre. Malgré tous les moyens déployés, les enquêteurs n’ont jamais réussi à reconstituer ce qui s’est passé cette nuit-là. Pas de scène de crime. Pas d’arme. Pas de témoin. Pas de corps.
Un vide abyssal qui, depuis quatre ans, freine l’avancée du dossier. Un vide que ni les experts, ni les juges d’instruction, n’ont réussi à combler. Et pendant que l’enquête piétine, l’ombre du doute continue de planer.
Des pistes multiples et des questions sans réponse
Face à l’absence de preuves matérielles, les enquêteurs ont longtemps exploré plusieurs hypothèses. Et chacune d’elles a, un temps, relancé l’espoir de comprendre ce qui est arrivé à Delphine Jubillar.
Parmi les premières théories : la fuite volontaire. Certains proches s’interrogent : Delphine aurait-elle pu vouloir disparaître pour commencer une nouvelle vie avec son amant ? Rapidement, cette piste est écartée. Delphine avait prévu de passer Noël avec ses enfants, elle venait de faire des projets à long terme… Rien n’indiquait un départ prémédité.
Autre hypothèse envisagée : l’intervention d’un tiers. Un rôdeur ? Un voisin malintentionné ? Là encore, les recherches n’aboutissent à rien de concret. Aucun témoin, aucune alerte signalée dans le secteur au moment des faits.
Reste la piste du drame conjugal. La plus crédible aux yeux des enquêteurs. Cédric Jubillar connaissait l’agenda de son épouse. Il savait qu’elle envisageait un départ définitif. Selon plusieurs sources, il aurait même évoqué devant un codétenu en prison cette nuit tragique, parlant d’une « dispute qui aurait mal tourné ».
Les langues se délient en prison
Même derrière les barreaux, Cédric Jubillar continue d’alimenter les soupçons. Peu après son incarcération, il se lie d’amitié avec un détenu surnommé Marco, à qui il aurait fait d’étranges révélations.
Selon Marco, Cédric aurait raconté avoir surpris Delphine en pleine conversation avec son amant, le soir du drame. Pris de colère, il aurait alors « vrillé ». Toujours selon son co-détenu, il aurait évoqué l’utilisation d’un véhicule blanc pour transporter le corps, avant de le dissimuler dans un endroit difficile d’accès.
Plus troublant encore : des lettres codées adressées à Séverine, sa nouvelle compagne de l’époque, sont interceptées en prison. Dans ces écrits, Cédric demanderait l’aide de Marco pour déplacer un éventuel corps, au cas où il serait retrouvé.
Un second détenu, Salem K., affirme de son côté avoir recueilli, lui aussi, des confidences embarrassantes. Lors d’une conversation téléphonique interceptée, il aurait évoqué des informations sensibles concernant l’affaire.
Si ces témoignages restent à manier avec précaution, ils renforcent l’image d’un homme enfermé dans ses propres contradictions, incapable d’apporter une version stable et cohérente des événements.
Un rebondissement qui relance tous les espoirs
Alors que l’affaire semblait figée, un nouvel espoir vient de surgir. Le 12 mai 2025, Me Pauline Rongier, avocate de la partie civile, a déposé une demande officielle pour relancer des fouilles dans le Tarn.
Cette requête repose sur un élément longtemps ignoré : la nuit de la disparition, à 3h21 du matin, le téléphone de Cédric Jubillar aurait borné dans une zone boisée située près de Mirandol-Bourgnounac. Un secteur difficile d’accès, survolé par hélicoptère en 2020, mais jamais exploré à pied en profondeur.
Pour l’avocate, il est urgent de fouiller cet endroit qui, jusque-là, n’a pas été inspecté méthodiquement.Une localisation jugée troublante, compte tenu des horaires et des incohérences relevées dans les premières déclarations de Cédric Jubillar.
À ce jour, aucune fouille n’a encore débuté. La demande est en cours d’examen par les juges d’instruction, qui doivent décider s’ils autorisent de nouvelles recherches. Après quatre ans de silence, ce point GPS pourrait être la clef qui manque encore à l’énigme Jubillar. Une opportunité que la justice ne peut plus se permettre d’ignorer.
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