Caissière en supermarché : dans sa ligne de caisse, certaines phrases de clients la font craquer (intérieurement)
Elles encaissent les courses, mais aussi les humeurs des gens. Entre files interminables, codes-barres capricieux et petites blagues entendues mille fois, le quotidien d’une caissière n’a rien d’ennuyeux.
Une hôtesse de caisse raconte ces phrases de clients qui reviennent sans cesse… et qui, parfois, piquent un peu plus que les autres.
Crédit : Wide Awake! / Wikimedia Commons (CC BY 4.0)
Au quotidien en caisse, un défilé de clients… et de répliques toutes faites
La caisse, c’est le croisement de toutes les vies du quartier. Il y a ceux qui arrivent en courant, ceux qui profitent du passage pour raconter leur journée, ceux qui ne décrochent pas de leur téléphone et ceux qui ne disent pas bonjour. Pour la personne derrière le tapis, chaque journée se résume à des centaines de visages, de comportements et de petites remarques répétées en boucle par les clients du supermarché.
Longtemps, on a pensé que son travail consistait uniquement à « passer les articles ». En réalité, le poste s’est transformé en véritable métier de contact. En plus de l’encaissement, il y a la mise en rayon, l’orientation dans les allées, un peu de gestion et parfois même l’impression d’être standardiste, conseillère et psychologue à la fois. Un métier de front, face à des clients parfois pressés, parfois charmants, parfois… très déroutants.
Sur Facebook, X ou TikTok, les témoignages se multiplient. Certaines racontent leur journée avec humour, d’autres partagent leurs coups de fatigue, leurs coups de gueule, ou ces phrases que l’on retrouve dans toutes les enseignes. Sur des pages comme perles des clients, les histoires se ressemblent tellement qu’on dirait un copié-collé d’un magasin à l’autre. De quoi se rendre compte que, pour beaucoup, la caisse est un décor mais pour celles et ceux qui y travaillent, c’est un véritable observatoire de la société.
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« C’est fermé ? » : quand le panneau ne suffit plus
S’il existait un hit-parade des répliques les plus entendues, celle-ci serait probablement numéro un. Le scénario est toujours le même. L’hôtesse installe le panneau caisse fermée, parfois avec une file qui se termine, parfois en attendant son dernier client. Elle range son poste, souffle un peu… et voit débarquer quelqu’un qui pose son panier en vitesse et demande très sérieusement : « C’est fermé ? ».
Sur le papier, tout est clair : la lumière est éteinte, le panneau bien en évidence, parfois même le ruban de séparation déjà tiré. Pourtant, la scène se répète encore et encore. Certaines caissières finissent par en rire entre elles, mais reconnaissent qu’au bout de la journée, répondre pour la trentième fois à la même question devient fatigant. D’autant que, lorsque la réponse est oui, il n’est pas rare d’entendre un soupir appuyé, voire une remarque du type : « Vous auriez pu prévenir ».
Le même phénomène se retrouve sur les caisses mobiles ou les bornes scan achats. Les panneaux, parfois gigantesques, indiquent qu’il faut prendre un terminal pour pouvoir y passer ses articles. Malgré tout, certains clients déroulent tranquillement tout le contenu du chariot…
Jusqu’au moment où l’hôtesse ou l’agent de caisse doit annoncer : « Vous avez un scan ? ». Quand la réponse est non, tout est à remballer. Ces petites scènes, largement racontées sur les réseaux, illustrent ce décalage permanent entre ce qui paraît évident pour le personnel et ce que certains clients ne veulent pas toujours voir.
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Blagues lourdes et drague gênante au moment du bip
Autre grand classique des blagues de caisse : la réplique liée au code-barres qui refuse de passer. À peine le « bip » manque-t-il à l’appel qu’un client se croit particulièrement inspiré : « Ah bah s’il passe pas, c’est gratuit, hein ! ».
Sur le moment, la phrase peut faire sourire. Mais lorsqu’elle revient des dizaines de fois par semaine, le rire devient automatique, comme un réflexe de politesse plus qu’un vrai amusement. Certaines caissières avouent qu’elles peuvent prédire la vanne rien qu’en voyant l’article bloquer au scanner.
Dans le même registre, il y a les tentatives de séduction, parfois lourdes, parfois simplement maladroites. Une salariée raconte ainsi le client qui, après avoir demandé son ticket de caisse, a enchaîné avec un « Je prendrais bien votre numéro aussi ». La scène s’est terminée par un refus poli… et une gêne palpable.
Une autre précise que, malgré les années passées derrière le tapis, ce genre de technique n’a jamais vraiment fonctionné.
Ces moments, racontés dans le détail sur les réseaux, montrent surtout combien la frontière entre convivialité et malaise est fragile. Un simple compliment peut vite basculer en insistance déplacée lorsque la personne en face ne peut pas s’échapper : elle est assise, coincée dans son poste, sous le regard de toute la file.
Et même si l’ambiance reste bon enfant la plupart du temps, ce mélange de clients du supermarché en mode stand-up et de dragueurs improvisés finit par peser sur la fatigue mentale en fin de journée.
Crédit : Jamie Tubers / Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)
Quand le bon sens décroche devant la caisse
La caisse est aussi l’endroit où certaines questions laissent tout le monde perplexe. Comme cette cliente qui s’arrête devant une porte automatique, la voit s’ouvrir clairement… et demande malgré tout : « C’est ouvert ? ». La scène a beau être drôle, elle souligne ce moment où le cerveau décroche, pris dans la routine des courses.
Même chose avec le terminal bancaire. Là encore, les caissières entendent régulièrement : « Il y a écrit retirer la carte… Je fais quoi ? ». La réponse est logique, mais doit être répétée à longueur de journée : « Vous la retirez ». Parfois, l’hôtesse n’a même pas le temps de terminer sa phrase que le client s’énerve déjà, craignant d’avoir « tout bloqué ». Le moindre message affiché à l’écran, la moindre alerte sonore, et c’est la panique.
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Ces petites scènes forment un vrai catalogue de situations cocasses. Elles font sourire quand on les lit sur les réseaux, mais elles rappellent aussi la charge mentale de celles et ceux qui doivent gérer tout cela en gardant leur calme. Car derrière chaque question répétée cent fois, il faut réexpliquer, rassurer, orienter, sans jamais montrer l’agacement qui monte. C’est là que le métier de contact prend une autre dimension, entre pédagogie et maîtrise de soi.

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Quand l’humour disparaît et que le manque de respect s’installe
Toutes les phrases entendues en caisse ne sont pas anodines. Au-delà des blagues un peu lourdes ou des questions absurdes, certaines remarques laissent une vraie trace. Il y a ceux qui tentent de jouer avec les règles : « J’ai pas vu le prix, c’est gratuit ? », ou encore « Dans la promo, y’a un produit offert. Je peux prendre que celui-là ? ».
Derrière l’air faussement innocent, il y a souvent une volonté de tester les limites, comme si la personne en caisse pouvait, d’un claquement de doigts, transformer une réduction en cadeau intégral.
S’ajoutent les clients qui, mécontents d’un prix, d’une promotion mal comprise ou d’un produit manquant, se défoulent sur l’hôtesse comme si elle était responsable de toute l’enseigne. Comme en restauration, la salariée est la seule figure visible du magasin. Elle devient le point de contact pour les ruptures de stock, les erreurs d’étiquetage, les files trop longues, les tickets mal imprimés. Un rôle de tampon émotionnel qui donne parfois l’impression d’absorber, seule, les frustrations de tout un rayon.
C’est dans ces moments que le manque de respect est le plus difficile à encaisser. Les soupirs appuyés, les yeux levés au ciel, les remarques sur la lenteur supposée ou sur le nombre de caisses ouvertes finissent par abîmer l’estime de soi.
Beaucoup de caissières racontent qu’elles mettent une véritable armure mentale avant de s’asseoir à leur poste, parce qu’elles savent qu’une partie de la journée se jouera sur cette capacité à encaisser… autre chose que des articles.

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La phrase blessante qui résume tous les clichés sur le métier
Et puis il y a ces moments qui dépassent la simple maladresse. Une hôtesse se souvient d’une scène en particulier, entendue dans sa file. Une mère, accompagnée de son enfant, s’est approchée de la caisse en lançant une petite leçon de morale devant la salariée. Sur le ton de la mise en garde, elle a lâché à son fils : « Tu vois, si tu travailles pas bien à l’école, tu finiras caissière ».
En quelques mots, tout est dit : le métier transformé en menace, présenté comme une sanction, comme le résultat d’un échec. Pour la personne qui encaisse, cette phrase est plus violente qu’une blague ratée ou qu’un client pressé. Elle renvoie à l’idée que son travail serait une punition, et non un emploi essentiel au fonctionnement du magasin et à la vie quotidienne de milliers de personnes.
Ce genre de phrase blessante circulait déjà sur les réseaux, racontée par différentes salariées, mais l’entendre en direct, devant son propre poste, a quelque chose de particulier. D’autant que, pendant que l’hôtesse continue d’enregistrer les articles, c’est elle qui doit garder le sourire, répondre poliment, et laisser filer la remarque comme si de rien n’était.
Derrière cette scène, on retrouve toute la réalité d’un métier souvent sous-estimé. Celui où l’on encaisse les produits, mais aussi les jugements, les stéréotypes et les petites humiliations du quotidien. Et si certaines phrases font rire, d’autres restent dans un coin de la tête, bien après la fermeture de la caisse fermée.